L'ancien président irakien Saddam Hussein lors de son procès, à Bagdad, le 6 décembre 2005 © POOL/AFP/Archives STEFAN ZAKLIN
L’Irak a ordonné la confiscation des biens de l’ancien dictateur Saddam Hussein et de 4.257 dignitaires de son régime déchu lors de l’invasion emmenée par les Etats-Unis en 2003, ainsi que ceux de leurs proches, indique lundi un communiqué officiel.
La liste des dignitaires a été établie par l’instance irakienne chargée de traquer les anciens membres du parti Baas de Saddam Hussein. Elle inclut leurs épouses, leurs enfants et petits-enfants ainsi que leurs parents au second degré.
Le nom de Saddam Hussein apparaît en premier sur la liste, accompagné de « ses enfants, ses petits-enfants, ses proches et ses parents au second degré ainsi que ses ayant-droits ».
Après la chute du régime, des milices, les forces armées et des dignitaires du nouveau pouvoir ont fait main basse sur de nombreuses propriétés appartenant à la famille de Saddam Hussein et d’anciens dirigeants. Cette mesure vise à officialiser la confiscation de ces biens.
Sont ensuite visés 52 dignitaires de haut rang, ainsi que l’ensemble des gouverneurs durant les quelque 25 ans de règne du dictateur déchu, les hauts dirigeants du parti Baas, ainsi que les généraux des forces de sécurité.
Parmi ces derniers figure Ahmad Saddag, ancien général de brigade de l’époque de Saddam Hussein. Devenu après 2003 chef de police d’Al-Anbar, il a été tué il y a trois ans alors qu’il combattait le groupe Etat Islamique (EI).
Parmi les dignitaires figurent Ali Hassan al-Majid, le cousin de Saddam Hussein surnommé « Ali le chimique » et exécuté en 2010, ainsi que le demi-frère du dirigeant irakien, Barzan Ibrahim al-Hassan, lui aussi pendu.
La liste inclut également l’ancien vice-président Taha Yassine Ramadan et le secrétaire particulier de Saddam Hussein, Abed Hamid Mahmoud, tous deux exécutés.
Elle compte aussi Tarek Aziz, compagnon de la première heure de Saddam Hussein décédé en 2015 et incarcéré après sa reddition en 2003.
Son fils, Zyad Tarek Aziz, a dénoncé dimanche auprès de l’AFP une décision « qui ne vise à rien de plus que de récolter des voix à l’approche des élections » législatives prévues le 12 mai.
« Cela fait 15 ans que nous sommes l’objet de pressions, d’éloignement et d’injustice, cela suffit! Quand cette rancoeur du soi-disant gouvernement va-t-elle cesser? », a-t-il encore lancé, joint par téléphone en Jordanie, où il réside désormais.
Seul chrétien parmi les proches du dirigeant irakien, Tarek Aziz avait été plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères de 1983 à 1991.
« Nous avons entendu parler de sanctions visant ceux qui sont accusés d’avoir commis des soi-disant crimes à l’encontre du peuple irakien, mais pourquoi viser les proches au second degré, les petit-enfants? », a encore réagi son fils.
Il a en outre réfuté posséder les biens qui sont prêtés à sa famille, affirmant que « la maison de mon père à Bagdad a déjà été de fait saisie par Ammar al-Hakim », dignitaire chiite et leader du mouvement politique « al Hikma », qui y a pris ses quartiers.
LNT avec Afp