
M. Mehdi Guedira, Responsable RSE chez Attijariwafa bank
Entretien avec M. Mehdi Guedira, Responsable RSE chez Attijariwafa bank
La Nouvelle Tribune : Le groupe Attijariwafa bank fait partie des pionniers du développement durable et de la RSE au Maroc. Pouvez-vous nous expliquer comment le groupe a fait de la RSE un jalon central de sa stratégie de développement ?
M. Mehdi Guedira : En tant qu’acteur bancaire et financier d’envergure, le groupe Attijariwafa bank compte parmi ses missions de participer activement au développement d’une économie résiliente et durable. La RSE est ainsi une dimension naturellement intégrée dans ses chaines de valeurs, à travers l’ensemble de ses activités.
En 2016, le groupe Attijariwafa bank a formalisé sa politique RSE, qui s’inscrit dans sa stratégie globale. Cette politique vise à avoir un impact positif, dans les domaines économique, social et environnemental, conformément à la stratégie RSE d’Al Mada.
La mise en œuvre de plans d’actions annuels déclinant cette politique a permis d’accentuer cet impact positif, ainsi que de le mettre en valeur auprès de l’ensemble des parties prenantes du Groupe.
La politique RSE du Groupe se structure selon les 4 axes suivants, eux-mêmes déclinés en 10 engagements (voir schéma, ndlr).
En se concentrant plus spécifiquement sur la question environnementale, quels types de mesures un grand groupe bancaire peut-il prendre, aussi bien en interne qu’en externe, auprès de ses clients et partenaires ?
La démarche environnementale d’un groupe bancaire tel qu’Attijariwafa bank consiste d’une part à réduire les impacts environnementaux négatifs de ses activités, et d’autre part à accompagner la finance verte et la transition énergétique. Les impacts environnementaux se divisent eux-mêmes en deux volets, les impacts directs et les impacts indirects.
Les impacts directs représentent les consommations d’énergie et de ressources (papier, eau, consommables, etc.) utilisées par la banque dans son activité, ainsi que les déchets générés par celle-ci. Pour cela, le Groupe a mis en place de nombreuses mesures d’optimisation de ses consommations d’électricité, d’eau et de papier, qui est également le principal déchet produit par son activité. La généralisation de l’éclairage à basse consommation, le renouvellement des équipements par des installations à faible consommation énergétique, l’acquisition d’équipements informatiques moins énergivores, l’utilisation des imprimantes multifonctions, l’équipement et la gestion des data center, ou encore la gestion centralisée de certains sites, permettant ainsi d’améliorer la consommation énergétique au plus près des besoins.
Par ailleurs, le Groupe a également mis en place une démarche de gestion durable des déchets, qui comprend le tri et le recyclage des déchets, ainsi que le remplacement des distributeurs de bouteilles d’eau par des fontaines.
Les poubelles individuelles ont été remplacées par des poubelles de tri mutualisées, démarche accompagnée par une campagne de sensibilisation. Cette campagne, déclinée tout d’abord en affichage interne, a été renforcée par des capsules vidéo sur les écogestes, disponibles sur la chaîne YouTube d’Attijariwafa bank, ainsi que par un guide des écogestes à destination des collaborateurs.
Ces bonnes pratiques ne sont d’ailleurs pas exclusives au contexte professionnel, car ces écogestes concernent la vie de tous les jours et peuvent aussi être faits à la maison ou ailleurs.
Les impacts indirects représentent les impacts environnementaux causés par ses investissements, à travers ses clients et leurs projets. Pour cela, le groupe a mis en place un Système de Gestion des Risques Sociaux et Environnementaux (SGES), qui intègre la dimension environnementale dans l’analyse des risques de crédit accordés aux entreprises.
Enfin, le Groupe soutient la finance verte à travers une offre de financements adaptée aux différents acteurs publics-privés opérant dans la transition énergétique, notamment les énergies renouvelables, et l’accompagnement des entreprises engagées dans un processus de développement durable ou d’optimisation de leur consommation d’énergie. Attijariwafa bank est ainsi aujourd’hui un acteur de référence en Afrique en matière de transition énergétique, comme l’illustre l’accréditation du Groupe par le Fonds Vert des Nations Unies en 2019, une première en Afrique et dans la zone MENA.
Comment jugez-vous la prise de conscience environnementale de vos collaborateurs et partenaires externes, comment le groupe s’est-il employé à les sensibiliser ?
Nous avons constaté un fort engagement des collaborateurs d’Attijariwafa bank sur la question environnementale, illustré par leur adhésion aux écogestes et à la démarche de tri sélectif des déchets, ainsi qu’aux différentes actions citoyennes organisées par le Groupe, telles que les commmunity days autour de thèmes tels que le recyclage ou l’agriculture urbaine, par exemple.
En ce qui concerne nos partenaires externes, mis à part le SGES, le Groupe a mis en place une charte d’achats responsables, qui comporte l’ensemble des engagements du Groupe à l’égard des fournisseurs et ceux attendus d’eux sur le plan réglementaire, éthique, social et environnemental. Les fournisseurs sont désormais engagés à respecter ces principes dès leur référencement. Elle est également partagée avec les filiales du Groupe en vue de leur adhésion progressive. Enfin, une clause RSE reprenant les principes d’achats responsables a été intégrée dans les conditions générales d’achats, dans les cahiers des charges lors des appels d’offres, ainsi que dans les contrats signés avec les fournisseurs.
Une grande partie des entreprises marocaines, notamment les PME, reste encore peu sensible aux questions de développement durable. Selon vous, quel rôle peut jouer Attijariwafa bank, en tant que financeur de l’économie, pour faire évoluer les mentalités ?
Il est vrai que la prise en compte des questions de développement durable par les grands groupes, souvent multinationaux, précède généralement celle des PME, que ce soit au Maroc ou ailleurs.
Le rôle d’Attijariwafa bank en tant qu’acteur financier est en effet de sensibiliser ses clients sur ces questions, mais également de les inciter à adopter un certain niveau d’exigence sur les aspects environnementaux. A travers le SGES, les projets à financer feront désormais l’objet d’une analyse des risques environnementaux, permettant une sensibilisation des clients, ainsi que, si nécessaire, d’un plan d’action concerté avec eux afin de réduire ces risques, conditionnant l’accord de financement.
Par ailleurs, la mise en place de la charte d’achats responsables a permis de sensibiliser les fournisseurs du Groupe, parmi lesquels figurent de nombreuses PME et TPE, sur ces aspects environnementaux.
Enfin, le rôle du Groupe est également de les aider à saisir les opportunités créées par le développement durable, à travers un accompagnement et des produits et services dédiés.
Dans les années à venir, comment voyez-vous évoluer la green finance ? Le contexte de la relance post-covid sera-t-il propice à ce type de financement ?
Les enjeux environnementaux sont des enjeux structurels, universels, qui restent d’actualité indépendamment du contexte de la pandémie de COVID-19. C’est pourquoi il est probable que la finance verte, secteur en plein développement, poursuivra sur cette tendance et continuera de prendre une part de plus en plus importante dans les financements du Groupe, mais aussi du secteur financier dans son ensemble. La relance de l’activité économique, bien entendu, créera des opportunités de création de valeur que nous devons encourager.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli