Selon les analystes, après une année 2023 plutôt mitigée dans le domaine des prêts, avec une croissance modeste de 1,9% du crédit à l’habitat, la plus faible depuis un certain temps, les tarifs bancaires n’ont pas subi de changements majeurs en ce début d’année. Pour les emprunts sur 8 à 15 ans, les meilleurs dossiers affichent toujours des taux de 4,50% et 4,75% pour des prêts jusqu’à 25 ans.
Selon Afda.mal, le comparateur de crédit immobilier en ligne, la bonne nouvelle pour les emprunteurs en ce début d’année est que la légère hausse du crédit immobilier en 2023 pourrait inciter les banques à adopter une approche plus agressive sur le plan commercial. Cette tendance pourrait également être renforcée par l’amélioration de la qualité des portefeuilles. En effet, la croissance des créances en souffrance a ralenti à 4,9% en fin d’année, contribuant à une baisse du coût du risque de 0,4 point à 8,4% en 2023.
Si l’économie continue de se redresser, la sinistralité pourrait poursuivre sa baisse, et surtout, la banque centrale aurait des motifs pour envisager une réduction du taux directeur. Ce scénario serait également favorisé par l’évolution de l’inflation, qui est redescendue à 3,4% en décembre 2023, le taux le plus bas depuis février 2022.
Sur l’ensemble de l’année, l’inflation moyenne s’est établie à 6,1%. Ces indicateurs semblent positifs pour le marché immobilier en 2024, avec des perspectives encourageantes pour les emprunteurs. Néanmoins, il peut ne pas être judicieux d’attendre une éventuelle baisse des taux immobiliers, surtout pour les ménages ayant actuellement la possibilité d’emprunter.
Dans ce contexte bien particulier, que sera la contribution du dispositif des aides directes au logement ? Arrivera-t-il à stimuler la demande, sachant qu’en réduisant les contraintes liées à l’apport personnel pour les primo-accédants, ce nouveau dispositif est en mesure de faciliter l’accès à un toit décent ? Est-ce pour autant suffisant pour relancer un marché immobilier atone depuis quelques années déjà ?
En effet, l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les primo-accédants est l’obligation de réunir un apport personnel substantiel pour obtenir un prêt immobilier. Cet apport personnel est souvent perçu comme un obstacle insurmontable, notamment pour les ménages à faible revenu ou les jeunes emprunteurs. C’est là que le nouveau dispositif d’aide au logement apporte une solution avec des subventions qui constituent un complément essentiel à l’apport personnel des emprunteurs, réduisant ainsi la pression financière à laquelle ils sont confrontés.
Dans le contexte actuel marqué par une augmentation des taux d’intérêt, un apport personnel substantiel peut aider les emprunteurs à obtenir des conditions de prêt avantageuses, dit-on auprès des analystes, pour qui la limitation des capacités d’apport chez ces jeunes emprunteurs peut entraîner une augmentation significative du coût du crédit. Plus globalement, les banques ont relevé leurs exigences en matière de fonds propres dans le montage du dossier de financement. En 2023, l’apport moyen représentait 22% du prix d’acquisition, en hausse par rapport aux années précédentes où il était en moyenne de 15% en 2020 et en 2022.
Plus globalement, en soutenant le pouvoir d’achat immobilier des ménages, le dispositif devrait donner un coup de fouet au marché immobilier dans son ensemble. L’accès à des financements plus abordables pour les primo-accédants devrait augmenter la demande de logements, ce qui, à son tour, peut stimuler l’activité économique dans le secteur immobilier et les industries connexes.
Pour le moment, un total de 41.662 demandes d’aide au logement ont été enregistrées jusqu’au 31 janvier dernier. 76% du total des demandes d’aide au logement déposées concernent l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur à 300.000 Dhs, alors que 24% de ces demandes sont destinées à l’achat d’un logement dont le prix de vente varie entre 300.000 et 700.000 dirhams. 81% des demandes sont formulées par des citoyens résidant au Maroc, tandis que les 19% restantes ont été faites par des MRE. 37% du total des demandes sont présentées par des femmes contre 63% par des hommes. La tranche d’âge est de 40 ans.
Toutefois, il est quand même important de souligner que certains promoteurs immobiliers semblent ne pas jouer le jeu. Une partie d’entre eux sont en effet accusés de vouloir exploiter ce dispositif en leur faveur en imposant un montant supplémentaire au noir. D’autres seraient soupçonnés de recourir à des subterfuges pour refuser de traiter avec les clients éligibles à ce programme. Encore une fois, l’Etat est appelé à superviser comme il se doit ce programme dans le grand espoir de permettre aux citoyens d’accéder correctement à un toit décent.
H.Z