
Entretien avec M. Ismail Akalay, Directeur Général de SONASID
La Nouvelle Tribune : M. Akalay, notre spécial porte sur la contribution des entreprises marocaines protectrices de leur environnement, à la nouvelle orientation stratégique de politique économique du Maroc, est-ce le cas de SONASID ?
M. Ismail Akalay : Nous sommes totalement impliqués dans cette orientation stratégique de notre pays par la promotion d’un modèle économique innovant et circulaire qui nous permet d’assurer la production d’aciers à faible empreinte carbone.
Nos usines sont actuellement alimentées à 85% par des énergies éoliennes et l’installation d’un parc photovoltaïque à Nador nous permettra d’atteindre, dès l’année prochaine, plus de 95% d’énergies vertes dans notre mix énergétique. Nous sommes par ailleurs le plus grand recycleur du pays : notre aciérie de Jorf Lasfar assure le recyclage de plus de 600 000 tonnes de ferrailles et d’autres produits chaque année. Nous évitons ainsi l’émission de 200 000 tonnes de CO2 par an.
Pouvez-vous nous exposer les axes et actions que vous avez menées et leurs effets sur vos processus ?
Le prérequis de toute politique de protection de l’environnement est l’existence d’un système de contrôle et d’évaluation efficace. C’est le cas de Sonasid, à travers des activités certifiées ISO 14001. Tous les déchets solides générés par nos usines sont valorisés et un travail d’optimisation de l’énergie nous a permis de réduire notre consommation de 7% en 2020.
Nous sommes conscients que la protection de l’environnement est une condition nécessaire pour la performance et ceci nous a conduit à transformer une contrainte en une opportunité de création de valeur.
La production dans l’industrie est souvent énergivore, qu’en est-il pour Sonasid ? Comment y pallier, sont-ce les nouvelles technologies qui facilitent cet objectif ?
La sidérurgie est effectivement une industrie à forte intensité énergétique : l’énergie représente le deuxième poste de coût après les matières premières.
Sonasid a mis en place un ambitieux programme d’optimisation de ses consommations d’énergie et est certifiée ISO 50001. Nous étudions la possibilité de lancer un pilote de production du biogaz à partir des déchets ménagers qui nous permettrait de réduire notre consommation de fuel. Nous testons également, avec la R&D d’ArcelorMittal, des procédés innovants pour utiliser certains déchets organiques en substitution du charbon. Autant d’initiatives qui nous permettront de renforcer notre leadership environnemental.
La préservation de l’environnement et la propreté des process de production ou autre imposent généralement des budgets importants et exigent du temps, depuis quand Sonasid est-elle engagée dans cette voie et à quel prix ?
Sonasid est engagée dans cette voie depuis plusieurs années et les charges relatives à ces programmes sont largement amortis par les retombées financières générées par la réduction de la consommation électrique, l’optimisation des intrants et la valorisation des déchets.
M. Akalay, quels sont les bénéfices de tels choix pour Sonasid sachant que sa compétitivité a été remise en cause par la concurrence sauvage ?
Le premier bénéfice est bien entendu la protection de la santé de nos employés.
Le deuxième porte sur la réduction des coûts et la valorisation des déchets. Enfin, notre performance environnementale nous place aujourd’hui à l’avant-garde du secteur sidérurgique au niveau mondial, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour Sonasid. Nous sommes ainsi engagés dans le développement d’une nouvelle gamme d’aciers verts à très haute valeur ajoutée que nous prévoyons de commercialiser au Maroc et sur le marché nord-américain en 2022.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli