Rachid Hamimaz
Universitaire
C’est en ces termes que les « grands » démocrates occidentaux, les sortis des écoles prestigieuses de la politique, désignent Israël, le pays qui s’est aligné sur les grandes démocraties modernes, un pays modèle qu’on donne comme exemple aux pays arabes subissant les affres des régimes despotiques, incapables de goûter aux saveurs de la liberté et des droits de l’homme.
Un pays qui donne l’ordre à ses soldats de tirer à balle réelle, et sur qui ? Sur des lanceurs de pierres, sur des jeunes désespérés, enfermés dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza. Les vidéos qui nous parviennent sur ce qui se passe en Palestine sont insupportables à voir. L’aïd, marquant la fin du jeûne, et qui devait être un moment de paix et de réjouissance s’est transformé en enfer, l’enfer sur terre. Je me mets à la place de ces soldats israéliens. Ont-ils un cœur ? Comment peuvent-ils obéir aux ordres de leurs supérieurs et tirer avec des mitrailleuses, lancer des bombes à partir de leurs avions sophistiqués sur des jeunes désarmés qui n’ont que des pierres pour se défendre. D’aucuns diront que ce sont les lancers de missiles sur Israël qui justifient ces interventions « musclées ». Ce lancer de « pétards » qui fait plus de bruit qu’autre chose ! Est-ce là la terrible menace à laquelle est confrontée Israël, qui menace sa survie ? Et puis pourquoi s’attaquer aux enfants, aux femmes et aux vieux ? Ont-ils lancé des katchoukas contre vous ? Les pilotes des F-16 pensent-ils aux dégâts qu’ils sèment sur terre ? Ont-ils eux aussi un cœur ? Quelle est cette inspiration provenant du fonds des âges, d’Attila, le roi des huns et de sa politique de la terre brûlée ? Comment la foi en le Dieu d’Israël peut-elle transformer des êtres humains en véritables monstres froids sans compassion aucune, arrogants et fiers ? Est-cela les enseignements de la Thora ? Le Dieu d’Abraham n’est pourtant qu’Amour ! Le verset 18 du chapitre XIX du Lévitique ne dit-il pas : « … et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel ». Nous avons été habitués à ce que pour chaque israélien tué, les représailles éliminent 200 palestiniens. Drôle de conception de la loi du talion qui est portant écrite, noir sur blanc, dans la Thora juive. Dans le second livre de l’Exode 21,23-25 on lit : « Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. ». Ce n’est pas « œil pour œil » que vos dirigeant appliquent mais « 100 yeux pour un œil ». Dieu dans le Saint Coran qui reprend fidèlement les termes de cette loi annoncée à son Prophète Moïse (sur lui la paix) affirme : « Mais si vous pardonnez c’est encore mieux pour vous ». Alors Messieurs, ne voulez-vous pas être magnanimes, miséricordieux afin de contenter votre Seigneur ? Ne voulez-vous pas régler ce problème palestinien à l’amiable avec une solution qui satisfait toutes les parties ? Ces palestiniens que vous faites souffrir sont aussi des créatures et des serviteurs de Dieu ! Pensez-vous que Dieu ne se soucie pas de leur avenir, de leur quiétude, de leur sécurité ? Entrez dans l’histoire par la grande porte et des milliers de générations futures vous évoqueront avec affection et admiration.
Est-ce cela le courage de la seule démocratie du Moyen Orient ? Est-ce là l’humanisme des dirigeants israéliens ? Comment peuvent-ils se déplacer dans le monde, assister à des réunions en haut lieu, parler du haut de la tribune des Nations unies, donner des leçons de civisme au monde entier ? N’ont-ils pas honte, honte de se regarder dans la glace chaque matin, de regarder sans pudeur, dans les yeux, les hommes politiques des autres pays ? Un humain qui a un cœur, ferait-il cela ? Dieu a-t-il élu Israël pour massacrer des jeunes innocents ? Leur a-t-Il signé un chèque en blanc ? Quel est ce Dieu qu’adore Israël ?
Le monde regarde en spectateur passif, un film d’horreur qui n’inspire que l’indifférence ? Pourquoi n’est-on pas aussi prompt à intervenir comme on l’a fait pour la Libye et bien d’autres pays ? Comment expliquer cette affection pour l’État d’Israël au point de lui permettre de tout saccager sur terre ? Israël est-elle au-dessus des conventions internationales ? Doit-on être vigilant avec tous les pays, excepté Israël ? Comment peut-on encore être crédible et s’ériger en donneur de leçons en matière de droits de l’homme ?
La mémoire des hommes enregistrera à jamais les crimes contre l’humanité et Israël n’échappera pas au procès suprême de l’histoire, quoi qu’elle fasse….
L’attitude vis-à-vis des crimes d’Israël est un indicateur de l’hypocrisie des dirigeants occidentaux et même arabes : qui soutient ou justifie, ou incite à la retenue (comme il est dit dans le langage diplomatique), ou est silencieux vis-à-vis des manœuvres de ce pays n’a aucune leçon à donner au monde et encore moins à nos pays arabes.
On se souvient, avant l’intervention en Libye, des déclarations des dirigeants des pays interventionnistes, des déclarations outrées, indignées, mettant en avant les grands principes humanistes et appelant à intervenir au nom de cette indignation. Messieurs les « humanistes » parmi les dirigeants occidentaux, êtes-vous réellement humanistes, à nous « bazarder », à travers les médias qui sont vos meilleurs suppôts, les grands principes des droits de l’homme, applicables à tous les pays, excepté Israël.
On se souvient aussi de ce concept inventé par Bernard Kouchner, ex-ministre de François Mitterrand, le fameux « droit d’ingérence ». Le droit d’intervenir militairement dans les pays qui font mal à leur population, excepté bien évidemment Israël qui bénéficie d’un statut particulier, celui de poursuivre ses assassinats en toute impunité, un terme converti en une formule diplomatique « soft » : le droit de se défendre ! Contre quoi ? contre les lancers de pierre !
Le devoir de mémoire nous dit-on. Un collègue professeur universitaire américain me disait un jour, alors que je visitais son pays, « nous avons une dette envers Israël car ses enfants ont souffert de la solution finale dans un silence et une complicité occidentale totales. Tu comprends Rachid, c’est pour cela que sur les affaires de la Palestine, nous sommes aujourd’hui indulgents envers cet état qui a tellement souffert ». Je me souviens lui avoir répondu que personne ne conteste cela et que notre humanité nous impose de compatir à ce qu’ont vécu les juifs sous le diktat nazi. Mais ce devoir de mémoire n’est important, que parce qu’il nous rappelle que jamais, au grand jamais, ces atrocités ne doivent se répéter, dans n’importe quel endroit de la planète. C’est cela le véritable devoir de mémoire et rien d’autre. Pour que ces abominations ne se répètent pas, l’école est le meilleur lieu pour cultiver cette mémoire, afin que les générations actuelles et futures n’oublient pas le génocide juif et les massacres des autres peuples au nom de la supériorité raciale. Or ce sont les enfants de ces victimes de l’holocauste, qui aujourd’hui, animés d’une arrogance sans pareil, détruisent le peuple palestinien. On reste profondément perplexe à expliquer comment la souffrance extrême d’une génération a engendré l’insensibilité, l’inflexibilité et la férocité des générations suivantes. Ce qui est stupéfiant et consternant à la fois, c’est que quelque part les dirigeants d’Israël, qui sont des enfants ou des petits enfants de victimes de l’holocauste nazi, réclament le droit de tuer au nom des atrocités qu’ont subies leurs grands-parents. Autrement, que signifie l’accusation d’anti sémitisme qui nous est balancée au visage à chaque fois qu’on critique la politique d’Israël ? Je trouve d’ailleurs que ce filon a été suffisamment exploité. Il faut trouver autre chose. Comment peut-on accepter cette logique, au nom de quel humanisme. Avons-nous une conception différente de l’humanisme ?
Nous formulons l’espoir qu’en Israël, des êtres humains dotés d’un cœur, compatissant envers la souffrance d’autres humains comme eux, se lèvent comme un seul homme et disent à leurs dirigeants : « Cessez ce massacre, il est indigne d’Israël et de toute sa symbolique : un état pour les victimes de l’injustice nazie et de toute injustice. Et qu’ils disent à ces dirigeants, tueurs froids et sans pitié : « le Dieu de Moïse et d’Abraham que nous prions dans toutes les synagogues du pays et du monde entier ne peut cautionner ni accepter ces exactions ! ».
Amis juifs Israéliens, revenez à votre Seigneur, le Dieu d’Israël, des chrétiens, des musulmans et de toute l’humanité car Il n’a jamais dit à vos dirigeants de faire ce qu’ils sont entrain de faire. Relisez vos textes anciens, la Thora et le Talmud, et craignez votre Seigneur, Celui que vous adorez !