
La perspective des élections approche et cela se perçoit parfaitement au niveau de la vie politique nationale.
Les partis sortent de leur longue hibernation, assurément dopés par leur volonté de continuer à figurer dans le paysage national et les ambitions déclarées de leurs leaders.
Mais, contrairement aux précédents épisodes électoraux, ils disposent cette fois-ci d’un référentiel qui leur permet d’affirmer leur existence, en développant des arguments et des propositions sensiblement différents grâce au Rapport de la Commission spéciale sur le Modèle de Développement qui leur fournit du « grain à moudre » autrement important et substantiel que les maigres esquisses de leurs programmes électoraux.
Ce constat est essentiellement valable pour le camp de l’opposition parlementaire actuelle, Istiqlal, PAM et PPS, qui multiplie les sorties publiques et les déclarations afin de marquer tout à la fois certaines réticences sur les constats et propositions du Rapport de la CSMD, mais aussi la nécessité de la reconnaissance par tous, pouvoirs publics et opinion publique, que rien ne pourra se faire en termes d’exécution des recommandations de la Commission Benmoussa sans l’implication forte des formations politiques qu’il serait très grave, selon eux, de marginaliser.
A travers cette stratégie, les trois partis en question cherchent essentiellement à marquer les esprits, à affirmer leur présence et leur rôle avant que les choses sérieuses ne commencent.
En effet, tout se passe comme si la coordination actuelle que mettent en pratique MM. Baraka, Ouahbi et Benabdallah, était suffisante pour gommer les grandes différences qui les caractérisent, effacer les divergences qu’ils évitent soigneusement de mettre en avant actuellement et, ainsi, constituer un noyau fort et crédible d’alternative politique unitaire.
Mais une hirondelle ne fait pas le printemps !
Le Rapport Benmoussa et l’image d’une coalition solide tripartite ne pourront cacher trop longtemps une réalité qui s’affirmera de plus en plus clairement à mesure que se rapprocheront les échéances électorales.
Car, chacun devra « ramer » pour ses propres ambitions, sa représentativité, sa part du gâteau électoral qui devra être la plus grosse possible.
Que restera-t-il à ce moment de la troïka PI, PAM, PPS ?
Cette prédiction, que contesteront certains, est d’autant plus prégnante que d’autres formations étalent devant l’opinion publique leurs ambitions et projets, entamant ainsi avec célérité et diligence leur parcours électoral.
C’est le cas du Rassemblement National des Indépendants qui, sous la férule de Aziz Akhannouch, met déjà tout en oeuvre pour s’affirmer comme un candidat sérieux pour la place de première formation politique nationale à l’issue des rounds électifs.
Caractérisée par une démarche paramétrée au millimètre près, la campagne du RNI est déjà effective avec des rendez-vous soigneusement préparés aux quatre coins du pays, pour rencontrer les citoyens électeurs et les éclairer sur le programme du RNI dans toutes ses déclinaisons. Un « road show » qui devait se terminer « en beauté » ce mercredi 9 juin à Casablanca…
Ce faisant, le RNI confirme son ambition d’être le champion du modèle moderniste et libéral face à des adversaires aux profils moins positifs.
En effet, d’autres forces aspirent également au leadership du Landerneau politique, tel le PJD, qui va tenter de remporter un troisième round électoral après ceux de 2011 et 2016.
Mais beaucoup s’accordent à dire que « la baraka » est terminée et que ce parti islamo-conservateur paiera le prix de son rôle de chef de la coalition parlementaire et gouvernementale, lequel n’a produit que trop peu d’effets positifs aux yeux de nombreux citoyens sous les mandats Benkirane et El Othmani.
De plus, on voit mal à l’heure actuelle quels seraient les scenarii d’alliances envisageables avec d’autres formations, même si, comme le montrent des expériences antérieures, on ne saurait jurer de rien…
En fait donc, l’analyse des forces en présence, des moyens et atouts de chacun, de la présence sur le terrain, donnent des hypothèses que valideront ou infirmeront les prochaines élections.
Mais, à la date d’aujourd’hui, deux formations peuvent prétendre à jouer un rôle majeur dans la course au pouvoir exécutif, tant leurs ambitions cadrent avec leurs forces réelles.
Il s’agit incontestablement du RNI qui a travaillé dur depuis la fin de l’année 2016 pour se reconstruire et représenter une alternative crédible face au PJD mais aussi au PAM aujourd’hui peu avenant.
Et, dans le camp conservateur, le Parti de l’Istiqlal, formation fondatrice du mouvement national, qui dispose encore d’une réelle base militante, d’une implantation à l’échelle du pays et d’électeurs fidèles.
Ces deux formations devraient, en toute logique, représenter les deux pôles politiques en lice pour la direction de la prochaine législature.
Mais qui vivra, verra !
Fahd YATA