
Si les TPME représentent l’immense majorité du tissu économique marocain, la question de leur financement a été de longue date une question épineuse. À ce sujet, la garantie des prêts à cette catégorie d’entreprises par l’Etat marocain a fait l’objet d’une note de la Banque Mondiale rédigée par Abdel Aziz Teymour, économiste au sein du Groupe de développement du secteur financier et privé MENA (MENA FPD) de l’organisme. Si cette note date de 2013, nous jugeons que les informations et les conclusions qu’elle contient sont encore tout à fait d’actualité, et qu’elles méritent ainsi d’être partagées.
« Le gouvernement marocain a reconnu l’importance des TPPME pour l’économie nationale et a mis en œuvre plusieurs initiatives visant à améliorer l’environnement pour ces entreprises », écrit-il. Il ajoute qu’«outre les réformes fiscales, juridiques et réglementaires, un certain nombre de mécanismes de soutien visant à renforcer la capacité des petites et moyennes entreprises », ainsi que des agences dédiées à cette catégorie, comme l’ANPME et maintenant Maroc PME.
Il rappelle également qu’une enquête de la Banque mondiale avait présenté le Maroc comme un leader régional en termes d’accès au crédit pour les PME : la part des prêts aux PME dans le total constituait alors la plus haute de la région MENA, autour de 24%. L’auteur ajoute que « le Maroc a également été en mesure de maintenir les taux les plus élevés d’accès au microcrédit dans la région MENA. L’expansion rapide du secteur s’est toutefois ralentie » après la crise de 2007.
Concernant le rôle de Tamwilcom, ex-CCG, la note de la Banque Mondiale relève qu’en « partageant le risque avec les institutions financières pour les crédits aux segments mal desservis, de tels instruments peuvent réduire l’impact des défaillances du marché qui font que ces groupes sont exclus du financement. Les systèmes de garantie partielle de crédit bien conçus sont considérés comme l’un des types d’interventions les plus favorables au marché, car ils génèrent moins de distorsions sur le marché du crédit et sont plus compatibles avec le bon fonctionnement du système bancaire. Grâce à la l’offre d’outils d’atténuation des risques, les PCG incitent fortement les banques à investir le marché des TPME, tout en conservant des incitations à l’octroi de prêts et à la surveillance ». L’utilité de la caisse a donc été nettement améliorée. En effet, la Banque Mondiale note que « bien que le GCC ait été créé en 1949, elle n’a longtemps eu qu’un impact très limité sur le financement des PME. Elle ne disposait pas d’une stratégie et d’un ciblage clairs, et les banques se sont plaintes de la lourdeur des procédures et des règles de traitement des demandes, ce qui a conduit à une utilisation limitée de la caisse, et a entraîné une lente adoption de ses produits. Dans le cadre de son plan de développement 2009- 2012, le GCC a vu ses produits refondus ». Ainsi, « les produits de garantie ont été repensés pour mieux répondre aux besoins des PME en fonction de leur cycle de vie (prêts d’investissement, fonds de roulement, restructuration et capitalinvestissement) », relève la note de la Banque Mondiale. « Les paramètres de garantie ont été révisés en fonction des meilleures pratiques internationales (répartition des fonds propres, commissions, simplification et simplification et harmonisation des critères d’éligibilité). Ceci a permis de rationaliser et de renforcer le mécanisme national de garantie du crédit, auparavant considéré comme complexe et fragmenté », poursuit l’auteur. Ce travail de refonte aura par la suite permis de mettre en place rapidement les produits conçus pour répondre à la crise covid.
Mais en 2008 également, la création de ces nouveaux outils a coïncidé avec une crise économique. Ainsi, « le gouvernement a utilisé les produits de garantie de [Tamwilcom] comme un instrument contracyclique pour permettre aux PME […] de surmonter les difficultés financières ». Selon l’auteur de la note de la Banque mondiale, « les réformes de la GCC ont donné des résultats positifs. Une étude d’évaluation d’impact commandée récemment a révélé que 72 % des prêts garantis par la GCC n’auraient pas été financés par les banques en l’absence de garantie ». Enfin, conclut la note, la caisse « profite également à de nombreuses femmes entrepreneurs. La part des PME appartenant à des femmes et couvertes par des garanties » de Tamwilcom est en hausse.
Selim Benabdelkhalek