
Crédits : AFP
L’accentuation de l’effort mondial de lutte contre les effets du changement climatique, comme nous l’avons amplement discuté dans ces pages, va nécessiter une coopération de toutes les parties prenantes, des financements importants, et des efforts de la part de tous.
En matière de changement climatique, le secteur des nouvelles technologies fait partie des problèmes. En effet, la production comme la distribution de smartphones, d’ordinateurs, ou d’appareils connectés émettent des GES, entre l’extraction des matières premières, leur acheminement vers les sites de production, et le transport les produits finis vers le consommateur. Ils utilisent également une électricité qui n’est généralement pas décarbonée, et les déchets émettent eux aussi des gaz à effet de serre. Selon une étude du think-tank Shift Project, en 2020, le secteur de la tech a représenté environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, part qui croît d’année en année. Mais ces nouvelles technologies sont également un terreau fertile d’où émergent des solutions, parfois déjà rentables, qui peuvent aider à faire face à la crise climatique. On pense par exemple, pendant la crise sanitaire, à toutes ces solutions qui ont permis à des employés de travailler de leur domicile, à des millions de professionnels de mener leurs meetings en ligne, ou encore à toutes les entreprises et institutions qui ont organisé rencontres et conférences en mode digital. En plus de permettre à de larges franges de l’économie de continuer à fonctionner malgré la pandémie, cela s’est traduit par des économies historiques de carburant, le déplacement physique étant moins nécessaire.
Réduire les consommations
Ainsi, les nouvelles technologies peuvent aider à réduire l’empreinte carbone des logements en incitant les consommateurs à réduire leur consommation. Mais certaines entreprises sont encore plus avancées, et fournissant à leurs clients les outils pour qu’ils participent à l’effort climatique. Par exemple, Tesla commercialise un kit comprenant des panneaux solaires à poser sur son toit, une batterie et une application permettant de suivre sa consommation en temps réel.
L’optimisation de sa consommation d’énergie est intégrée au fonctionnement de nombreux objets connectés. Google estime ainsi que son thermostat « intelligent » Nest a permis aux utilisateurs américains de réduire de 10% à 12% leur consommation de chauffage et de 15% celle de climatisation.
Le thermostat « s’auto-programme après une semaine d’utilisation », explique Google, et il est « compatible avec la plupart des systèmes de chauffage à gaz et à mazout ». Précisons toutefois que pour chauffer en émettant moins de CO2, il est généralement préférable d’isoler son logement et de choisir un système de chauffage moins polluant, comme une pompe à chaleur.
De manière plus large, les bâtiments et les usines « intelligents » peuvent aider à réaliser des économies d’énergie, à travers des capteurs et autres instruments de mesure, qui permettent de régulier de manière précise la consommation d’énergie, menant à des économies substantielles.
L’empreinte carbone d’un foyer dépend de sa consommation totale, mais aussi de la façon dont est produite l’électricité au moment où elle est utilisée. Lorsqu’une grande partie de l’électricité provient des énergies renouvelables, leur part dans le mix électrique varie en effet au cours de la journée, en fonction de l’ensoleillement et du vent.
Le 6 octobre, Google a présenté une nouvelle solution, pour le moment cantonnée aux Etats-Unis. Celle-ci vise à offrir aux utilisateurs de thermostats intelligents la possibilité de se chauffer ou de climatiser davantage aux moments de la journée où une grande partie de l’électricité est d’origine renouvelable.
Tesla pour sa part propose carrément aux consommateurs de prendre le relais du réseau si ce dernier ne parvient plus à répondre à ses besoins, comme nous l’avons expliqué plus haut. Les revenus issus de sa division « solaire et stockage » ont dépassé les 2,1 milliards de dollars cette année.
La force du virtuel
L’information, parfois en temps réelle, est aussi une des solutions offertes par les nouvelles technologiques. Par exemple, Google compte prendre en compte le budget carbone du déplacement dans son comparateur de vols, et sur Google Maps, permettant aux consommateurs de faire le choix du trajet le plus «écologique».
«Ces fonctionnalités seront déployées aux Etats-Unis cette année, et d’autres seront disponibles en 2022 partout dans le monde», écrit la firme californienne dans un communiqué.
Comme elles l’ont prouvé durant la pandémie, l’une des grandes forces du digital est de permettre le travail et les rencontres sans déplacement physique. Certains établissements éducatifs, chez qui l’expérience du distanciel a réussi, ont commencé même à programmer, sur le long terme, des cours en réalité virtuelle. Et toutes ces personnes les yeux rivés sur un écran d’ordinateur, où une petite fenêtre contient leur(s) interlocuteur(s), n’est que le balbutiement de cette technologie.
On pourrait en effet imaginer que très bientôt, grâce aux progrès de la réalité virtuelle comme de la robotique, un technicien pourrait intervenir « physiquement », par le biais d’une machine contrôlée à distance, sur plusieurs sites, sans avoir à se déplacer de son domicile. L’évolution et les cycles industriels des nouvelles technologies sont les plus rapides de l’histoire humaine. Autant mettre ce dynamisme au service de la lutte contre le plus grand défi qu’a connu l’humanité…
Selim Benabdelkhalek