Vue sur les tours du Kremlin à Moscou, le 25 septembre 2017 © AFP/Archives Vasily MAXIMOV
L’Occident finance des ONG russes, « incite » les jeunes à manifester et discrédite l’État russe via les médias, dénonce mercredi dans un rapport la chambre haute du Parlement russe qui estime la souveraineté de la Russie menacée.
« La création et le soutien d’ONG qui (…) défendent les intérêts d’États étrangers » ainsi que « l’implantation d’enseignants occidentaux dans le système éducatif (…) menacent sérieusement la souveraineté » de la Russie, estime ce rapport de la Commission pour la protection de l’indépendance nationale du Conseil de la Fédération.
Cette commission, créée en juin dernier, estime par ailleurs que « l’engagement des jeunes dans des actions de protestation », incitées par l’Occident selon le rapport, constitue aussi une menace, de même que « les médias et les réseaux sociaux qui discréditent » la Russie et l’Église Orthodoxe russe.
« L’ingérence dans les affaires intérieures de la Russie ne se fait pas uniquement via une propagande directe, effectuée par des médias comme Radio Svoboda (financée par Washington, ndlr), mais aussi avec des programmes éducatifs impliquant des journalistes russes » ou via « la formation de cadres politiques russes à l’étranger », poursuit ce rapport.
En 2016, l’antenne russe du mouvement politique Open Russia (Russie ouverte), financée par l’opposant en exil en Europe et ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, « a investi plus d’un million de dollars (…) dans la campagne électorale et les manifestations non-autorisées de l’opposition », affirme la Commission.
« Les autorités américaines et leurs satellites de l’OTAN » sont montrés du doigt par cette Commission, dirigée par le vice-président de la Commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération, Andreï Klimov, et créée en réponse aux accusations de Washington sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine.
Le rapport préconise d’interdire toutes les activités d’ONG financées depuis l’étranger, à l’exception de celles qui sont coordonnées avec l’État russe.
Cette recommandation intervient alors qu’une loi votée en 2012 oblige déjà les ONG bénéficiant d’un financement de l’étranger et ayant une « activité politique », un concept très flou, à s’enregistrer comme « agent de l’étranger ».
Une autre loi, votée en 2015 et qui complète la première, permet de désigner des organisations étrangères actives en Russie comme « indésirables ». Elles peuvent ensuite être interdites, qu’il s’agisse d’ONG, de fondations ou d’entreprises.
Plusieurs organisations, principalement américaines, ont été déclarées « indésirables » et plus d’une centaine d’autres ont été désignées « agents de l’étranger », selon les données du ministère russe de la Justice.
Lundi, la Russie a en outre menacé les médias américains opérant sur son territoire de leur imposer de nouvelles restrictions en réponse aux plaintes de la chaîne de télévision russe RT, qui estime que ses activités sont entravées aux Etats-Unis.
Selon RT, qui émet en plusieurs langues, le ministère américain de la Justice lui a demandé de se soumettre à la loi dite FARA (Foreign agents registration act), obligeant toute société représentant un pays ou une organisation étrangère à rendre régulièrement des comptes aux autorités américaines concernant ses relations avec cet Etat ou cette institution.
LNT avec Afp