Voilà, c’est fait ! La majorité parlementaro-gouvernementale vient de signer un texte d’une importance et d’une actualité indéniables, qui devrait mettre un terme aux récents soubresauts et gesticulations oratoires qui ont largement contribué à accréditer la thèse que la zizanie menaçait la cohésion de l’équipe dirigée par M. El Othmani.
Ce texte est illustré par une photo « historique » qu’on devra absolument republier au moment de la prochaine campagne électorale pour les législatives (par exemple).
En effet, MM. Lachgar, Akhannouch, El Othmani, Laenser, Sajid et Benabdallah, en mode rapproché, unissent leurs mains, comme s’ils voulaient, par cette gestuelle, annoncer qu’ils uniraient désormais leurs efforts contre toute tentative de déstabilisation ou de dislocation de leur «union sacrée»…
Les troublions, les ambitieux ou les aigris, les esprits animés du syndrome d’Iznogoud n’auront désormais plus l’occasion, ni la possibilité, de semer la discorde pour l’exécution d’agendas revanchards ou d’opérations destinées à favoriser des come-back improbables. Soit !
Mais, diraient les esprits cartésiens, cette charte, qui organise, régente, régule et assure le comportement normal et serein d’une coalition de six formations politiques, en charge de la conduite des affaires gouvernementales, avait-elle vraiment besoin d’être signée, conclue et proclamée avec une telle solennité ?
Ne pouvait-on considérer qu’elle était déjà sous-jacente à la constitution même de cette alliance pluripartite ?
Il faut bien croire que non puisque le Chef du gouvernement, qui dirige, ex-officio et intuitu personae à la fois, cet attelage, a ressenti le besoin de clamer et proclamer haut et fort qu’à compter du jour de la signature de ce texte, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les formations politiques signataires.
En clair donc, M. El Othmani a mis de l’huile dans les rouages, ce qui ne devrait pas déplaire à un spécialiste des lubrifiants comme M. Akhannouch.
Mais, pour parler vrai, quel crédit et quelle longévité accorder à une charte qui proclame la volonté commune d’éviter les erreurs du passé et codifie de façon très précise les relations entre des partis politiques dont l’union répond seulement à la nécessité, forcément conjoncturelle, de participer à un gouvernement de coalition ?
Les plus optimistes considèrent donc que cette charte durera tant que les intérêts des uns et des autres seront conciliables et que la volonté de compromis l’emportera sur celle de se démarquer pour séduire l’électorat !
Pour autant, faudrait-il faire la fine bouche et « jeter le bébé avec l’eau du bain » ?
Dans les circonstances actuelles, avec les nombreux et importants défis qui se posent à un gouvernement interpellé par le chômage, la précarité, les revendications sociales, la grogne qui sévit dans maintes régions et villes du Royaume, les aléas climatiques et leur impact sur le quotidien de dizaines de milliers de foyers vivant dans des régions enclavées et enneigées, la nécessité d’une relance forte de la croissance économique, etc., etc., il est effectivement heureux qu’une charte de « fair behaviour »soit désormais activée.
M. El Othmani et ses pairs au gouvernement ont besoin de travailler, dans la sérénité et sans perturbations politicardes, au moins jusqu’aux derniers jours de l’actuelle législature et non de s’empêtrer dans des crises artificielles et trop souvent montées en épingle par d’obscures officines spécialisées dans les «fake news».
Une pratique qui, au demeurant, tend à se multiplier dans notre paysage médiatique, telle cette vidéo publiée récemment sur YouTube présentant faussement M. Akhannouch dans une manifestation partisane à Paris en février 2018 alors qu’il s’agit d’un document visuel réalisé lors d’un salon professionnel en juin 2011 auquel l’actuel patron du RNI n’assistait pas !!!
Pour conclure, on se réjouira sincèrement donc de cette nouvelle réaffirmation de solidarité et solidité gouvernementales et parlementaires exprimées par les dirigeants de la coalition majoritaire.
Sans trop se faire d’illusion cependant sur l’ardente propension de nos politiques à défaire le lendemain ce qu’ils auront conclu la veille !
Fahd YATA