Une année (déjà !) s’est écoulée depuis la tenue des élections législatives qui ont porté le RNI et ses dirigeants à la tête de la coalition gouvernementale avec Aziz Akhannouch au poste de Chef du Gouvernement.
C’est donc en toute logique, l’heure pour l’équipe gouvernementale de dresser son bilan auprès de l’opinion publique dans une approche de reddition des comptes indispensable au fonctionnement démocratique.
Il ne faut pas se faire d’illusions pour autant. Avant même de décrypter en détails les actions menées par le Gouvernement cette année passée, il semble nécessaire de planter le décor de ce bilan. D’abord la politique politicienne est toujours de mise dans notre pays, ce qui implique que par posture, tous ceux qui ne sont pas actuellement aux commandes, critiquent et dénigrent, faisant fi de leurs propres bilans. De même, face à eux se dressent les « Béni-oui-oui » qui ont pris l’habitude de présenter une fin de non-recevoir à toute critique, et dont le zèle parait contreproductif, y compris pour les intérêts qu’ils défendent.
Face à ces deux faces irréconciliables de la même pièce, si l’opinion publique oscille au gré des annonces et reste ballotée entre les deux camps, son jugement se fonde avant tout sur la réalité palpable du quotidien, qui a été fortement malmené ces dernières années.
En effet, la pandémie de la Covid-19, un peu trop vite oubliée sur ses impacts sociaux et économiques à long terme, et le contexte international de guerre en Ukraine et son corollaire, l’inflation grimpante au niveau mondial, ne sont pas des petits facteurs externes pour le Maroc, leur impact a été et continue d’être direct sur le porte-monnaie de nos concitoyens.
Pour autant, à toute chose malheur est bon. La crise de la Covid-19 a eu l’effet de la sécheresse sur les fonds des lacs ; elle a révélé au grand jour les carences sociales profondes que traine notre pays et qui se manifestent par le désœuvrement d’une grande partie des Marocains dont les revenus sont les plus faibles, par l’incapacité à assurer au plus grand nombre un revenu décent et une couverture contre les aléas de la vie. Cette crise a aussi été un formidable catalyseur et accélérateur de l’action de l’État à travers la création d’un registre national pour la vaccination et l’acheminement des aides pendant cette période, qui aujourd’hui peut nous servir de base pour le déploiement d’une nouvelle politique sociale qui touche tous les Marocains.
C’est ce fameux État social dont il s’agit et qui fait défaut à notre pays par manque de moyens avant tout. Car, qu’on se le dise, c’est bien la conjoncture de crise mondiale qui permet au Maroc d’investir dans des réformes ô combien coûteuses sans (trop) s’inquiéter de ses équilibres budgétaires et sans les contraintes des institutions financières internationales qui limitent sa marge de manœuvre habituellement.
En ce sens, le bilan du Gouvernement est probant, parce qu’en une année, ce dossier aux ramifications tentaculaires, a avancé à plusieurs égards. L’État Social que le Roi Mohammed VI a érigé en cause nationale, tirant avec célérité et clairvoyance les enseignements de la pandémie qui nous a touché, est désormais une trame de fond qui dépasse les clivages partisans et dont le Gouvernement actuel est avant tout le maître d’œuvre. En réalité, la différence de temporalité entre les difficultés quotidiennes que vivent nos concitoyens en termes de pouvoir d’achat par exemple et la mise en œuvre des composantes de cet État social dont les bénéfices ne sauraient se révéler dans des délais aussi courts, contribue à complexifier l’exercice du bilan gouvernemental de cette première année.
Comme il faudra certainement plus d’une rentrée scolaire pour redresser la barre du secteur de l’Éducation, c’est en définitive au Gouvernement qu’il incombe de convaincre tout le monde que la trajectoire que le pays prend est la bonne.
Zouhair Yata