Le chômage, encore le chômage, toujours le chômage ! C’est véritablement l’antienne de cette année qui commence et qu’illustrent avec acuité les derniers chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan dont on ne cessera jamais de souligner l’apport incontournable en termes de données et analyses sociales et économiques.
L’institution dirigée par M. Lahlimi nous apprend en effet, que le nombre de chômeurs s’accroît de jour en jour, même si l’année dernière à connu la création de 86 000 emplois nets, alors que 37 000 postes de travail avaient été perdus en 2016, année où l’économie avait connu une baisse drastique du PIB, à 1, 2% !
Mais que valent ces 86 000 emplois quand on sait que chaque année plus de 150 000 jeunes arrivent sur le marché du travail ?
La réponse se trouve évidemment dans la question même puisqu’il est patent que notre économie ne crée pas suffisamment de postes nouveaux, alors que l’État, soumis à des contraintes budgétaires étroitement définies par nos «amis» de la Banque Mondiale et du FMI, ne peut se permettre «d’engraisser plus encore le mammouth» en ouvrant toutes grandes les vannes de la Fonction publique !
Cette situation, qui fait l’objet de mises en garde et d’avertissements répétés, essentiellement par la presse nationale, ou du moins celle que ne s’intéresse pas aux faits divers et autres affaires de mœurs, ne devrait pas s’améliorer à moyen terme puis que le même HCP prévoit que le taux grimperait à 10,5% dans les prochains mois.
Bien évidemment, pour fiables qu’elles sont, ces données statistiques ne sont pas complètes puisque, comme chacun sait, elles n’englobent ni le sous-emploi, ni le travail précaire et encore moins tous ceux qui sont contraints de vendre leur force de travail dans les circuits parallèles de l’économie souterraine, (qui est en réalité beaucoup moins underground qu’on voudrait le faire croire…) !
L’emploi est donc aujourd’hui, avec l’Éducation, la Santé et le Logement, l’un des maux les plus graves qui affectent notre pays et notre société, même s’il est vrai que les responsables publics s’emploient (sic !), à en atténuer la vigueur et les méfaits.
Mais, comme on ne le sait que trop, la création de postes de travail n’est pas un processus qui s’enclenche de par la seule volonté des gouvernants, le volontarisme ou la méthode Coué.
Il n’existe qu’une seule voie, quel que soit le modèle économique, celui de la création de richesses additionnelles, c’est-à-dire par le seul biais de l’investissement productif.
Or, cette nécessité, pour perçue comme indispensable, n’est pas vraiment à l’ordre du jour parce que, nonobstant les efforts gouvernementaux et notamment ceux des départements en charge des politiques sectorielles, l’on ne s’oblige pas à mettre en place les conditions objectives du décollage de la croissance.
Seule celle-ci peut, à moyen et court terme, favoriser l’ouverture de nouvelles possibilités pour les demandeurs, et notamment la jeunesse qui se perd aujourd’hui dans le désespoir et le désœuvrement.
Or, du fait d’une pluviométrie qui s’est faite généreuse ces derniers jours, mais aussi parce que la demande mondiale adressée au Maroc se porte mieux grâce au retour de la croissance dans les grandes économies développées, et que certaines stratégies s’avèrent payantes (industrie automobile, écosystèmes sectoriels, etc.), les prévisions les plus optimistes annoncent un PIB autour de 3,7 % en 2018.
Cette performance serait basée sur une hausse notable de la croissance non-agricole, ce qui confirme le succès réel mais insuffisant des stratégies de développement comme le Plan d’accélération industrielle, etc.
Mais, pour créer de l’emploi, il faut beaucoup plus que 4% de croissance annuelle du PIB, beaucoup plus.
C’est donc par une politique délibérément axée sur la promotion de l’investissement et essentiellement l’investissement privé, que le Royaume pourrait dégager les moyens d’une accélération de sa croissance et de la création d’emplois additionnels.
Comme l’a répété à l’envi, lors d’un récent forum à Marrakech, Mme Christine Lagarde, gardienne d’un temple du libéralisme économique nommé FMI, l’attractivité de l’investissement se construit à partir des incitations fiscales données au secteur privé et aux investisseurs étrangers.
Point de salut en dehors d’une solution que les gouvernants rechignent pourtant à appliquer, soucieux qu’ils sont en permanence des fondamentaux, des grands équilibres, et de l’atténuation des déficits budgétaires.
La fiscalité, directe notamment, empêche fortement les entreprises d’adopter des démarches de recrutement, surtout celles, (les PME) qui ont à affronter au quotidien, les retards de paiement, les difficultés de trésorerie, la faiblesse de leurs capitaux propres, l’absence de fonds de roulement pérennes.
Nous sommes donc dans un système qui, tel le serpent, se mord la queue parce que la nécessité de fournir à l’État les moyens de financer son Budget passe avant celle de la mise en place des conditions d’une croissance forte et soutenue.
Pourtant, nombre de signaux sociaux sont au rouge et cela ne s’améliorera pas tant que l’Emploi restera, objectivement, l’otage d’opportunités conjoncturelles et d’efforts insuffisants.
Al Hoceima, Jerada, mais aussi la montée du mécontentement chez les organisations syndicales sont des signes qui ne trompent pas.
La question de l’Emploi est devenue explosive et requiert des solutions urgentes, sans doute hardies, mais nécessaires pour résorber rapidement ce déficit qui pourrait générer des problématiques sociales majeures.
Agissons, vite et bien, avant qu’il ne soit trop tard !
Fahd YATA