Pendant les années 1970, le surf était encore à ses balbutiements au Maroc. Ce n’était absolument pas la vogue actuelle ; il n’y avait ni compétition, ni la pression des grandes marques.
Etre surfeur, était un choix, j’allais dire un choix ‘’sauvage’’, du fait d’être en marge de la société et de la façon dont nous vivions au contact permanent des vagues.
Dormir dans les vans, les Land Rover, nous permettait cette fusion avec la nature. Les compagnes des surfeurs qui acceptaient ce mode de vie étaient surnommées les ‘’ veuves du surf ‘’ car elles attendaient leur compagnon pendant des heures au bord de l’eau. Etant jeunes et souvent sans enfants, c’était également pour elles un choix pas toujours facile à supporter quand les aléas du climat s’en mêlaient. Elles tricotaient, bronzaient, lisaient, cuisinaient et pratiquaient maintes activités.
Comme nous le savons tous, les années passent et passent bien vite. Les jeunes surfeurs se sont mariés, les enfants ont suivi et le camping sauvage est devenu de plus en plus délicat. Impossible de suivre dans ces conditions pour la veuve du surf. J’en viens donc à une découverte que j’ai faite en tant que vieux surfeur.
Tom mon fils travaille à L’hôtel Paradis Plage près de Taghazout et en séjournant quelques jours chez lui, j’ai découvert la suite logique pour les jeunes surfeurs qui ont continué à pratiquer ce sport. Quand je me suis rendu à l’hôtel, j’avais une petite appréhension car je me sens très mal à l’aise enfermé dans des murs en béton, entouré de la présence d’un personnel mielleux. Pendant le trajet, dans la voiture, je bougonnais un peu et ce n’est que le plaisir de revoir Tom qui m’a fait accepter de rester. Mais une fois là bas, j’ai été agréablement surpris et je viens faire amande honorable. J’ai retrouvé toutes les vibrations ressenties lorsque je tendais l’oreille depuis la fenêtre de la Land Rover. Tout d’abord, on se trouve en contact direct avec la mer. Le bruit des vagues est perceptible ce qui permet de suivre les pulsations de l’océan. Les goélands volent à hauteur des yeux. L’odeur d’iode est présente et revigorante. Un hôtel où les murs ne nous enferment pas, les ouvertures des baies vitrées nous plongent dans le bleu de l’Atlantique où que l’on se trouve. On ne vit pas comme dans les autres hôtels, loin de toutes ces pulsions. Tous les regards nous mènent à l’eau. On se réveille avec la mer, on prend le petit déjeuner face à la mer, on marche près de l’eau, on retrouve le choix de la vie de surfeur. De plus l’éloignement de la ville qui aurait pu être un handicap devient un avantage surtout pour le silence et l’espace qui permettent de ressentir sans perturbations ces moments privilégiés. Je ne parle pas de l’accueil et des autres services de l’hôtel ; tous les hôtels proposent ces avantages mais toute sa conception est faite en fonction de l’océan. On ne s’y sent pas emprisonné comme dans tous les autres établissements. Je me suis retrouvé comme il y a quarante ans, presqu’aussi libre. Le surfeur ‘’puriste’’ ne s’y sent pas étranger.
La famille également peut beaucoup mieux s’exprimer : Pendant que le mari part surfer avec un de ses enfants, sans se préoccuper du matériel puisque tout est disponible au Surf House de l’hôtel, planches, combinaisons, leash, wax… et ambiance surf, il y a même le feu de camp et la tente, l’épouse, l’ex veuve du surf peut se prélasser avec commodité au bord de la piscine ou de la plage, se détendre au Spa, prendre un cours de Yoga, faire un massage Shiatsu pour se remettre en forme et j’en passe. Ce n’est pas de la pub que je suis entrain d’écrire, mais j’ai plutôt envie de faire découvrir à tous les anciens surfeurs, qui sont restés jeunes mais qui ont tout de même mûri, qu’ils peuvent d’une façon différente continuer à rêver, profiter de leur passion sans que cela n’entraîne une issue fatale pour le couple. Je l’ai constaté tant de fois ! L’épouse a l’impression d’être la seconde femme après le surf et cela se termine mal.
Paradis Plage est un compromis presqu’idéal pour les gens qui recherchent toujours le contact profond avec la nature. C’est en quelque sorte un retour aux sources, sans trahir ses convictions. Une fois là bas, on s’adapte vite. Lorsque l’on a terminé sa session de surf, c’est tout de même plus agréable de retrouver un havre de paix où l’on peut récupérer dans de bonnes conditions. Le silence, la bonne douche… la protection du nid qui n’est plus ce qu’il était en 1970 où le camping était plus facile.
C’était pour moi inconcevable de me rendre dans un hôtel pour un trip de surf, excepté dans un pays étranger et dans des bungalows appropriés. Alors les copains, vous n’allez pas être déçus et vos femmes n’en seront que plus contentes et vous mettront moins la pression. Le voyage continue, différemment mais il continue. Keep surfing !
Randolph Benzaquen