Une manifestation de soutien aux indépendantistes catalans à Glasgow, au Royaume-Uni, le 21 septembre 2017 © AFP/Archives Andy Buchanan
La volonté des séparatistes catalans d’organiser un référendum d’autodétermination bénéficie d’un fort soutien en Ecosse, trois ans après une tentative ratée d’indépendance dans ce territoire britannique, et des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre son interdiction par Madrid, jugée antidémocratique.
« Nous soutenons les Catalans », a dit Rory Steel, un responsable de l’organisation de jeunesse du Parti national écossais (SNP), qui s’apprête à s’envoler pour la capitale catalane Barcelone avec une vingtaine d’autres jeunes indépendantistes.
« Nous nous y rendons essentiellement pour en apprendre un peu plus sur eux, échanger nos expériences et notre expertise (…) mais aussi pour les soutenir », a-t-il expliqué à l’AFP.
Une autre délégation, composée d’hommes politiques et d’écrivains notamment, prévoit de mener sur place une mission d’observation alors que Madrid a lancé cette semaine une vaste opération policière et judiciaire en Catalogne. De quoi compliquer l’organisation d’un scrutin que les autorités régionales ont décidé de maintenir au 1er octobre malgré l’opposition du gouvernement central qui l’a déclaré anticonstitutionnel.
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, avait déjà appelé jeudi au respect du droit à l’autodétermination en Catalogne, tout en espérant un retour au dialogue entre Madrid et Barcelone.
Si Mme Sturgeon a reconnu qu’il était « tout à fait légitime pour l’Espagne de s’opposer à l’indépendance de la Catalogne », elle a estimé néanmoins « préoccupant qu’un Etat, quel qu’il soit, puisse dénier le droit d’un peuple à exprimer démocratiquement sa volonté ».
« Le droit à l’autodétermination des peuples est un principe international important et j’espère vraiment qu’il sera respecté en Catalogne et partout ailleurs », a déclaré cette semaine la cheffe du parti indépendantiste SNP devant le Parlement régional écossais.
– Pas que les nationalistes –
Le soutien écossais n’émane pas que des nationalistes. Une quinzaine de députés écossais, opposés ou non à l’indépendance de leur territoire, membres du SNP mais aussi du Parti travailliste, du Parti libéral-démocrate ou du Parti vert, ont signé une lettre ouverte au Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, dénonçant les actions de son gouvernement.
« Le gouvernement espagnol affirme agir pour défendre la démocratie mais les menaces d’action en justice contre des centaines de représentants démocratiquement élus et les actes de répression contre un gouvernement élu, des organisations médiatiques et des citoyens ne sont en aucun cas des actes démocratiques », ont-ils mis en garde.
« Le pire que nous puissions faire maintenant, c’est laisser le régime de Madrid écraser la démocratie en Catalogne », a récemment estimé l’ancien député SNP George Kerevan, fondateur d’un groupe parlementaire multipartite sur la Catalogne. « Si vous croyez dans une démocratie écossaise, si vous croyez au droit de l’Ecosse de voter, alors vous devez défendre le droit de la Catalogne de voter. Nous sommes Catalans et les Catalans sont écossais ».
– Un précédent pour l’Ecosse? –
Le Parti national écossais SNP avait obtenu de Londres l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de l’Écosse en septembre 2014, qu’il avait perdu, 55% des électeurs choisissant le maintien dans le Royaume-Uni.
Pro-indépendantistes comme opposants avaient alors salué la campagne comme étant un modèle d’engagement démocratique. Seules quelques arrestations avaient eu lieu, principalement pour des troubles mineurs comme des jets d’oeufs.
A la veille du lancement du Brexit, en mars dernier, les députés écossais avaient autorisé par un vote leur Première ministre à demander au gouvernement central l’organisation d’un nouveau scrutin. Mais le projet a été mis en veilleuse après la mauvaise performance des nationalistes écossais aux élections législatives anticipées de juin.
Les actions menées en Espagne pour tenter d’empêcher le scrutin, comme la saisie de millions de bulletins de vote, a choqué en Ecosse, où certains craignent que cela pourrait inspirer Londres si le gouvernement espagnol arrivait à ses fins.
« Il n’est pas impossible que l’Etat britannique fasse la même chose dans les années qui viennent s’il apparaît que l’Ecosse avance vers l’indépendance », a estimé Jonathon Shafi, fondateur de la Radical Independence Campaign, la campagne pour l’indépendance écossaise, interrogé par l’AFP.
« Si nous autorisons l’Etat espagnol à créer un précédent (…) alors ce précédent ne vaudra pas que pour l’Espagne, mais aussi pour le Royaume-Uni et au-delà », a-t-il poursuivi. « C’est une question pour l’Europe dans son ensemble, et une question pour la démocratie partout ».
LNT avec Afp