La juge Amy Coney Barrett, le 21 octobre 2020 à Washington © POOL/AFP/Archives Sarah Silbiger
Le Sénat américain devrait confirmer définitivement lundi la nomination à la Cour suprême d’une juge choisie par Donald Trump, qui pourra ainsi se targuer, à huit jours de la présidentielle, d’avoir durablement consolidé la majorité conservatrice au sein de cette institution-clé.
Distancé par son adversaire Joe Biden dans les sondages, le président républicain avait désigné la magistrate Amy Coney Barrett, une fervente catholique conservatrice de 48 ans, pour succéder à l’icône progressiste et féministe Ruth Bader Ginsburg après son décès.
Le président républicain compte sur ce vote rondement mené pour satisfaire sa base électorale. Il aura au cours de son mandat nommé trois juges conservateurs au sein du temple du droit américain.
Les démocrates dénoncent de leur côté sa volonté de faire aboutir une nomination aussi capitale, d’une juge choisie à vie, aussi près du scrutin du 3 novembre, mais disposent de peu de leviers pour s’y opposer.
Car les républicains sont majoritaires au Sénat, au moins jusqu’aux élections du 3 novembre puisqu’outre leur président, les Américains renouvelleront aussi partiellement le Congrès.
Réunis exceptionnellement un week-end, les sénateurs ont surmonté dimanche, par 51 voix contre 48, un dernier obstacle procédural pour limiter la durée des débats.
Cela ouvre la voie à un vote solennel en séance plénière lundi sur le nom d’Amy Coney Barrett, déjà validé en commission. La majorité simple de 51 voix, aux mains des républicains, suffira.
« Nous allons donner à cette candidate les votes qu’elle mérite pas plus tard que lundi », avait lancé dès vendredi, à l’ouverture des débats, le chef de la majorité républicaine Mitch McConnell, balayant les appels démocrates à attendre le résultat des élections.
– Six contre trois –
Les républicains « supervisent le processus le plus partisan, le plus hypocrite et le moins légitime de l’histoire » des confirmations à la Cour suprême, avait répondu son alter ego démocrate Chuck Schumer, rappelant que le même Mitch McConnell avait refusé, en 2016, d’auditionner un juge nommé par le président de l’époque, Barack Obama, sous prétexte que les élections étaient trop proches.
Le camp présidentiel a globalement fait bloc derrière le choix de Donald Trump. Si deux sénatrices républicaines avaient manifesté leur opposition à ce processus précipité, l’une d’elles, Lisa Murkowski, a prévenu ce week-end que ça ne l’empêcherait pas de voter en faveur de la juge.
« J’ai perdu la bataille de procédure », mais « je n’ai rien contre elle en tant que personne », a-t-elle dit.
L’arrivée de la juge Barrett modifiera considérablement l’équilibre au sein de la haute juridiction, avec une majorité conservatrice de six juges contre trois plus progressistes.
Cette mère de sept enfants opposée à l’avortement pourra, sauf surprise, participer à sa première audience dès le 2 novembre, la veille de l’élection présidentielle.
Elle siègera donc théoriquement en cas d’examen d’éventuels recours contre les résultats du scrutin.
Surtout, la Cour suprême tranche aux Etats-Unis les débats de société les plus épineux, de l’avortement au port d’armes en passant par les droits des minorités sexuelles.
Les démocrates, à court d’options pour faire barrage à cette nomination, ont tenté de transformer les débats, retransmis en partie sur les chaînes de télévision, en une tribune sur l’avenir de l’assurance santé Obamacare, que Donald Trump veut abroger.
La haute cour doit en effet examiner le 10 novembre un recours contre cette loi emblématique de l’ex-président démocrate, sur laquelle la juge a exprimé des réserves dans le passé.
LNT avec Afp