Manifestation contre les différentes interdictions de fumer à Ankara le 18 août 2009
Seuls quatre pays – Brésil, Turquie, Maurice et Pays-Bas – ont adopté l’ensemble des mesures antitabac préconisées par l’OMS, qui salue malgré tout les progrès réalisés dans le monde au cours des 15 dernières années.
Dans un rapport publié lundi, l’Organisation mondiale de la santé met en avant le fait que 5,6 milliards de personnes – 71% de la population mondiale – sont désormais protégées par au moins une mesure de lutte antitabac, soit cinq fois plus qu’en 2007.
En 15 ans, le taux mondial de tabagisme est descendu de 22,8% en 2007 à 17,0% en 2021.
« Lentement mais sûrement, de plus en plus de personnes sont protégées contre les méfaits du tabac », a déclaré son directeur, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué.
L’OMS a mis en place en 2008 son programme MPOWER, un ensemble de mesures pour aider les pays à réduire la demande de tabac, autour de six politiques : protéger la population contre la fumée du tabac, augmenter les taxes, surveiller la consommation, offrir une aide à ceux qui veulent arrêter, mettre en garde contre les dangers et faire respecter l’interdiction de publicité en faveur du tabac.
L’OMS estime que sans les mesures prises depuis par les pays, il y aurait 300 millions de fumeurs en plus dans le monde aujourd’hui.
« Ce ne sont pas que des chiffres. Ces mesures ont littéralement changé nos vies », a relevé le directeur du département de la Promotion de la santé à l’OMS, le Dr Ruediger Krech, en conférence de presse.
Cependant, 2,3 milliards de personnes dans 44 pays ne sont toujours protégées par aucune des mesures recommandées par l’OMS, et 53 pays n’ont toujours pas imposé d’interdiction totale de fumer dans les établissements de santé.
– « Riposter » à l’industrie du tabac –
Chaque année, quelque 8,7 millions de personnes décèdent dans le monde de maladies liées au tabac, dont 1,3 million sont victimes du tabagisme passif.
Mais seuls le Brésil, la Turquie, Maurice et les Pays-Bas sont arrivés au niveau des meilleures pratiques en ce qui concerne la lutte antitabac, selon l’OMS, qui dénonce les pressions exercées par cette industrie.
« Pour huit pays, il ne manque qu’une politique du programme MPOWER pour qu’ils rejoignent les chefs de file de la lutte antitabac : l’Espagne, l’Ethiopie, l’Iran, l’Irlande, la Jordanie, Madagascar, le Mexique et la Nouvelle-Zélande », a indiqué le Dr Krech.
« L’industrie du tabac est une industrie puissante et pleine de ressources qui, aujourd’hui encore, continue de croître en termes de profits et d’influence. Mais nous pouvons riposter », a-t-il assuré.
Lors de la conférence de presse, le ministre de la Santé mauricien, Dr Kailesh Jagutpal, a expliqué la nécessité pour les pays de discuter avec l’industrie du tabac avant la mise en oeuvre de nouvelles réglementations, en fixant par exemple des délais pour que les sociétés aient le temps de s’adapter.
« Sinon, l’industrie est prête à développer toutes les tactiques pour vous combattre », a-t-il dit, en visioconférence.
Selon l’OMS, près de 40% des pays prévoient désormais des lieux publics clos totalement non-fumeurs.
Certains pays vont même plus loin, s’est félicité le Dr Krech: 25 pays, dont l’Australie, ont ainsi rendu illégal le fait de fumer dans une voiture transportant des enfants.
LNT avec Afp