Réunion du G20 à Nusa Dua (Indonésie), le 14 juillet 2022
Les grands argentiers du G20 réunis vendredi en Indonésie pour discuter de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale, ont été enjoints de s’unir et d’agir face aux crises alimentaire et énergétique dont les conséquences pourraient être « catastrophiques ».
« Le monde nous observe », a déclaré Sri Mulyani Indrawati, ministre des Finances de l’Indonésie, pays hôte, en ouverture, appelant les participants à adopter une attitude de « coopération ».
« Le prix d’un échec à nous mettre d’accord est plus élevé que ce que nous pouvons nous permettre », a averti la ministre. « Les conséquences humanitaires pour beaucoup de pays à faibles revenus seraient catastrophiques ».
La réunion de deux jours des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales se tient sur l’île indonésienne de Bali, une semaine après celle des ministres des Affaires étrangères, qui avaient envoyé une salve d’accusations sur l’invasion de l’Ukraine au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Les discussions devaient initialement porter sur la meilleure façon d’encourager le retour de la croissance après la pandémie de coronavirus mais c’est l’impact de la guerre en Ukraine, avec les crises alimentaire et énergétique, qui est à présent en tête des priorités.
– Nouvelle confrontation –
La réunion devrait néanmoins être l’occasion d’une nouvelle confrontation entre les points de vue des Occidentaux qui dénoncent la responsabilité de Moscou dans les problèmes économiques et ceux des grands pays en développement opposés aux sanctions contre la Russie, avec la Chine dans une position clé.
La ministre des Finances canadienne Chrystia Freeland, qui a des racines ukrainiennes, a accusé la délégation russe d’être responsable de « crimes de guerre » de par son soutien à l’invasion de l’Ukraine, selon un responsable canadien.
« Ce ne sont pas seulement les généraux qui commettent des crimes, ce sont les technocrates de l’économie qui rendent possible la guerre et permettent de la poursuivre ».
Le ministre russe des Finances Anton Silouanov assiste à la réunion virtuellement, alors que son homologue ukrainien Serguiï Marchenko a aussi été invité à s’exprimer via internet.
La Russie est représentée par le vice-ministre des Finances Timour Maximov et Elizaveta Danilova, une responsable de la Banque centrale de Russie.
Moscou a renoncé à envoyer une délégation de plus haut niveau « après les critiques très directes » que son chef de la diplomatie avait dû essuyer la semaine dernière, a indiqué à l’AFP une source occidentale.
A la veille de la réunion, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait estimé que « le plus grand défi » pour l’économie mondiale venait de la guerre en Ukraine en soulignant que « les représentants du régime de Poutine ne devaient avoir aucune place à ce forum ».
« Nous voyons des retombées de cette guerre dans tous les coins du monde, en particulier en ce qui concerne les prix de l’énergie et la montée de l’insécurité alimentaire », avait-elle noté.
Le ministre italien de l’Economie Daniele Franco a souligné que le G20 « avait un rôle clé pour éviter que l’insécurité alimentaire ne se transforme en une crise humanitaire », selon une source italienne.
Janet Yellen avait participé en avril à un boycott de la réunion du G20 quand des responsables russes avaient pris la parole à Washington. La réunion s’était terminée sans communiqué final.
Faute d’un consensus entre les pays sur les causes des problèmes économiques actuels, et la responsabilité de la Russie, la publication d’un communiqué est à nouveau incertaine.
– Nombreux absents –
L’Indonésie, pays hôte du G20 cette année, a voulu rester neutre et n’a pas cédé aux pressions occidentales l’enjoignant à écarter la Russie des réunions.
« Ce n’est pas facile vu notre diversité (…) et aussi les positions et visions contrastées », a souligné la ministre indonésienne.
Mais nous devons agir ensemble pour démontrer que le G20 mérite sa réputation de principal forum pour la coopération internationale ».
Mais l’Indonésie a eu du mal à avoir un tour de table complet, avec de nombreux responsables absents.
Si les ministres des Finances de l’Italie, du Canada, de l’Inde ou d’Afrique du Sud, du Japon notamment, se sont déplacés, de nombreux pays ont envoyé des représentants de moindre niveau. La France est représentée par le directeur général du Trésor et par le gouverneur de la Banque de France.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde devait participer à distance ainsi que les ministres chinois et brésilien, tandis que le président de la Banque mondiale David Malpass sera absent.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, qui a mis en garde mercredi contre des perspectives économiques mondiales qui « s’assombrissent », devait participer en personne.
Les grands argentiers doivent discuter des solutions pour alléger l’impact de l’inflation et des crises alimentaire et énergétique sur les pays les plus fragiles.
L’inclusion financière et la réforme de la taxation mondiale devraient aussi être au menu.
Cette réunion est une étape préparatoire au sommet des chefs d’Etat du G20 qui doit se tenir en novembre à Bali.
LNT avec Afp