Pancarte politique à Douglas, en Arizona, aux Etats-Unis, le 16 octobre 2024
Tout semble opposer les deux candidats à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. Mais quels sont les enjeux politiques de cette campagne décrite comme historique?
– Economie –
Après trois années de forte inflation, le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation majeur pour de nombreux Américains.
Donald Trump, qui avait comme président réduit le taux d’imposition des plus riches et des entreprises, a promis des droits de douane de « plus de 10% » sur toutes les importations, ce qui lui permettra de financer une large baisse d’impôts.
Le candidat républicain s’est aussi engagé à faire des Etats-Unis « la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies ».
De son côté, la démocrate Kamala Harris se présente comme la candidate des classes moyennes et veut créer une « économie des possibles ». Si elle a repris certains engagements de Joe Biden sur la taxation des grandes fortunes, elle les a tempérés.
Elle promet un crédit d’impôt à la naissance, une aide à l’accession à la propriété immobilière et un coup de pouce à la création d’entreprise.
– Immigration –
Pour Donald Trump, la question de la frontière est le « sujet numéro 1 ». C’est aussi le plus sensible de la campagne: sous la présidence Biden, le pays a connu un pic d’entrées illégales.
Le républicain, qui avait fait campagne en 2016 en promettant de construire un mur le long de la frontière mexicaine, est allé beaucoup plus loin cette fois-ci promettant la plus grosse opération d’expulsion de migrants clandestins de l’histoire des Etats-Unis.
« Une invasion », « des hordes », « ils empoisonnent le sang de l’Amérique »: sa rhétorique xénophobe et déshumanisante sur les migrants revient en boucle dans ses discours.
De son côté, Kamala Harris, sur la défensive sur ce sujet, a expliqué qu’elle aurait une politique de fermeté, en estimant qu’il fallait des « conséquences » pour les personnes entrant de manière illégale.
Elle a soutenu un projet de net durcissement de la politique migratoire de Joe Biden, prévoyant notamment d’investir dans des barrières physiques.
– Avortement –
L’enjeu pourrait inciter des citoyens traditionnellement moins politisés à se rendre aux urnes, notamment des femmes, ce qui pourrait avantager les démocrates. Car en parallèle de la présidentielle, des référendums sont organisés sur le sujet dans dix Etats.
Il s’agit de la première présidentielle depuis que la Cour suprême, remaniée par Donald Trump, est revenue sur la protection fédérale de l’avortement en révoquant en juin 2022 l’arrêt Roe v. Wade. Depuis au moins 20 Etats ont mis en place des restrictions partielles ou totales à l’interruption volontaire de grossesse.
Aux avant-postes sur cette question, Kamala Harris en a fait un élément central de sa vice-présidence et de sa campagne. Elle tient son rival pour responsable de la situation actuelle qu’elle décrit comme « horrible et déchirante ».
Elle veut une loi fédérale, qui reprendrait les dispositions de l’arrêt Roe v. Wade.
A l’inverse, Donald Trump louvoie sur cette question. Il se dit fier d’avoir remis entre les mains des Etats cette question grâce à la décision de la Cour suprême mais a déclaré que certains « étaient allés trop loin ».
Il a promis que son administration serait « formidable pour les femmes » mais certains craignent, après des propos ambigus de sa part, qu’il utilise son pouvoir présidentiel pour limiter l’accès aux médicaments utilisés dans les avortements médicamenteux.
– Politique étrangère –
Avec une campagne qui se déroule alors que les guerres au Proche-Orient et en Ukraine font rage, les positions de deux candidats sont scrutées à la loupe par certains groupes d’électeurs.
Le républicain, qui estime que l’Amérique n’a jamais été aussi peu respectée dans le monde, ne cesse de dire qu’il réglerait les conflits sans attendre. Mais il n’explique jamais comment.
Il dénonce les montants pharamineux débloqués par Washington pour Kiev depuis 2022.
A l’inverse, Kamala Harris a promis qu’elle se tiendrait « fermement aux côtés de l’Ukraine » et ne ferait pas « ami-ami avec les dictateurs », contrairement à son rival.
S’ils ont tous les deux apporté leur appui à Israël qui a le « droit de se défendre », la vice-présidence a tenté de balancer son discours insistant aussi sur la souffrance des Palestiniens.
– Climat –
Les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine, mais le sujet n’a que peu été abordé par les candidats, qui ont des vues diamétralement opposées.
Donald Trump, climato-sceptique, a promis de revenir sur les subventions aux énergies renouvelables et aux véhicules électriques. L’ancien président a également prévu de « forer à tout va » et de sortir à nouveau de l’Accord de Paris.
Kamala Harris s’engage à « poursuivre et développer le leadership international des Etats-Unis sur le climat ».
Vice-présidente, elle avait soutenu le grand plan de transition énergétique de Joe Biden, le « Inflation Reduction Act ».
Et tant que sénatrice de Californie, elle a soutenu le « Green New Deal », résolution appelant à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
LNT avec Afp