Plusieurs cabinets médicaux et cliniques privées seront fermés demain. Annoncée depuis plusieurs semaines par le Collège Syndical National des Médecins spécialistes privés (CSNMSP), la grève du 30 mars est maintenue. Dignité, retraite, assurance maladie, aléas thérapeutiques, formation continue… comptent parmi les éléments du dossier revendicatif des médecins.
Les propositions faites par la Tutelle n’ont pas dissuadé les professionnels. Toutefois, ces derniers semblent divisés par cette grève. C’est le cas du SNMSL (syndicat national des médecins du secteur libéral), qui ne cautionne pas ce débrayage. « La grève est un droit légitime et constitutionnel, prévoyant cependant que les organisations qui font appel à la grève sont sanctionnées si la procédure législative n’est pas respectée. Toutes nos instances ont été sollicitées et ont décrété la non-participation à la grève. Cependant, nous nous réservons le droit de manifester contre le communiqué du ministère», rappelle le SNMSL. Ce dernier estime que l’appel à la grève a créé un faux problème, en vue de détourner l’attention des réelles revendications des praticiens du secteur libéral.
Selon Dr Dassouli, président du SNSML, les propositions faites par la tutelle à la suite d’une réunion avec le CSNMSP, et qui avaient fait l’objet d’un communiqué diffusé par le ministère, ne sont pas de nature à satisfaire les revendications des professionnels. En citant le communiqué du Ministère, où il est question de «partenariat public-privé et la nécessité de mise en place d’une direction de suivi du secteur libéral dans l’organigramme du ministère de la santé », le Dr Dassouli estime que ce passage fait allusion au TPA et l’exercice illégal de la médecine qui sera « légalisé » sous le couvert du partenariat public-privé et suivi pour sa bonne pratique par le ministère.
Dans ce même ordre d’idée, le président du SNSML s’étonne de la proposition de la tutelle de « mettre dans le circuit d’adoption (SGG) le projet de décret sur l’ajout d’une direction de suivi du secteur privé dans l’organigramme du ministère de la santé, en réponse à la doléance du CSNMSP ». Cela voudrait dire selon le médecin que «le ministère de la santé va se doter d’outils juridiques qui vont lui permettre de s’ingérer directement dans la gestion des cabinets et des cliniques, et aura le droit de vous sanctionner selon ses convictions».
Quant à la proposition du Ministère concernant l’AMI (assurance maladie des indépendants), le SNSML annonce qu’elle n’a besoin de l’appui de quiconque, dans la mesure où le projet de loi a déjà été voté par la première et la deuxième chambre : «On attend la première réunion du parlement pour son application»
Ce sont là quelques points de discordes entre les grévistes et les non-grévistes. C’est dire que le secteur va mal.
Eclairages du Dr Habib Faouzi, Président de la Fédération Nationale des Centres d’Oncologies Privés au Maroc
La Nouvelle Tribune : La Fédération des Centres d’Oncologies Privés au Maroc participe à la grève nationale des médecins privés du jeudi 30 mars. Vous avez maintenu ce mouvement de contestation malgré les propositions de la Tutelle, suite à la réunion avec les médecins spécialistes du secteur privé, jeudi dernier. Que pensez-vous des solutions proposées par le ministre ?
Le Dr Habib Faouzi : Les propositions de M. le Ministre restent purement politiques et n’arrangent pas le problème. Cela représente une perte de temps pour mettre en place des résolutions simples.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Le problème de l’Assurance Maladie est simple à régler : il faut généraliser l’assurance maladie, et ça va permettre à tout citoyen d’avoir sa carte de santé pour régler le problème financier comme l’a fait feu le Roi Hassan II. Il avait décrété à l’époque de mettre en place un prélèvement automatique pour honorer l’échéance télévisuelle (même un petit commerçant qui a une seule ampoule paie cette redevance). Je crois aujourd’hui que la RTM a un surplus dans sa caisse.
Si on demande aux 52 millions d’abonnés de Maroc Telecom de donner 1DH par jour, nous aurons de quoi généraliser l’assurance maladie. Ainsi, on pourra sortir de misérabilisme quotidien. Par ailleurs, il faudra pratiquer une tarification correcte et rendre l’hôpital concurrent du secteur libéral comme cela se fait dans de nombreux pays qui se respectent.
Récemment le Gabon, qui compte 1.5 Million d’habitants, a mis en place une mesure qui permet de prélever 1% sur la consommation quotidienne des Gabonais.
Ceci n’est qu’un exemple pour clore définitivement ce dossier de l’assurance maladie, et j’espère qu’i y aura des citoyens motivés qui peuvent veiller sur ce projet.
Propos recueillis par Leila Ouazry