Lee Kun-Hee (g), le 22 avril 2008 au siège de Samsung à Séoul © AFP/Archives Jung Yeon-je
Le plus riche et le plus puissant industriel de Corée du Sud, Lee Kun-hee, décédé dimanche à l’âge de 78 ans, avait fait de Samsung Electronics un géant mondial des télécommunications, tout en menant une existence solitaire.
Quand il a hérité en 1987 de la présidence du groupe Samsung, fondé par son père, l’entreprise était le plus grand conglomérat du pays, avec un secteur d’activité allant de l’électronique grand public à la construction.
M. Lee a alors concentré l’activité de l’entreprise pour en faire un groupe international.
Lors de la crise cardiaque dont il a été victime en 2014, Samsung était le plus grand fabriquant mondial de smartphones et de puces mémoire.
Pour autant, Lee Kun-hee ne s’aventurait que rarement en dehors de son domaine privé situé au centre de Séoul pour se rendre au siège social de la compagnie. Cela lui valait le surnom de « roi ermite ».
Aujourd’hui, Samsung est de loin le plus grand des « chaebols » du pays, des conglomérats contrôlés par des familles à l’origine du prodigieux redressement après la guerre de Corée, aujourd’hui la 12e économie au monde.
Ils sont accusés d’avoir des liens opaques avec le pouvoir politique et d’entraver toute concurrence. M. Lee a lui-même été reconnu coupable de corruption en 1996, puis de corruption et d’évasion fiscale en 2008. Mais il a échappé à la prison, ayant été condamné à du sursis.
Son esprit visionnaire a largement contribué à faire de Samsung Electronics, aujourd’hui le fleuron du groupe, un des principaux développeurs et producteurs mondiaux de semi-conducteurs, de téléphones portables et d’écrans LCD.
« Le président Lee était un véritable visionnaire qui a transformé Samsung en faisant d’une entreprise locale un leader mondial de l’innovation et de la puissance industrielle », a salué la société.
Au début de la présidence de M. Lee, Samsung était considéré comme un fabricant de produits de mauvaise qualité et bon marché.
« Changeons tout sauf nos femmes et nos enfants », avait-il lancé en 1993.
L’entreprise a alors fait table rase de ses produits et brûlé les 150.000 téléphones portables qu’elle avait en stock.
– Existence mystérieuse –
Peu après, il a ordonné l’exposition de produits fabriqués en Chine à son siège social de Samsung, expliquant l’importance de montrer comment la Chine avait rapidement rattrapé son retard.
Lors des réunions avec ses subalternes et lors de rares interviews, M. Lee a toujours souligné l’importance d’avoir des esprits brillants.
« A l’ère d’une concurrence sans limite, gagner ou perdre dépendra d’un petit nombre de génies… Un génie nourrira 100.000 personnes », a-t-il affirmé.
M. Lee, troisième fils du fondateur du groupe Samsung Lee Byung-chull, avait un faible pour les chiens datant de la période passée au Japon, où il a été scolarisé à l’âge de 11 ans. Il était également connu pour son amour du cinéma, de l’équitation et des grosses voitures étrangères.
M. Lee a étudié dans la prestigieuse Université Waseda, au Japon, et était titulaire d’un MBA de l’Université George Washington aux Etats-Unis.
A l’âge de 36 ans, il est devenu vice-président de la branche construction et commerce du groupe, avant d’accéder à la présidence de Samsung neuf ans plus tard, à la mort de son père.
M. Lee était connu pour effectuer des séjours de plusieurs mois à Hawaï et au Japon avant de prendre des décisions stratégiques, notamment la nomination de son fils Lee Jae-yong au poste de vice-président de Samsung Electronics en 2013.
Il a beaucoup oeuvré pour que son pays obtienne les Jeux Olympiques d’hiver de 2018.
M. Lee était marié à Hong Ra-hee dont le père a été ministre de la Justice. Avec elle, il a eu un fils et trois filles, la plus jeune s’est suicidée en 2005 alors qu’elle était étudiante à New York.
Après sa crise cardiaque son véritable état de santé n’a jamais été révélé, laissant, jusqu’au bout, son existence entourée d’un halo de mystère.
LNT avec Afp