L’affaire du boycott de trois grandes marques commerciales commence visiblement à s’essouffler même si les réseaux sociaux sont encore fortement sollicités par les «courageux anonymes» qui préfèrent trop souvent l’insulte basse et les vindictes ad hominem à la critique constructive.
C’est sans doute pour cela qu’«on» a ouvert un nouveau front, celui des hydrocarbures et des bénéfices faramineux qui seraient ceux des distributeurs de carburants, notamment depuis l’entrée en vigueur de la décompensation et surtout de la libéralisation totale.
“La fuite”…
Il s’agit, pour le moins, d’un sujet extrêmement sensible et les Marocains sont particulièrement attentifs à cette thématique, les carburants constituant l’un des postes les plus sollicités pour leurs portefeuilles.
Une polémique, des accusations et des déclarations intempestives, sont donc venues animer le quotidien de nos citoyens-consommateurs ces jours derniers, notamment après une démarche aux relents politicards évidents qui a consisté à faire «fuiter» un pré-rapport de la Mission parlementaire d’information sur les Carburants, laquelle devait présenter la version définitive le mardi 15 mai à la Chambre des Représentants.
On imagine bien que la «fuite», c’est-à-dire la remise de documents à un support de presse ou à plusieurs d’entre eux, répond à un objectif bien déterminé, celui d’attaquer un secteur d’activités, un ensemble d’opérateurs, voire une famille politique ou même un leader partisan.
On peut comprendre l’exercice, d’autant que l’auteur de la fuite est facilement identifiable et sa démarche exprime d’ailleurs la faiblesse de la représentativité parlementaire de la force politique dont il se revendique.
On peut comprendre, également, l’empressement de certains de nos collègues qui ne craignent pas, dans le cas d’espèce, d’être instrumentalisés et manipulés…
Mais, ce qui n’est pas acceptable, c’est de feindre d’oublier des réalités, économiques et politiques qui prévalaient au moment de la décompensation et de la libéralisation des prix des carburants et de la comparaison avec des données actuelles et notamment celles qui se rapportent à la conjoncture des prix sur le marché international des hydrocarbures.
Les attaques portent sur les marges bénéficiaires des distributeurs, mais personne ne s’inquiète vraiment de l’affectation précise des dizaines de milliards que l’État a pu récupérer depuis 2015 en mettant fin aux versements à la Caisse de Compensation.
Les vérités sont tues parce qu’elles desservent les objectifs de ceux qui ont choisi d’utiliser la désinformation économique au profit de leurs calculs politiciens, comme si le pouvoir d’achat des Marocains était un sujet de seconde importance.
La décompensation, qui a permis de réduire le déficit abyssal des finances publiques, alors que la Caisse pompait cinquante milliards de dirhams annuellement du Budget de l’État, a été une décision politique courageuse certes, mais menée alors que le cours du baril était au plus bas sur le marché mondial (entre 25 et 30 US $).
La libéralisation totale du prix à la pompe des produits pétroliers (essence et gazole) a été enclenchée par la majorité gouvernementale actuelle alors sous l’autorité de M. Abdelilah Benkirane.
Le matelas
Ni son gouvernement, ni le suivant n’ont cependant cherché à se préoccuper «du retour de manivelle» et de la remontée rapide des cours mondiaux du brut, avec les conséquences que l’on sait sur les prix locaux.
Mieux encore, le gouvernement, qui a engrangé ainsi des milliards au titre de la TIC, n’a pas voulu «flexibiliser» cette taxe intérieure de consommation, alors que les distributeurs pour leur part, engageaient un lourd programme d’investissements, 18 milliards de dollars au total.
On pourrait donc se demander si l’une des composantes du prix à la pompe, celle de la fiscalité, qui représente 35 % du prix total du litre de carburant, ne devrait pas constituer ce «matelas amortisseur» permettant au consommateur final de ne pas trop souffrir des hausses des cours mondiaux et de leurs répercussions sur les prix intérieurs.
Enfin, qu’on le veuille ou non, avec ou sans populisme à la louche, si facile à utiliser, les citoyens doivent, avant toute chose, être amplement informés des conséquences de la libéralisation, voulue et appliquée par un gouvernement dirigé par le PJD.
Et c’est au gouvernement, dans le cadre de l’exercice de ses missions régaliennes, de veiller, en tout temps, à la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs, notamment en exerçant un suivi et un contrôle réguliers sur les prix à la pompe, qui montent plus facilement qu’ils ne baissent !
Gageons que si une telle action était entreprise avec diligence, les distributeurs seraient plus attentifs à répercuter rapidement les variations de prix, et surtout celles en faveur de leurs clients !
Comme trop souvent donc dans notre pays, ce sont le politique et la politique qui sont à la traîne, peu réactifs, peu transparents et nuls en matière de communication !
Fahd YATA