Lors de sa visite d’État au Maroc, Emmanuel Macron a pris la parole devant le Parlement marocain pour évoquer les liens historiques et les défis communs entre la France et le Maroc. Ce discours, riche en références culturelles et historiques, a également mis en lumière les projets et engagements futurs. Macron a ainsi dessiné les contours d’une coopération renouvelée, avec pour fil conducteur une vision d’un partenariat renforcé, apte à répondre aux enjeux contemporains, tant économiques que géopolitiques.
Une amitié historique
Macron a débuté en soulignant la profondeur de l’histoire commune entre la France et le Maroc. Il a évoqué les échanges diplomatiques et culturels qui, depuis des siècles, ont permis aux deux nations de se rapprocher et de tisser des liens de respect mutuel. Les ambassadeurs, explorateurs et artistes français comme Eugène Delacroix ou Henri Matisse ont contribué à enrichir les relations culturelles franco-marocaines en dépeignant le Maroc avec passion et admiration. En mentionnant des figures marocaines historiques ayant traversé les frontières, Macron a mis en avant une relation équilibrée, où chacun a su reconnaître la valeur de l’autre.
Cependant, il n’a pas omis d’aborder les périodes plus sombres de l’histoire coloniale. Tout en évoquant l’imposition du protectorat, Macron a reconnu les injustices passées et les tensions qui en ont découlé. Cette reconnaissance de la complexité de leur histoire commune est un signe de respect envers le Maroc, tout en posant les bases d’une relation marquée par la franchise et l’honnêteté historique.
Dans un monde en constante mutation, Macron a souligné l’importance de s’attaquer conjointement aux grands défis internationaux. La lutte contre l’immigration illégale, le terrorisme, le trafic de drogue et la criminalité organisée sont des sujets sur lesquels la France et le Maroc sont appelés à coopérer de manière plus étroite. Macron a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité dans la région méditerranéenne, où les tensions restent nombreuses. La France et le Maroc partagent la responsabilité de garantir un espace de sécurité et de stabilité dans cette zone, d’où l’importance de mettre en place une coopération efficace et transparente.
Par ailleurs, le Président a souligné l’importance d’une coopération sur les questions environnementales, notamment dans les domaines de l’eau et des énergies renouvelables. Il a salué les initiatives marocaines en matière de développement durable, notamment les grands projets de dessalement et les « autoroutes de l’eau », qui montrent l’engagement du Maroc pour répondre aux défis climatiques. Cette vision d’un avenir partagé se veut aussi un modèle pour d’autres pays de la région, inspirant une approche proactive face aux enjeux environnementaux.
Prospérité mutuelle
Macron a également mis l’accent sur l’importance d’une intégration économique renforcée entre les deux nations. Les accords de libre-échange et la colocalisation industrielle ont fait du Maroc un partenaire crucial pour la France et pour l’Europe. Macron a évoqué la nécessité de poursuivre cette intégration, notamment dans le secteur des infrastructures, des technologies de pointe et de l’énergie. La France souhaite faire du Maroc une plateforme économique régionale pour attirer des investissements et développer des chaînes de valeurs intégrées avec l’Europe.
Le Président a par ailleurs mentionné l’importance de la transition énergétique dans ce partenariat. Le Maroc, avec ses ressources naturelles et son positionnement stratégique, pourrait devenir un acteur majeur de l’hydrogène vert, un secteur prometteur pour l’avenir. Macron a exprimé l’ambition de voir la Méditerranée reliée par des « corridors de l’hydrogène vert » qui permettraient une interconnexion énergétique profitable des deux côtés de la Méditerranée.
Un des points saillants du discours de Macron a été la réaffirmation du soutien de la France à la souveraineté marocaine sur son Sahara. En réitérant que la France considère le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme la seule solution politique juste et durable, Macron apporte un soutien stratégique à Rabat dans un contexte international tendu.
Partenariat pour le développement humain
Emmanuel Macron a mis en avant le rôle essentiel de l’éducation et de la francophonie comme piliers d’une coopération durable. Avec plus de 50 000 élèves marocains scolarisés dans des établissements français et une communauté étudiante marocaine significative en France, les échanges éducatifs entre les deux pays sont dynamiques. Macron souhaite renforcer encore ces échanges, notamment à travers la mobilité des étudiants et des chercheurs, afin de créer des opportunités pour les jeunes générations et de les préparer aux défis de demain.
En outre, le Président a souligné l’importance d’investir dans la formation professionnelle pour préparer les jeunes à des métiers d’avenir, notamment dans les secteurs de l’industrie, de la santé, de l’agriculture et du numérique. Ce soutien à la jeunesse est un enjeu crucial dans le partenariat franco-marocain, car il permettra de créer une main-d’œuvre qualifiée, capable de contribuer activement au développement économique des deux pays.
Sur la scène internationale, Macron a exprimé sa vision de la paix au Proche-Orient. Face aux récents conflits dans cette région, il a appelé à un cessez-le-feu à Gaza et a réaffirmé l’attachement de la France à une solution fondée sur deux États. Macron a aussi rendu hommage au Maroc pour son engagement humanitaire et diplomatique, notamment en faveur des populations palestiniennes et libanaises. En soulignant la voix « forte et singulière » du Maroc sur ces enjeux, Macron a mis en lumière le rôle de Rabat comme acteur clé de stabilité et de modération dans le monde arabe.
En conclusion, Emmanuel Macron a exprimé son souhait de bâtir avec le Maroc un « partenariat d’exception » reposant sur la solidarité, la prospérité partagée et la paix. Ce partenariat, selon lui, doit répondre aux besoins des générations futures, en mobilisant l’ensemble des forces économiques, culturelles et technologiques des deux pays. Il a proposé au Roi Mohammed VI un nouveau cadre stratégique, afin d’élever la relation entre la France et le Maroc à un niveau sans précédent.
LNT