Une combattante des Forces démocratiques syriennes agite un drapeau, à Raqa le 17 octobre 2017 © AFP BULENT KILIC
L’organisation jihadiste Etat islamique (EI) a subi un lourd revers avec la perte de Raqa, son principal bastion en Syrie, passé sous le contrôle de forces soutenues par Washington.
« Les opérations militaires à Raqa ont pris fin. La ville est sous le contrôle total » des Forces démocratiques syriennes (FDS), a déclaré mardi à l’AFP Talal Sello, un porte-parole de l’alliance. « Il y a actuellement des opérations de ratissage pour éliminer les cellules dormantes, si on en trouve, et pour déminer la ville », a-t-il ajouté.
L’EI a perdu Raqa après des mois de combats qui ont transformé cette ville du nord de la Syrie en un champ de ruines.
Avec la chute de son ex-capitale, qui aurait servi de centre de planification pour des attentats meurtriers dans le monde entier, le groupe voit son « califat » quasiment réduit à néant en Syrie.
Juste après avoir annoncé la prise de Raqa, les combattants des FDS ont envahi l’emblématique rond-point d’Al-Naïm, où l’organisation jihadiste menait ses décapitations et autres atrocités.
Certains étaient émus jusqu’aux larmes, d’autres affichaient un grand sourire, se prenaient en photo ou brandissaient le drapeau jaune des FDS, à l’instar de Rojda Felat, la commandante à la tête de l’offensive contre Raqa, fusil à l’épaule.
« Ca, c’est le moment qu’on attendait », a déclaré Hazem Kobane, un combattant de 23 ans, en accrochant le drapeau jaune des FDS sur la clôture de métal du rond-point, rebaptisé par les habitants « le rond-point de l’enfer ».
C’est sur cette clôture que l’EI accrochait les têtes coupées des suppliciés et c’est au centre du rond-point qu’il brûlait les livres et les paquets de cigarettes.
Tout autour, un paysage de désolation, avec des immeubles en ruines, des rues remplies de décombres et de carcasses de voitures, une ville ravagée par plus de quatre mois de combats et de bombardements aériens.
« L’offensive militaire à Raqa arrive peut-être à son terme, mais la crise humanitaire est plus grave que jamais », a déploré dans un communiqué l’ONG Save the Children.
En quatre mois, les combats ont fait 3.250 morts – 1.130 civils y compris 270 enfants et 2.120 combattants des deux bords -, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Des dizaines de milliers d’habitants ont également été déplacés par les combats. Mardi, le centre où se sont déroulés les derniers combats était désert, à l’exception des combattants kurdes et arabes des FDS qui se félicitaient de la victoire, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le monde entier attendait
« Si Dieu le veut, la joie reviendra dans toute la ville », lance Sevger Himo, jeune commandant des FDS aux yeux rieurs.
« La couleur noire (de l’EI, ndlr) est partie, remplacée par la couleur jaune sur le rond-point al-Naïm » se réjouit-il.
Pour Oum Abdallah, qui a fui sa ville natale de Raqa il y a trois ans, « la joie est indescriptible ».
« Quand ma soeur m’a annoncé la libération, elle a commencé à pleurer et moi aussi, Dieu merci, Dieu merci », lance la quadragénaire installée à Kobané, une ville au nord de Raqa.
Omar Allouche, un responsable du Conseil civil de Raqa, une administration locale qui était en exil, a salué « une libération que le monde entier attendait ».
Mardi, les FDS se sont emparés du principal hôpital et du stade municipal dans le centre, les deux derniers réduits dans lesquels étaient retranchés des dizaines de jihadistes étrangers.
Ces derniers jours, en vertu d’un accord négocié par des responsables locaux et des représentants tribaux, les derniers civils pris au piège ont pu être évacués et les jihadistes syriens ont été autorisés à quitter la ville.
C’est en novembre 2016 que les FDS avaient lancé leur offensive « Colère de l’Euphrate », œuvrant d’abord à conquérir les territoires autour de Raqa, pour isoler la ville.
Dès le mois de juin, leurs combattants étaient entrés dans la métropole, avec l’appui des frappes aériennes de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington.
Depuis des mois, l’organisation ultraradicale subit revers après revers en Irak et en Syrie, après une ascension fulgurante en 2014.
En Syrie, le groupe ne contrôle plus que quelques poches dans le centre. Il est également présent, en nombre restreint, dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion est désormais la province de Deir Ezzor (est), frontalière de l’Irak.
Quelque 400 jihadistes de l’EI, dont plusieurs étrangers, se sont rendus en un mois aux FDS, a indiqué mardi le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Ryan Dillon.
LNT Avec Afp