
La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, le 17 janvier 2020 à Washington © AFP/Archives JIM WATSON
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a accordé un entretien à la MAP à Washington, à la veille de la visite de travail qu’elle entame lundi au Maroc.
Durant son déplacement de trois jours, Mme Georgieva a indiqué vouloir mettre en avant « le solide partenariat » entre l’institution financière internationale et le Royaume et évoquer, avec les responsables marocains, les préparatifs aux Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale prévues en octobre 2021, à Marrakech.
Dans l’entretien, la directrice du FMI déclare qu’elle cherchera « pendant ce voyage à mettre en avant le solide partenariat qui existe entre le Maroc et le FMI, ainsi qu’à préparer, avec les autorités, l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendra en 2021 à Marrakech ».
Elle considère que « le Maroc est un modèle de véritable coopération entre le FMI et ses pays membres, avec une relation étroite sous la forme d’un mécanisme de précaution. Ce mécanisme fait office de ligne de crédit, en vue d’offrir au pays une solution de repli et de rassurer les investisseurs, ainsi que de renforcer la résilience de l’économie, d’accélérer la croissance et d’intégrer davantage le pays dans l’économie mondiale ».
Durant sa visite, elle devrait s’entretenir avec les autorités, des jeunes, des femmes et des représentants du secteur privé, des médias et de la société civile, pour aborder avec eux des questions qui sont importantes pour les Marocains, par exemple la création de davantage d’emplois, surtout pour les jeunes et les femmes, la lutte contre les inégalités et la mise en place d’une croissance économique qui profite à tous.
Concernant la situation économique marocaine, elle explique que « le Maroc a bien avancé dans la mise en place de conditions propices à une croissance plus élevée et plus inclusive, en dépit d’un environnement extérieur difficile. La résilience de l’économie a été renforcée, et la croissance devrait accélérer progressivement à moyen terme ». Et de préciser : « Toutefois, l’effort de réforme doit être maintenu : la croissance, aujourd’hui inférieure à 3 %, n’est pas assez forte pour créer suffisamment d’emplois et réduire les inégalités sociales et régionales. Le chômage demeure élevé, surtout parmi les jeunes et les femmes ».
Sur ce point, le FMI appuie « vigoureusement l’intention de [ses] partenaires du gouvernement d’accorder la priorité à l’inclusion sociale, aux réformes de l’éducation, à la décentralisation budgétaire et à d’autres mesures qui permettront de passer à une croissance davantage tirée par le secteur privé, inclusive et porteuse d’emplois ». Selon Mme Georgieva, pour rehausser le potentiel de croissance du Maroc, il sera essentiel de les mener à bien, ainsi que de continuer à renforcer la gouvernance et à réduire la corruption. Il s’agira aussi, pour y parvenir, d’accélérer les réformes fiscales à la suite des assises nationales 2019 sur la fiscalité, de continuer d’assouplir le régime de change afin de limiter les retombées éventuelles des chocs externes sur l’économie et de continuer d’améliorer la coordination et le ciblage des programmes sociaux.
A propos du Maghreb, elle explique qu’il est vrai qu’il est « l’une des régions les moins interconnectées au monde sur le plan économique, et son potentiel d’intégration nous semble immense: les retombées seraient considérables ». D’après les analyses du FMI, le renforcement de l’intégration pourrait contribuer à long terme à relever la croissance d’un point de pourcentage en moyenne dans chacun des pays du Maghreb. En stimulant l’investissement, le commerce extérieur et la croissance, cette intégration créerait des emplois « qui font cruellement défaut dans une région où un jeune sur quatre est au chômage ».
Sur ce point, elle ajoute que « la sécurité constitue un sujet de préoccupation et met en danger la croissance économique ; nous espérons que les démarches diplomatiques en cours contribueront à une résolution pacifique et rapide du conflit libyen ». Selon la directrice du FMI, une réduction des problèmes de sécurité et de l’incertitude géopolitique de manière plus générale renforcerait la confiance dans la région du Maghreb, contribuerait à attirer l’investissement direct étranger et soutiendrait l’activité économique, à l’heure où les pays s’efforcent de relever leur principal défi économique: créer des emplois pour une population en plein essor. Et de conclure que « le FMI travaille très étroitement avec tous les pays du Maghreb, en leur apportant des conseils sur la mise en œuvre de mesures qui renforceront leur résilience économique tout en ouvrant la voie à une croissance plus élevée et plus inclusive ».
LNT