A l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à la leucémie myéloïde chronique (LMC), l’Association des malades Atteints de Leucémies (AMAL) a organisé, à Casablanca, une conférence de presse autour de cette maladie, en présence de patients et du Pr Asmaa El Quessar, chef de service hématologie au CHU de Casablanca.
De nombreux sujets ont été évoqués lors de cet événement concernant les patients, les traitements, les nouvelles thérapies, le remboursement des frais des tests pour tous les patients, etc.
La LMC est un cancer du sang qui se caractérise par une production excessive et persistante au sein de la moelle osseuse de globules blancs. Une partie de ces globules blancs sont anormaux car leur développement n’est pas terminé lorsqu’ils passent dans le sang.
Lors de son intervention, le Pr. El Quessar a tenu à préciser que cette maladie n’est ni héréditaire ni contagieuse, mais que c’est une anomalie génétique acquise par des cellules souches anormales.
En principe, tout le monde peut être atteint d’une LMC, mais elle est cependant plus souvent diagnostiquée chez les personnes âgées de 45 à 55 ans.
« La maladie est généralement découverte de façon fortuite, à l’occasion d’un bilan sanguin qui montre une élévation du nombre de globules blancs », explique le professeur. En effet, la LMC est généralement insidieuse, ce qui signifie que les personnes concernées n’ont pas de symptômes pendant longtemps et que si elles en ont, ces derniers n’ont rien de spécifique.
Au Maroc, il n’y a pas de chiffres officiels en dehors d’une étude réalisée entre 2002 et 2004 sur 3461 cas d’hémopathies malignes, avec une incidence annuelle de la LMC de 8,5%. En l’absence d’un registre national, les données sur la LMC sont limitées aux informations fournies par le corps médical dans les grands centres de Casablanca et Rabat.
« On estime à environ 2400 les malades touchés par la LMC au Maroc, dont 640 sont diagnostiqués », souligne Mme Bahia Gouimi, Présidente de l’Association AMAL.
La prise en charge thérapeutique de la Leucémie Myéloïde Chronique repose sur l’administration de médicaments appelés ITK (Inhibiteurs de la Tyrosine Kinase). Ceux-ci agissent en empêchant une enzyme anormale de fonctionner. Grâce à la prise d’un de ces médicaments, le nombre de globules blancs diminue et redevient progressivement normal.
« Les médicaments actuels permettent ainsi aux personnes atteintes de LMC sous traitement de mener une vie quasiment normale. Contrairement à la chimiothérapie habituelle, ces médicaments agissent uniquement sur les cellules de la LMC et empêchent de manière ciblée leur croissance et épargnent les cellules saines », explique le professeur.
Malheureusement, il n’existe pas au Maroc un plan national de lutte contre la LMC. « La prise en charge se fait au cas par cas, selon le stade de la maladie et le type d’assurance », explique Mme Gouimi.
Les analyses et le test PCR ne sont pas également pris en charge par les compagnies d’assurance, ou ne le sont pas régulièrement, ce qui constitue un grand fardeau pour les patients et surtout ceux à faible revenu. Le remboursement des médicaments se fait aussi au cas par cas, selon le type de la couverture sociale. Le patient doit ainsi acheter son médicament et attendre le remboursement ce qui n’est pas évident pour beaucoup !
C’est le cas de Adil, un jeune père de famille diagnostiqué en 2004. Son assurance maladie (CNSS) ne rembourse pas son traitement en totalité et avec un salaire de 1800 dirhams par mois, il est impossible pour lui de payer la différence.
Pour d’Aicha, dont le mari est atteint de la LMC, sa famille ne peut plus supporter la lourde facture du traitement qui s’élève à 30 000 DH par mois. Non disponibles au Maroc et non couverts par le RAMED, les médicaments de la 2ème ligne restent une des grandes problématiques que cause cette maladie dans le Royaume.
Aujourd’hui, l’association des malades atteints de leucémies milite, non seulement pour la vulgarisation de la LMC au Maroc et pour le diagnostic précoce, mais aussi pour pouvoir mettre à la disposition du patient RAMED, le traitement de la 2ème ligne, gracieusement, dans les hôpitaux, le remboursement des frais des tests pour tous les patients et la facilitation de la procédure de prise en charge pour la patients CNOPS et CNSS afin d’éviter l’arrêt du traitement.
A. Loudni
L’évolution de la LMC
La leucémie myéloïde chronique évolue en 3 phases :
- La phase chronique: C’est à ce stade que la maladie est diagnostiquée chez la plupart des malades.Pendant cette phase, la leucémie évolue lentement et il n’y a pas ou peu de symptômes.
- La phase d’accélération: Elle correspond à une augmentation de la proportion de globules blancs anormaux dans le sang et dans la moelle. Des symptômes, non spécifiques, sont plus fréquents, tels que fatigue, perte d’appétit, fièvre sans raison apparente. Si un traitement n’est pas mis en œuvre, la maladie évolue après plusieurs mois vers la phase aiguë.
- La phase de transformation: De chronique, la leucémie devient alors aiguë. La moelle osseuse est envahie par les globules blancs anormaux et ne peut plus fonctionner correctement. La maladie est alors très grave.