La croissance de l’économie nationale devrait se situer à 4% au titre de l’année 2021, a indiqué, jeudi, Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Maroc.
Cette prévision s’explique principalement par la hausse de la valeur ajoutée agricole et le lancement du plan de vaccination contre la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19), a fait savoir M. Cassou lors d’une table ronde dédiée à la présentation du Rapport de suivi de la situation économique du Maroc – De la riposte d’urgence à la reprise.
Après deux années de forte chute due essentiellement à la sécheresse et à la mauvaise pluviométrie, une récupération de la valeur ajoutée agricole est prévue pour le Maroc, a-t-il poursuivi, ajoutant que ces prévisions tiennent aussi compte des annonces faites par les autorités marocaines concernant le plan de vaccination.
Avant ces annonces, le taux de croissance prévu était de 3,3%. Il a été révisé à la hausse par la suite à 4%, a-t-il précisé.
À moyen terme, la croissance s’accélérait progressivement, mais le rythme et la durée de la reprise sont sujets à une grande incertitude, relève-t-on du rapport, précisant que la reprise économique post-Covid serait prolongée, le PIB réel ne revenant qu’à la tendance pré-Covid, au plus tôt, en 2022.
Le tourisme, quant à lui, devrait se redresser à un rythme plus lent suite aux éventuelles vagues ultérieures de Covid-19, ainsi qu’en raison de la réduction des revenus et de l’épargne des ménages.
« Nous nous attendons à ce que la pandémie élargisse le déficit et augmente la dette publique en 2021. Du côté des recettes, les recettes fiscales seront plus faibles que ce qui était prévu en 2020 et 2021. Du côté des dépenses, des augmentations significatives sont prévues, sous l’effet de dépenses supplémentaires dans le domaine de la santé et la protection sociale », a révélé la même source.
Par ailleurs, le produit intérieur brut (PIB) réel du Maroc devrait se contracter de 6,3% en 2020 et le retour au niveau préalable à la pandémie du nouveau coronavirus ne serait possible qu’à partir de 2022, a affirmé Javier Diaz Cassou.
« Bien que l’économie marocaine montre quelques signes de reprise, la situation reste fragile étant donné la dégradation récente de la situation épidémiologique. Dans ce contexte incertain, une contraction du PIB réel de 6,3 % est prévue en 2020, tandis qu’un retour au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022 », a précisé M. Cassou.
M. Cassou a fait ressortir que la pandémie du Covid-19 a brusquement interrompu plus de deux décennies de progrès socio-économique soutenus au Maroc. « En 2020, le pays devrait subir sa première récession depuis les années 1990, et la contraction économique qui a eu lieu au deuxième trimestre, coïncidant largement avec le confinement, est la plus importante jamais enregistrée », a-t-il ajouté.
Et de souligner que c’est le résultat de la combinaison des chocs de l’offre et de la demande et des chocs externes provoqués par la pandémie, mais aussi des effets des conditions climatiques défavorables sur la production agricole. La crise a eu un impact sévère sur les emplois et les revenus des ménages, générant le pic du chômage et une détérioration des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité.
« Le PIB marocain a connu une chute très marquante au titre du 2ème trimestre de l’année 2020 allant jusqu’à -15%, avec une légère reprise économique au 3ème et 4ème trimestres », a-t-il dit, notant qu’entre le 3ème trimestre de 2019 et le 3ème trimestre de 2020, l’économie marocaine a perdu plus de 580.000 emplois, notamment en milieu rural.
Également, comme dans d’autres pays à travers le monde, la crise actuelle entraînera une augmentation considérable du déficit budgétaire jusqu’à 7,8%t du PIB en 2020, et la dette publique devrait dépasser 76% du PIB. Quant au déficit du compte courant, il devrait également augmenter pour atteindre 6% du PIB cette année.
Malgré la gravité de la crise, le Maroc est mieux placé que d’autres économies émergentes pour résister à cette tempête grâce à la crédibilité de son cadre macro-budgétaire, à ses tampons extérieurs relativement importants et à son accès aisé aux marchés financiers internationaux, a expliqué M. Cassou qui est également auteur de ce rapport réalisé en collaboration avec Amina Iraqi, Économiste à la BM.
Au titre de l’année 2021, plusieurs risques sont à suivre de prés à savoir, la marge de manœuvre de la politique économique pour faire face a une éventuelle aggravation de la crise sanitaire ou internationale, les conditions de financement extérieur qui pourraient se détériorer, les besoins de financements qui sont élevés, l’évolution des échéances en souffrance dans un contexte d’augmentation des délais de paiement représente des défis, l’importante accumulation de passifs contingents liés aux programmes de garanties mis en place par le gouvernement, et le besoin de pousser la croissance économique au dessus des niveaux pré-pandémiques.
Le Rapport de suivi de la situation économique du Maroc, intitulé « De la riposte d’urgence à la reprise » et qui vient d’être publié, est un rapport semestriel du Département économique de la Banque mondiale. « Ce rapport semi-annuel fait partie d’une nouvelle série que nous allons commencer à publier spécifiquement sur le Maroc », a précisé à cette occasion Eric Le Borgne, Chef de département macroéconomique commerce et investissement.
Présenté en présence notamment du directeur de la région Maghreb à la BM, Jesko S.Hentschel, ce rapport expose les dernières tendances de la conjoncture et les effets des politiques économiques. Ce numéro de décembre 2020 comprend un chapitre sur l’impact de la pandémie sur le secteur privé formel. Il présente les résultats d´une enquête menée auprès de plus de mille entreprises formelles avant et après le début de la pandémie, et aborde également une discussion sur des mesures qui pourraient accélérer la reprise du secteur privé.
LNT avec Map