Plongeon du Dow Jones à Wall Street, le 5 février 2017 à New York © AFP Bryan R. Smith
Le mini krach de Wall Street, intervenu le lundi 5 février 2018, qui a fait dévisser les indices new-yorkais de près de 5% et qui a ébranlé les bourses occidentales et asiatiques, ne surprend personne !
En effet, selon la phrase célèbre d’Alan Greenspan, ancien président de la FED, banque centrale américaine, « les arbres ne peuvent monter jusqu’au ciel » !
Et un pourcentage suffit à le démontrer, celui de la performance de Wall Street de 34% en à peine un peu plus d’un an.
Tant va la cruche à l’eau…
A ce niveau d’appréciation d’un indice on ne peut que parler de bulle financière, laquelle, en l’occurrence, n’a pas été alimentée par le retour à la croissance de l’économie américaine, ce qui serait une explication normale parce ce que les indices bousiers doivent s’apprécier avec la croissance.
Non, elle est le résultat de la durée inacceptable des taux faibles et des rendements obligataires nuls.
La bourse new-yorkaise, et même les bourses occidentales et leurs consœurs asiatiques, bénéficient, depuis quelques années déjà, de l’afflux massif de capitaux à la recherche tout simplement de rendements.
Certes, Wall Street a pu en plus intégrer les avantages de la réforme fiscale de Donald Trump comme Londres a souffert du Brexit, mais, fondamentalement, les investisseurs ne pouvaient pas continuer de se contenter de l’argent gratuit et soutenir la FED et la BCE dans leurs politiques expansionnistes de soutien aux économies au lendemain de la crise financière de 2007-2008. D’autant que ces banques centrales, par la diminution de leurs injections de capitaux, annoncent un retour progressif à la réalité par une augmentation progressive des taux d’intérêt.
De fait, les taux longs ayant repris aux États-Unis expliqueraient plus le mini krach de Wall Street justifiant ainsi d’une volonté de diversification normale des portefeuilles des institutionnels.
Même si l’on peut ne pas comprendre qu’une appréciation de 60 points de base des Bons du Trésor américain sur le moyen terme entraine une chute de 4,5% de l’indice boursier new yorkais.
Ce sont là les jeux de la bourse qui jongle entre une appréciation des taux annonciatrice à la fois d’un retour de tendance et d’une reprise de la croissance américaine pour dégonfler une bulle boursière, laquelle, par définition, finit toujours par éclater.
D’ailleurs, une bulle est beaucoup plus facile se constituer qu’à éclater et il vaut mieux qu’elle n’éclate pas brusquement car elle risque de causer une nouvelle grande crise financière.
Et notre bourse ?
A notre petite échelle, face à de tels événements, on se doit de réaliser que la Bourse de Casablanca est en phase de constitution d’une bulle et veiller à la désamorcer, sous peine de risquer de traverser un prochain cycle boursier dépressif.
En effet, le MASI a pris 7% en janvier 2018, soit autant que toute l’année 2017 !
A notre niveau, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les taux obligataires s’installant dans la durée, sans avoir jamais frôlé certes le zéro comme en Europe et aux Etats Unis, ont maintenu les rendements obligataires à moins de 3%.
Ce qui, naturellement, a reporté l’intérêt de nos investisseurs, principalement les institutionnels, sur le marché financier, créant ainsi une bulle sur certaines valeurs, laquelle se traduit sur la performance du marché.
Et même si les prévisions des résultats des sociétés cotées pour 2017 sont bonnes, la bourse de Casablanca ne peut digérer une forte concentration des investissements, créant naturellement un excès de valorisation, c’est-à-dire une bulle dont l’éclatement inévitable risquerait de causer des dégâts.
Des dégâts dont nous avons déjà connu les méfaits dans un passé récents avec notamment une forte dépréciation des portefeuille financiers des institutionnels, compagnies d’assurance et autres caisses de retraite.
Que faire quand l’on sait que les taux obligataires ne risquent pas de repartir à la hausse au Maroc sachant que le Trésor n’y a pas intérêt pour maintenir la charge de sa dette ?
En effet, le maximum qu’il ait accepté dans les dernières adjudications, c’est une appréciation de 10 points de base pour le 10 ans.
Et il serait même prêt, comme annoncé dans la Loi de Finances, à se financer à l’international plutôt que de causer une pression sur le marché national…
Afifa Dassouli