Fortes vagues et rafales de vent à l'approche de l'ouragan Maria, le 19 septembre 2017 à Fajardo, à Porto Rico © AFP Ricardo ARDUENGO
L’ouragan Maria s’abattait mercredi sur les Iles Vierges américaines après avoir tué au moins deux personnes dans les Caraïbes, et ses vents déchaînés, accompagnés de trombes d’eau, menaçaient désormais Porto Rico.
« Potentiellement catastrophique », cet ouragan de catégorie 5, la plus élevée, devrait toucher le sud de Porto-Rico dans la matinée avec des vents maximum de 270 km/h, estimait à 06H00 GMT le Centre national des ouragans (NHC) américain.
« C’est très violent et intense à présent alors que nous commençons à peine à ressentir les vents de l’ouragan », expliquait mardi soir Coral Megahy, 31 ans, à Sainte-Croix, une des Iles Vierges américaines. « Nous pouvons entendre des débris qui volent et cognent les fenêtres en aluminium ».
L’ouragan avait auparavant frappé notamment la Guadeloupe française, faisant deux morts et deux disparus, et la Dominique.
Sur l’île St John, encore sonnée par le passage d’Irma moins de deux semaines auparavant, l’ouragan a fait plier le arbres et engendré des dégâts matériels, sans qu’aucune victime ne soit officiellement à déplorer à ce stade.
Un couvre-feu a été instauré sur les Iles Vierges britanniques voisines, « actuellement extrêmement vulnérables », a justifié le Premier ministre Orlando Smith. Plus de 1.300 militaires britanniques ont été déployés dans les Caraïbes depuis le passage d’Irma, qui a fait 9 morts dans les Iles Vierges britanniques.
A Porto Rico, les quelque 3,5 millions d’habitants se sont rués mardi dans les magasins pour acheter des produits de première nécessité et ont protégé de leur mieux leurs maisons et commerces.
Quelque 500 abris pouvant accueillir près de 67.000 personnes ont été ouverts pour faire face à un ouragan qui « pourrait être le pire du siècle à Porto Rico », selon Ricardo Rossello Nevares, le gouverneur de ce territoire américain où 50.000 foyers sont toujours privés d’électricité depuis le passage d’Irma.
– ‘Je suis inquiète’ –
« Je ne nie pas avoir peur, je suis inquiète parce que c’est la première fois que je vais voir un ouragan d’une telle intensité », a témoigné à l’AFP Noemi Aviles Rivera, une enseignante de 47 ans qui avait vécu en 1989 l’ouragan Hugo et en 1998 l’ouragan Georges.
Maria devait également longer les îles indépendantes de Saint Kitts and Nevis et Montserrat (Royaume-Uni). L’île française de Saint-Barthélemy et l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin, dévastées par Irma qui avait fait 15 morts à Saint-Martin, étaient en alerte violette entraînant le confinement de la population.
La ministre française des Outre-mer Annick Girardin a indiqué mercredi matin qu’il n’y avait « à ce stade, rien d’alarmant » à Saint-Martin alors que l’ouragan s’éloignait de ses côtes.
Inondations, toitures envolées, coupures de courant: dans son sillage, Maria, comme Irma, a semé la désolation.
En Guadeloupe, où « la piste » de l’aéroport de Pointe-à-Pitre était « rouverte » selon Mme Girardin, notamment pour reprendre le pont aérien et maritime d’aide à Saint-Martin, deux personnes ont été tuées, selon un bilan mardi soir des autorités locales. Deux autres sont portées disparues dans le naufrage d’un bateau.
« Peu de dégâts » ont été notés « sur le bâti », mais « 40% des foyers sont privés d »électricité », selon les autorités mardi soir. L’île restait mercredi en vigilance grise post-ouragan, qui limite les déplacements.
Plus violemment frappée mardi, le territoire indépendant de La Dominique (72.000 habitants) a « perdu tout ce qui pouvait être perdu », a déclaré le Premier ministre Roosevelt Skerrit sur Facebook. Mais aucune victime n’a été recensée.
– Réchauffement climatique –
L’île française de La Martinique a été moins touchée même si 70.000 personnes ont été privées d’électricité, soit un tiers de la population.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé mardi que « ces ouragans sont une des conséquences directes du réchauffement climatique », déplorant la décision américaine de sortir de l’accord de Paris sur le climat.
Les autorités haïtiennes, qui se préparent aussi au passage de l’ouragan Maria au large de la côte nord du pays, ont également soulevé la question de la responsabilité du changement climatique.
« Nous, les pays de la Caraïbe, nous ne sommes pas les grands émetteurs de gaz à effet de serre mais aujourd’hui c’est nous qui payons les pots cassés », a déploré mardi depuis New York le président haïtien, Jovenel Moïse.
L’ouragan Irma avait tué quelque 40 personnes dans les Caraïbes avant de s’abattre sur la Floride où le bilan des décès liés à cet ouragan est passé mardi à 58.
LNT avec AFP