
Une pancarte anti-protocole nord-irlandais près du port de Larne, au nord de Belfast, le 17 mai 2022 en Irlande du Nord
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak rencontre lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour des « discussions finales » concernant les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord, au coeur de tensions entre Londres et les Européens depuis des années.
Après des mois de difficiles négociations, la chorégraphie de la journée laisse peu de doutes sur le fait qu’un accord puisse se dessiner sur ce dossier, à l’origine du blocage des institutions de la province mais aussi de remous au sein de la majorité conservatrice à Londres.
Les deux responsables doivent se rencontrer en début d’après-midi pour évoquer « des solutions pratiques pour les multiples défis complexes » posés par le protocole nord-irlandais, a indiqué Downing Street.
Sur Twitter, Mme von der Leyen a dit avoir « hâte de tourner la page et d’ouvrir un nouveau chapitre avec notre partenaire et ami » le Royaume-Uni.
Ils doivent tenir une conférence de presse commune à Windsor, ville à l’ouest de Londres où se trouve l’une des résidences de Charles III. Mme von der Leyen y rencontrera le monarque.
– Blocage politique –
Signé en 2020, le protocole nord-irlandais, négocié après le Brexit par l’ancien Premier ministre Boris Johnson, réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne.
Ce protocole voulait éviter une frontière terrestre entre l’Irlande et l’Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies sanglantes, tout en protégeant le marché unique européen.
Mais il pose des problèmes pratiques en imposant notamment des contrôles douaniers sur les marchandises de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord, et ce même si elle sont destinées à rester dans la province britannique.
Le protocole a ainsi généré des tensions entre l’Union européenne et Londres mais est aussi devenu un problème interne pour Rishi Sunak, confronté à l’opposition des durs du Brexit et à celle des unionistes du Democratic Unionist Party (DUP), farouchement opposés à toute remise en cause de l’appartenance de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni.
Ces derniers refusent toute application de facto du droit européen dans la province britannique et bloquent le fonctionnement de l’exécutif local depuis un an.
« Nous avons besoin que les choses reprennent. Nous devons régler ce problème », a affirmé lundi à l’AFP Vincent Ward, un Nord-Irlandais de 53 ans de Newry, dans le sud-est de la province.
« Il est temps qu’ils se ressaisissent et que les gens sachent ce qui les attend », a abondé Joe O’Hanlan, un sexagénaire habitant dans cette ville frontalière avec l’Irlande. « Parce que la façon dont ça se passe maintenant, ça a ruiné la vie des gens et causé beaucoup de problèmes ».
– Rencontre avec le roi –
Pour calmer les unionistes, Londres avait menacé au printemps dernier de revenir unilatéralement sur l’accord, suscitant la colère de Dublin et de Bruxelles qui avait alors brandi le spectre d’une guerre commerciale.
Rishi Sunak « a fait du très bon travail mais je ne suis pas sûr qu’il ait réussi l’objectif de ramener le DUP dans l’exécutif, ce qui est fondamental », a averti le député conservateur et eurosceptique Jacob Rees-Mogg sur la chaîne ITV.
M. Sunak doit s’entretenir avec ses principaux ministres pour les tenir au courant avant une conférence de presse avec Mme von der Leyen.Le Premier ministre britannique doit ensuite rentrer à Londres pour s’adresser aux députés à la Chambre des Communes.
Ses explications s’annoncent délicates: il doit éviter une fronde qui affecterait son autorité après quatre mois au pouvoir. Certains des eurosceptiques les plus durs de sa majorité ont déjà critiqué un compromis qui améliore le protocole sans remettre en cause son principe de maintenir certaines règles européennes en Irlande du Nord.
Entre temps, Ursula von der Leyen rencontrera le roi Charles III, une visite critiquée par certains qui déplorent que le roi se retrouve mêlé dans des discussions politiques aussi controversées.
« Le roi est heureux de rencontrer n’importe quel dirigeant étrangers s’il est en visite au Royaume-Uni et c’est le conseil du gouvernement qu’il le fasse », a réagi le palais de Buckingham dans un communiqué.
LNT avec Afp