La salle de concert Harpa à Reykjavik, où s'ouvre le sommet du Conseil de l'Europe, le 15 mai 2023
Un an après avoir exclu la Russie, les dirigeants de 46 Etats membres du Conseil de l’Europe se retrouvent mardi après-midi en sommet en Islande pour afficher leur unité contre Moscou.
Le sommet, le quatrième seulement de l’organisation paneuropéenne en près de 75 ans d’existence, vise à multiplier les moyens de rendre la Russie pénalement responsable des destructions et des crimes causés par son invasion de l’Ukraine.
Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Rishi Sunak ou encore son homologue italienne Giorgia Meloni, qui ont tous les quatre reçu Volodymyr Zelensky depuis samedi, mèneront la famille européenne à Reykjavik.
Sans le président ukrainien: terminant une tournée européenne qui l’a déjà mené à Rome, Berlin, Paris et Londres, M. Zelensky, longtemps espéré par les organisateurs, interviendra par vidéoconférence.
Sur Twitter lundi, le chef de l’Etat ukrainien avait annoncé « rentrer à la maison », fort de la promesse « de nouvelles armes puissantes » au moment où son pays prépare sa contre-offensive contre les forces russes.
Quand Moscou signale une guerre longue malgré les lourdes pertes, l’Europe cherche à montrer qu’elle est unie pour rester au côté de Kiev –quelle que soit l’issue de cette attaque qui s’annonce difficile face aux positions russes fortifiées.
« Nous continuerons à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra », a réaffirmé lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Et « rien ne sera fait sur l’Ukraine sans l’Ukraine », a-t-elle promis, au moment où Kiev s’inquiète de se retrouver poussé par ses alliés à négocier avec Moscou au cas où il n’obtiendrait pas rapidement les succès militaires escomptés.
– Tribunal pour l’Ukraine –
Les organisateurs islandais espèrent que le sommet de près de 24 heures, qui a poussé la paisible Reykjavik à faire venir des renforts policiers de l’étranger, débouche sur des « résultats tangibles ».
Un « registre des dommages » provoqués par l’invasion par la Russie doit notamment être lancé, deux mois après l’annonce d’un mandat d’arrêt visant le président russe Vladimir Poutine par la Cour Pénale internationale (CPI).
Ce registre serait « un premier pas, et un grand pas, vers des compensations versées par la Russie », selon Mme von der Leyen, qui comme d’autres en Europe défend la création d’un tribunal spécial pour les crimes de guerre en Ukraine, probablement à La Haye.
MM. Macron, Sunak et Scholz, qui prononcent tous trois un discours à Reykjavik mardi en fin de journée, devraient afficher leur soutien à l’initiative, également appuyée par Washington.
Une table ronde puis un dîner des dirigeants européens doivent préciser « comment le Conseil de l’Europe peut aider activement les Ukrainiens, comme membres de cette grande famille démocratique européenne », souligne l’Elysée. Le chef de l’Etat français défendra une Europe « unie autour de (ses) valeurs », selon son entourage.
La Russie était membre jusqu’en mars 2022 du Conseil de l’Europe, rare forum européen ou occidental dont elle faisait partie avec le Conseil de l’Arctique –dont Moscou a été aussi mis à l’écart– et l’OSCE (Organisation internationale pour la sécurité et la coopération en Europe).
Moscou avait été banni du Conseil de l’Europe en conséquence de l’invasion de l’Ukraine mais s’apprêtait de toute façon à quitter l’organisation.
Outre les 27 membres de l’Union européenne, l’espace juridique du Conseil de l’Europe –675 millions d’habitants au total– inclut une vingtaine d’autres nations dont la Turquie et le Royaume-Uni. Il est surtout connu pour sa juridiction, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Malgré son unité affichée, le Conseil de l’Europe n’est pas exempt de lézardes.
Le sommet rassemblera ainsi deux Etats en conflit, l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
Quant au Royaume-Uni –la participation de M. Sunak est longtemps restée incertaine– il tire régulièrement à boulets rouges sur la CEDH, qu’il voit comme un obstacle excessif au durcissement de sa politique d’immigration.
Selon Reykjavik, la réunion doit également se pencher sur le « recul démocratique observé en Europe » ou des sujets d’actualité comme la percée de l’intelligence artificielle.
Le sommet intervient en prélude à celui du G7 débutant vendredi au Japon, où MM. Macron, Sunak, Scholz et Mme Meloni doivent retrouver entre autres le président américain Joe Biden.
LNT avec Afp