Si Abdallah Chaqroun, l’un des derniers monstres sacrés de la Culture, du théâtre et du journalisme au Maroc, est décédé jeudi à Casablanca, à l’âge de 91 ans et inhumé le jour même au cimetière Arrahma à Casablanca, après la prière d’Al-Asr.
Avec sa disparition, c’est un pan magistral de la Culture et un monument de l’intelligentsia nationale, arabe et internationale qui disparaissent.
Poète, dramaturge, essayiste, journaliste, réalisateur, auteur, entre autres activités de cet esprit exceptionnel, d’une parfaite civilité, d’une courtoisie exemplaire, d’une tolérance infinie et d’un patriotisme intransigeant qui n’altérait en rien son universalisme intellectuel, le grand Abdallah Chaqroun laisse l’intelligence collective du peuple marocain, les arts et la presse orphelines.
En ces tristes moments, c’est avec respect, douleur et compassion pour ses proches que nous nous inclinons sur la mémoire de Si Abdallah Chaqroun, que Dieu l’accueille en sa sainte miséricorde.
A son épouse, la comédienne Mme Amina Rachid, à ses enfants Jamal, Karim et Nabila, aux familles Chaqroun, Bensalah et alliées, www.lnt.ma et La Nouvelle Tribune présentent leurs condoléances sincères et affligées.
A Dieu nous sommes à Lui nous retournons.
Fahd YATA
Quelques éléments biographiques
Né le 14 mars 1926 à Salé, feu le maître Abdallah Chakroun y avait entamé son cursus scolaire, apprenant les principes de la langue arabe et du fiqh et mémorisant le Saint Coran.
Il s’inscrivit, par la suite, à l’école régulière bilingue français-arabe, en suivant un enseignement primaire, secondaire, avant d’accéder à l’enseignement supérieur à l’Institut des hautes études marocaines.
Après avoir terminé ses études d’arts de la scène à Paris, il regagna le Maroc pour travailler à la radio nationale.
Feu Si Abdallah Chakroun dans son activité professionnelle plurielle a assumé tout à la fois des responsabilités en matière créative, médiatique, administrative à la radio puis à la télévision, comme producteur, réalisateur de programmes, de journaliste, de rédacteur, de présentateur de journal, de chef de services et de divisions, et in fine Directeur de la tTVM.
De par ses activités médiatiques, radiophoniques et théâtrales, il a également occupé le poste de chef de la division de la représentation arabe à la Radio nationale avant de quitter le Maroc à destination de la Tunisie pour y travailler.
Feu Abdallah Chakroun a adhéré à l’Union des écrivains du Maroc (UEM) en 1961 et a légué à la postérité des oeuvres mémorables telles que des pièces de théâtre radiophoniques et télévisées, près de 500 pièces de théâtre en arabe et en dialecte marocain, nombre d’études, de recherches, et d’articles qui ont été publiés dans des revues de théâtre, de radio, de télévision et dans des magazines dédiés à la littérature populaire.
Il était l’auteur prolifique d’un florilège d’ouvrages tels ceux intitulés »L’art de la radio, Tétouan » (1957), »Poètes à la télévision » (1983), outre 5 ouvrages publiés par l’Union de Radiodiffusion des Etats arabes à Tunis : »Le théâtre à la télévision et à la radio » (1984), »Les droits d’auteur à la radio et à la télévision » (1986), « La poésie malhoun à la radio » (1987) et »A l’aube du théâtre arabe au Maroc » (1988).
Parmi les autres ouvrages publiés par feu Abdallah Chakroun figurent »La culture théâtrale » , »L’euphorie de la plume et la magnificence de la littérature », »Visions de la poésie malhoun », »L’Etat de la poésie, des poètes sur les rives du Bouregreg », »Une tournée dans le monde de la poésie et des poètes au Maroc », »Une vie au théâtre », »Entretien radiophonique sur le théâtre arabe », »L’art de la radio », »Les quatrains d’Abderrahman el-Mejdoub sur les ondes hertziennes », la pièce de théâtre intitulée »Le col de la colombe ».
Il a, en outre, publié sa biographie intitulée »Enfance et jeunesse sur les rives du Bouregreg » retraçant, en quatre parties, les principales étapes ayant marqué sa vie dans les villes de Salé et de Rabat, levant le voile sur les aspects de la vie de toute une génération et donnant un aperçu de la situation prévalant à l’époque dans les deux villes précitées et au Maroc.
Des obsèques émouvantes
Les funérailles du poète et dramaturge Abdellah Chaqroun ont eu lieu, jeudi, après la prière d’Al-Asr au cimetière Arrahma à Casablanca, dans une ambiance de grande émotion.
Le regretté défunt, décédé le même jour à Casablanca, a été accompagné à sa dernière demeure par sa famille, ses proches, ses amis et des personnalités des mondes artistique, culturel et politique.
Moulay Ismail Alaoui, président de la fondation Ali Yata du Conseil des Ages du PPS, et a exprimé sa grande tristesse pour la disparition d’une figure de proue de la scène culturelle nationale, souhaitant que le défunt ait de dignes successeurs parmi la nouvelle génération pour défendre la cause de la culture dans le pays.
Le dramaturge Anouar Al Joundi a souligné que le regretté était un homme d’exception avec des qualités difficiles de trouver chez une seule personne, relevant que les Marocains peuvent être fiers du travail qu’il a accompli à la tête de l’union arabe des radiodiffusions pendant plusieurs années, en plus d’avoir été la source d’inspiration pour les grands noms de l’art dramatique national.
LNT
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