Les tensions commerciales pèsent sur les marchés des changes, analyse AGR

Par SB
dirham changes

Dans sa dernière publication hebdomadaire MAD Insights datée du 20 mars 2025, Attijari Global Research (AGR) revient en détail sur les récents mouvements du marché des changes et les perspectives à court terme du dirham marocain (MAD) face à son panier de référence. Cette analyse met en lumière l’impact croissant des tensions commerciales mondiales ainsi que l’évolution des politiques monétaires des grandes économies.

Au cours de la semaine du 10 au 14 mars 2025, la paire USD/MAD s’est dépréciée de -0,22%, atteignant 9,70 contre 9,72 la semaine précédente, soit un plus bas observé depuis plus de cinq mois. Cette évolution s’explique principalement par un effet marché favorable au dirham de -0,19%, en lien direct avec l’amélioration des conditions de liquidité sur le marché interbancaire marocain. L’effet panier, reflétant l’évolution de la parité EUR/USD, a quant à lui été marginalement négatif à hauteur de -0,03%.

Fait notable, les spreads de liquidité du dirham ont atteint leur plus bas niveau depuis février 2022, s’établissant à -2,18%, contre -18,0 points de base la semaine précédente. AGR souligne que « le dirham demeure en appréciation par rapport à son panier de référence depuis la période estivale 2024 », témoignant de la résilience de la devise marocaine face aux turbulences extérieures.

Escalade commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne

Sur le plan international, la publication revient sur la récente décision des États-Unis d’imposer une hausse des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium européens, déclenchant en retour des mesures similaires de l’UE sur les biens américains. Cette montée des tensions protectionnistes ravive les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale, ce qui se traduit par une hausse de la volatilité des devises.

AGR met en garde contre l’instabilité attendue sur le marché des changes, recommandant aux opérateurs économiques de « couvrir leurs opérations sur des horizons de 1 à 3 mois », compte tenu des incertitudes pesant sur les échanges commerciaux.

La paire EUR/USD a progressé de +0,42% sur la même période, atteignant 1,0879, soit un sommet de près de cinq mois. Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique. Tout d’abord, le soutien de l’Ukraine à une proposition américaine pour un cessez-le-feu temporaire de 30 jours avec la Russie a renforcé l’optimisme quant à une possible accalmie du conflit, stimulant ainsi la monnaie unique.

De plus, en Allemagne, les négociations politiques ont abouti à la mise en place d’un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros et à un assouplissement du frein à l’endettement, créant un climat favorable à une hausse des dépenses publiques en matière de Défense et d’infrastructures, ce qui a également contribué à renforcer l’euro.

Au regard des prévisions actualisées du consensus des brokers concernant la parité EUR/USD, AGR a revu à la baisse ses anticipations pour la paire USD/MAD. Les cibles sont désormais fixées à 9,85; 9,90 et 9,90 sur des horizons de 1, 2 et 3 mois respectivement, contre un cours spot actuel de 9,70.

Pour l’EUR/MAD, les prévisions sont également abaissées, visant 10,37; 10,43 et 10,43 à ces mêmes échéances, contre un cours spot de 10,54. Cette révision s’appuie sur l’attente d’un resserrement progressif des spreads de liquidité du dirham, qui, bien qu’actuellement détendus, devraient légèrement remonter d’ici trois mois.

Côté américain, AGR note que l’inflation a reculé à 2,8% en février, après 3% en janvier, incitant la Réserve fédérale (Fed) à maintenir ses taux inchangés lors de son dernier meeting, dans une fourchette de 4,25%-4,50%. La Fed est attendue prudente dans son processus d’assouplissement, notamment en raison de l’incertitude liée aux mesures protectionnistes jugées inflationnistes.

En zone euro, l’inflation s’est également légèrement repliée à 2,4% en février. La Banque centrale européenne (BCE) a poursuivi sa politique accommodante en abaissant son taux de dépôt de 25 points de base pour la sixième fois consécutive, le ramenant à 2,50%. Toutefois, les plans d’investissement ambitieux en Europe pourraient remettre en cause la trajectoire baissière de l’inflation.

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