L’habitat, indicateur clé du développement humain

Les conditions d’habitat et l’accès aux services de base constituent des éléments structurants du développement humain. Dans les provinces du Sud du Royaume, les progrès réalisés depuis 2014 illustrent la modernisation accélérée du cadre de vie et la consolidation des infrastructures domestiques. Selon les données du Haut‑Commissariat au Plan (HCP), issues du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2024, 88,5 % des ménages urbains résident dans des « maisons marocaines », 8,3 % dans des appartements et 0,4 % dans des villas. En 2014, les parts respectives étaient de 84,5 %, 8,3 % et 2,6 %. La proportion de logements sommaires ou de bidonvilles est passée de 2,5 % à 1,4 % en dix ans.

Un parc de logement rajeuni et modernisé

En milieu rural, la part des logements de type rural a reculé de 54,3 % à 42,6 % entre 2014 et 2024. Certaines provinces affichent des taux encore élevés dans ce logement rural : Sidi Ifni (66,3 %), Guelmim (41,7 %) ou Laâyoune (37,1 %) tandis que d’autres comme Oued Eddahab (0,8 %) ou Aousserd (0,1 %) affichent des taux quasi nuls. En 2024, les habitations sommaires sont devenues marginales : 0,1 % à Guelmim et 1,1 % à Oued Eddahab.

Le parc de logements connaît également un rajeunissement significatif : 56 % des habitations datent de moins de 20 ans, contre 41 % en 2014. Ce renouvellement traduit l’intensification des programmes publics de construction et d’urbanisation, soutenus par une croissance démographique et une mobilité vers les pôles urbains.

L’accès aux services de base s’est fortement généralisé : 98 % des ménages des provinces du Sud disposent de l’électricité, 94 % d’eau potable et 91 % d’assainissement, des niveaux supérieurs à la moyenne nationale. Les progrès les plus notables concernent le milieu rural, où l’électrification et l’adduction d’eau ont connu une hausse de plus de 10 points. Par exemple, en milieu rural dans les provinces du Sud, le taux d’accès à l’électricité est passé de 76,9 % en 2014 à 94,1 % en 2024.

Sur la question des nouvelles technologies et de la connectivité, les provinces du Sud affichent également des niveaux élevés : 96 % des ménages disposent d’un téléphone mobile, 78 % ont accès à Internet, et 73 % d’un ordinateur ou d’une tablette — indices indiquant une forte intégration numérique.

Concernant le statut d’occupation, on note un léger recul de la part des ménages propriétaires : 63 % en 2024 contre 66 % en 2014. Cette diminution, observable dans plusieurs provinces du Sud, reflète une mobilité résidentielle accrue, l’essor de la location et la dynamique immobilière dans les pôles urbains.
Le recul de la proportion de logements anciens illustre aussi le changement de paysage urbain : la part des logements de plus de 50 ans est passée de 9,7 % en 2014 à 5,2 % en 2024 dans ces régions.

Des progrès remarqués

Le lien entre conditions d’habitat et développement humain est souligné dans un rapport du CESE qui recommande notamment d’améliorer « l’accès aux services de base (logement, eau, assainissement) ».
Un rapport du HCP relève également que, historiquement, l’accès aux services de base au Maroc a souffert de déséquilibres spatiaux – notamment en zones rurales et arrière-pays — ce qui renforce l’importance des progrès observés dans les provinces du Sud.

Les progrès observés sont significatifs : modernisation de l’habitat, généralisation des services essentiels, intégration numérique. Toutefois, certains défis restent à relever : garantir la qualité de l’habitat dans les zones isolées, poursuivre la résorption des logements informels, assurer une maintenance durable des infrastructures (eau, assainissement), et veiller à ce que la connectivité bénéficie pleinement aux populations rurales. Le rajeunissement du parc et l’urbanisation rapide imposent également une planification urbaine adaptée, notamment dans des zones géographiques vastes et peu peuplées comme celles des provinces du Sud.