Alors que les fondamentaux macroéconomiques de notre économie se sont quelque peu améliorés depuis le début l’année, le taux de croissance annoncé pour l’année 2017 reste encore trop faible pour faire face au défi structurel de notre économie, celui de la création d’emplois nécessaires à la résorption du chômage des jeunes. Et ce, même si de par son ouverture sur le monde, l’économie marocaine devrait bénéficier de la reprise de la croissance mondiale telle qu’annoncée par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE).
La croissance mondiale s’améliore
En effet, celle-ci vient de publier de nouvelles prévisions de croissance du PIB mondial, lequel devrait atteindre 3,5 % en 2017, soit sa meilleure performance depuis 201.
Pour les pays occidentaux, la croissance américaine est attendue à 2,1 % en 2017, puis à 2,4 % en 2018. La Zone Euro sera à 1,8 % pour les deux années à venir, avec la précision que l’Allemagne enregistrerait une performance de 2 %, quand en France, le PIB ne s’établirait qu’à 1,3% en 2017 et 1,5% en 2018.
Ces prévisions sont assorties d’une précision de l’organisation internationale qui énonce que si « la situation économique est meilleure d’un point de vue cyclique, la reprise reste modeste ».
Et pour cause ! La croissance de la productivité et des salaires n’est pas assez satisfaisante. Ce sont là des arguments économiques d’importance parce qu’ils traduisent deux moteurs de l’économie : la création de richesses et la consommation des ménages.
L’OCDE fait le constat que la confiance des entreprises et des ménages est en hausse au niveau mondial, même si les ménages ne consomment plus autant, alors que les investissements des entreprises repartent à la hausse. Avec, là encore, une précision de taille, selon laquelle il ne s’agit pas « d’investissements de capacités, mais plus souvent des investissements dans des produits de haute technologie » destinés à accroître la productivité. Ce que l’OCDE considère être une bonne nouvelle.
Par ailleurs, cette organisation internationale très respectée pour ses analyses et constats, considère très positif que les échanges commerciaux internationaux soient repartis à la hausse après une croissance au plus bas les deux dernières années. Ainsi, l’OCDE prévoit un taux de croissance du commerce mondial de 4,6 % en 2017, après 2,4 % l’année précédente.
Ces prévisions intègrent aussi une reprise des économies émergentes, notamment asiatiques, et une croissance chinoise à plus de 7%.
L’Afrique et le Maroc, dans le même sac ?
Toutefois, l’optimisme de l’OCDE, même s’il est confirmé par le FMI et la Banque Mondiale, ne peut constituer un réel point d’appui pour la relance de l’économie marocaine qui est considérée comme appartenant à celle du continent africain.
En tout cas, c’est ce qui semble être la position des pays riches du Nord réunis dans le cadre du G20 et qui ont invité le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Sénégal et l’Ethiopie pour les encourager à s’engager dans des réformes et des investissements durables. Pour l’Allemagne qui mène ce combat, « L’accord avec l’Afrique est le synonyme d’une approche complémentaire nouvelle dans le développement économique ».
Un plan Marshall pour l’Afrique doit être lancé, même s’il s’agit d’une volonté encore vague pour des besoins d’investissements en infrastructures de l’Afrique, estimés à quelque 360 milliards de dollars d’ici à 2040, sachant qu’en 2022, le nombre de personnes au chômage en Afrique atteindra les 41,4 millions de personnes.
Le premier axe d’orientation des investissements, au-delà de celui connu des infrastructures, devrait porter sur les hautes technologies qui sont déjà très prometteuses en Afrique où il y a un vivier considérable de jeunes entrepreneurs avec plus de 200 incubateurs de start-up.
Mais la jeunesse ne peut constituer une chance pour l’Afrique et un argument de son intégration dans l’économie mondiale qu’à deux conditions : la création de 6,1 millions de nouveaux postes dans la santé et de 17,1 millions dans l’enseignement d’ici à 2030. Sans quoi « le continent de l’espoir » ne pourra pas engranger les dividendes de sa vitalité démographique.
Ces conclusions du G20 pour l’Afrique sont tout particulièrement valables pour l’économie marocaine qui souffre tout autant du chômage de sa jeunesse. Se mettre sur les rangs des pays africains pour profiter de l’aide européenne, quelle qu’en soit la forme, plan Marshall ou aides directes, n’est cependant pas la priorité de notre pays d’autant que l’Europe est déjà très présente au Maroc qui en a obtenu le statut avancé.
Aide-toi et le monde t’aidera
La priorité pour notre économie réside dans la restauration de la confiance économique pour que les investissements privés prennent le relai du secteur public dont le budget de 45 milliards de dirhams maintenus sur les dernières années, déjà lourd pour l’Etat, s’avère insuffisant pour créer les emplois nécessaires à une reprise économique durable.
La relance des investissements au niveau global d’une économie est tributaire d’une politique économique incitative qui offre aux entrepreneurs marocains les mêmes avantages que ceux accordés aux investisseurs étrangers.
– Sur le plan fiscal, en mettant à l’œuvre les recommandations des dernières Assises de la Fiscalité en terme d’allègements fiscaux des investisseurs et des ménages, corolaire de la consommation.
– Sur le plan de la libéralisation du Code du Travail, pour mettre en situation de confiance les employeurs envers leurs employés, de telle sorte que les entreprises puissent recruter ou alléger leurs emplois en fonction de la dynamique de leur activité.
Rappelons qu’aujourd’hui, les tribunaux regorgent de conflits sociaux dont les dénouements constituent de lourdes charges pour les PME.
Et justement ces mêmes PME, qui constituent plus de 90% du tissu entrepreneurial national, travaillent essentiellement pour faire face au poids des charges sociales et fiscales qui pèsent sur leurs activités.
Car chacun ne saurait ignorer que la PME est dans un étau qui ne cesse de se resserrer autour d’elle, celui des charges obligatoires et la réticence des banques à la financer eu égard aux risques qu’elles ont accumulés, constat renforcé par l’absence d’un marché financier plus liquide et plus accessible aux PME.
Dans les conditions économiques actuelles, les PME ne peuvent absolument pas participer à la création d’emplois dans notre pays, il suffit d’en mesurer le volume pour s’en convaincre.
Il faut en étudier la situation par activité et leur apporter une aide personnalisée avant que dans certains secteurs, et notamment celui des services qui en réunit un très grand nombre, les PME ne continuent à mettre la clé sous la porte.
Et si l’Etat prévu une « incitation » par l’instauration d’un IS progressif par tranche de résultats, il faut bien se dire qu’une telle mesure est totalement inopérante parce qu’aujourd’hui, (et depuis plusieurs années), les PME ne font plus de résultats !
Afifa Dassouli