Des anneaux olympiques à l'entrée du musée olympique du Japon, le 24 mars 2020 à Tokyo © AFP/Archives Kazuhiro NOGI
Le report des Jeux olympiques de Tokyo 2020 est un coup dur pour les secteurs hôtelier et touristique au Japon, qui souffrent déjà du fait de la pandémie de coronavirus.
« C’est un choc énorme pour nous, car les recettes de beaucoup de nos hôtels ont déjà diminué de moitié à la suite de l’effondrement de la demande touristique, non seulement venue de l’étranger mais aussi de l’intérieur du Japon, à cause du coronavirus », explique à l’AFP Shigemi Sudo, secrétaire général de l’Association des hôtels et ryokan (auberges traditionnelles, ndlr) de Tokyo.
« Beaucoup de réservations de chambres vont être annulées, et il sera difficile de les remplir avec de nouveaux clients vu la situation », craint-il.
Le report intervient après que les organisateurs ont répété pendant des semaines, en dépit de la progression de la maladie à travers le monde, que les JO pourraient avoir lieu.
De nombreuses entreprises des secteurs hôtelier et touristique du Japon s’accrochaient ainsi à l’espoir que l’événement les aiderait à compenser les pertes de cette année.
Beaucoup sont maintenant dans une situation incertaine, alors qu’aucune date n’a encore été fixée pour les Jeux reportés, normalement d’ici à l’été 2021.
Comme dans le reste du monde, les hôtels japonais ont cruellement souffert de la propagation du virus, avec des réservations en baisse de 30 à 90% en mars et avril par rapport à la même période l’an dernier, selon un sondage de l’Agence japonaise du tourisme (JTA).
– Dédommagements ? –
L’agence reçoit des appels d’entreprises en difficulté. « La plupart nous demandent conseil au sujet de difficultés de trésorerie et sur la manière de maintenir leurs emplois », a déclaré un responsable de la JTA à l’AFP.
L’hôtel Keio Plaza — qui a accueilli les Springboks, vainqueurs de la Coupe du monde de rugby –, dans le quartier tokyoïte très fréquenté de Shinjuku, indique avoir commencé à recevoir des demandes d’annulation peu après l’annonce du report des JO.
Les difficultés de l’établissement sont encore aggravées par le fait qu’un employé a été testé positif au coronavirus, conduisant à nettoyer le vaste édifice de 47 étages de fond en comble.
L’Imperial Hotel, dans le centre de Tokyo, avait lui été entièrement réservé par les organisateurs des JO pendant la période où devait avoir lieu l’événement, à partir du 24 juillet, et dit attendre de nouvelles directives. Avant même l’annonce du report olympique, l’établissement avait revu à la baisse de 37% ses prévisions de bénéfice net pour l’exercice achevé fin mars, par rapport au précédent, indique-t-il.
Les hôtels comme ceux de la chaîne Via Inn, qui possède six établissements à Tokyo, se trouvent face à un dilemme sans précédent. « En temps normal, nous ferions payer des frais d’annulation, mais dans ce cas nous ne pouvons pas, car ce n’est pas de la faute des clients », explique à l’AFP un porte-parole du groupe. « Je ne sais pas si nous pourrons négocier un dédommagement avec les organisateurs des JO », ajoute-t-il.
– Mieux qu’une annulation –
Il y a quelques mois seulement, l’agence de voyages JTB, l’une des plus importantes du pays, proposait des « forfaits olympiques » comprenant le voyage jusqu’à Tokyo et des billets pour les épreuves. L’agence attend à présent des directives des organisateurs pour savoir que répondre à ses clients.
Le comité organisateur est bien conscient de la tâche titanesque qui l’attend, et du nombre d’entreprises qui attendent ses décisions.
« C’est une course contre la montre », a déclaré jeudi le directeur général du comité d’organisation de Tokyo 2020, Toshiro Muto, lors de la première réunion du groupe de travail chargé de gérer les conséquences du report.
Réserver de nouveau les chambres l’an prochain, une fois la date des JO fixée, ne sera pas tâche aisée. Une décision sur le planning pourrait être annoncée dans les trois prochaines semaines, selon les médias.
« Généralement, les réservations de salles — par exemple pour les mariages – commencent six à douze mois à l’avance », met en garde le porte-parole de Via Inn.
Seule lueur au bout du tunnel, les établissements espèrent recouvrer une partie de leurs pertes quand les JO auront enfin lieu. « On ne peut s’en prendre à personne, et nous pensons que le report était une meilleure décision que l’annulation », convient M. Sudo, de l’Association des hôtels et ryokan de Tokyo.
LNT avec Afp