Par Kawtar OUATIKI, PhD
Dans un contexte universel, présenter des excuses est un geste symbolique qui relie la reconnaissance des torts commis et la volonté de les éviter dans le futur. Mais dans un monde en pleine crise écologique, les excuses suffisent-elles face à l’ampleur des dégâts que nous avons nous même générés ?
Ce que les générations futures attendent de nous, ce ne sont pas des gestes symboliques, car ils n’effaceront rien en eux-mêmes nos erreurs, mais plutôt des actions concrètes qui, si elles ne peuvent pas inverser le cours des choses, peuvent transformer en profondeur le monde que nous laisserons derrière nous.
L’excuse : Un pas vers le changement
L’excuse est un mécanisme humain qui marque une prise de conscience d’une erreur commise et ouvre une porte vers une transition entre une phase marquée par le « tort » et une autre tournée vers l’amélioration. Dans l’histoire, ce mécanisme a souvent été un début vers le changement, la réconciliation ou la guérison, que ce soit entre individus, communautés ou nations.
A titre d’exemple, en 1992, le Pape Jean-Paul II a présenté des excuses officielles au nom de l’Eglise, trois siècles plus tard, pour la condamnation de Galilée qui critiquait le géocentrisme et soutenait l’héliocentrisme. La phrase attribuée à Galilée, « E pur si muove » (« Et pourtant, elle tourne ») illustre à quel point nous avons mal compris la Terre, et combien nous avons refusé la vérité même si elle semblait évidente. Cette reconnaissance même si tardive, n’a pas changé le passé, mais elle a marqué une réconciliation entre la science et la Religion. Elle rappelle qu’admettre les torts est déjà un pas vers le dialogue constructif et le progrès.
De la même manière, une excuse collective dans le contexte de la crise écologique ne peut être qu’un point de départ. Elle va éveiller la conscience collective et amorcer une volonté sincère de réparer ce que nous avons déjà détruit. L’acte en lui-même n’est pas le plus important, mais tout le chemin qui se crée à partir de ce moment, qui va révolutionner notre manière de voir et de protéger notre planète.
Le paradoxe du progrès et de la destruction
A cette ère, nous nous retrouvons paradoxalement entre le progrès et la destruction. L’un semble inévitablement lié à l’autre. Le développement industriel, l’exploitation excessive des ressources naturelles, les avancées technologiques et l’urbanisation accélérée ont transformé nos vies et nous ont offert des niveaux de confort jamais atteints par nos ancêtres. Toutefois, on n’est pas arrivé à ce confort sans coût. Nous avons sacrifié notre humanité et l’équilibre de notre planète : l’air, les océans, la faune et la flore ont tous payé le prix.
Ironiquement, nous avons réalisé aujourd’hui combien notre progrès est fragile, car nous vivons dans ce même monde que nous détruisons. C’est comme si nous étions dans une boite fermée : Nous lançons une balle vers le plafond, bien qu’elle ne nous touche pas peut être immédiatement, elle finira par nous retomber dessus. Nous ne pouvons plus arrêter la balle, mais nous pouvons amortir son mouvement pour atténuer son impact. Concrètement, nous ne pouvons pas freiner notre développement et revenir à l’Age de pierre, mais nous pouvons réinventer notre modèle de croissance pour en tirer des leçons qui nous permettrons d’avancer vers un chemin plus durable.
Pourquoi reconnaitre nos excuses est essentiel
La reconnaissance de nos erreurs par des excuses est essentielle pour avancer vers ce chemin, pour plusieurs raisons. D’abord, lorsqu’on admet nos torts, on assume nos actes, ce qui transforme un problème isolé en un enjeu collectif. Ensuite, reconnaitre nos erreurs permet de les éviter ou de les répéter dans le futur, de chercher d’autres moyens pour atteindre nos objectifs, sans passer par ces mêmes faits qui ont déclenché nos erreurs. Enfin, s’excuser est un acte d’humilité qui illustre quand bien même nous avons été intelligents et innovants, nous n’avons pas pu protéger notre propre « chez nous » qui est la Terre. Cet acte est une forme d’engagement entre l’Homme et la Nature, basé sur le respect et la protection.
Des actes concrets liés aux excuses
C’est dans ce sens que les arbres entrent en jeu. L’arbre est symbole de la vie et de la continuité, un pont entre le passé et le futur. En plantant des arbres aujourd’hui, on ouvre le dialogue avec le futur, on reconnait nos torts et on promet de faire mieux. Chaque arbre purifie l’air, stabilise les sols et représente un refuge pour la faune. C’est un geste symbolique certes mais aussi une manifestation d’une volonté sincère de préserver la nature pour ceux qui viendront après nous.
A l’image du Vatican envers Galilée, nous devons nous excuser envers la Terre qui, « pourtant, continue de tourner » et envers les générations futures qui subiront les conséquences de nos actes. C’est l’esprit de l’initiative « 1 excuse 1 arbre » qui invite chacun à présenter des excuses sincères pour les torts infligés à notre planète, tout en agissant concrètement : chaque excuse se traduit par un arbre planté.
L’initiative « #1excuse1arbre » : Un acte d’espoir et d’action
L’initiative #1excuse1arbre repose sur l’écriture d’une lettre collective d’excuses aux générations futures, sous forme d’un livre, dont les bénéfices seront entièrement consacrés à la plantation de 100 000 arbres, un geste concret pour compenser nos torts à l’égard de notre planète. Cette initiative, à laquelle chacun peut participer par sa propre lettre d’excuses est détaillée sur le site www.mining-future.com
« E pur si muove –Et pourtant, elle tourne » malgré nos erreurs certes, mais nous avons toujours l’opportunité de choisir un meilleur monde pour les générations futures, en agissant aujourd’hui par des actes sincères et concrets et des initiatives semblables à celle-ci.
Ensemble, nous pouvons réécrire le futur et réinventer un chemin de croissance durable. Cette lettre collective que je suis en train de rassembler, n’est qu’un premier pas qui incarne une invitation à repenser notre relation avec la nature et à encourager chacun à s’engager d’une manière authentique et sincère envers la Terre.
Exploratrice d’idées et passionnée par l’avenir, Kawtar OUATIKI jongle entre sciences, littérature et projets altruistes. Ingénieure en mines et docteure en géologie de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs, elle puise son inspiration dans la nature et les relations humaines.
Actuellement en pleine rédaction d’un livre-manifeste sous forme de lettre collective d’excuses aux générations futures pour avoir détruit notre planète, elle promet à ses futurs lecteurs une expérience immersive et collective : en plus d’être des co-auteurs, ils choisiront eux-mêmes le futur qu’ils laisseront à leurs enfants et à leurs petits-enfants. A travers cette méthode créative et participative, chaque excuse formulée par les participants devient un point de départ pour changer notre regard envers notre planète, éveiller notre conscience et raviver notre humanité. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, après la publication du livre, Kawtar prévoit de planter des arbres avec ses lecteurs, plongeant ainsi le passage des idées vers des actions concrètes. Car au fond, ce projet n’est pas qu’un livre ou une lettre ; ce processus d’excuses transformées en actions, amorce une reconnexion intérieure qui oriente doucement chacun vers un engagement plus sincère envers la planète.
Pour participer à cette initiative, il suffit de laisser une lettre d’excuse sur le site www.mining-future.com ou de laisser des réflexions /excuses avec le hashtag « #1excuse1arbre ».
Cette initiative est entièrement altruiste.