Le Maroc entre officiellement dans l’ère de la 5G

Dans les premières heures du vendredi 7 novembre 2025, l’indicateur « 5G » est apparu sur de nombreux écrans de smartphones au Maroc, signalant l’entrée en service de la cinquième génération de réseau mobile. Cette bascule technique marque l’aboutissement d’un processus engagé de longue date sur les plans réglementaire et opérationnel.

Le déploiement intervient après l’adoption par le Conseil du gouvernement de trois décrets autorisant l’exploitation commerciale de la 5G par les opérateurs Maroc Télécom (décret n° 2.25.876), Médi Télécom (décret n° 2.25.877) et Wana Corporate (décret n° 2.25.878). Selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, cette décision s’inscrit dans un cadre de mise en concurrence supervisé par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), conformément aux dispositions légales en vigueur relatives au courrier et aux communications. L’objectif est de créer les conditions techniques et économiques d’un passage progressif à des services mobiles de nouvelle génération.

La première phase de couverture porte sur les grands centres urbains et les principales plateformes aéroportuaires. Les villes de Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech, Agadir et Kénitra figurent parmi les zones initialement desservies. Les autorités visent une extension à 45 % de la population à l’horizon 2026, puis à 85 % d’ici 2030, en cohérence avec la feuille de route « Maroc Digital 2030 ». Cette progression graduelle doit permettre d’adapter la montée en charge aux impératifs d’investissement et d’ingénierie de réseau.

Les besoins financiers associés à la 5G sont évalués entre 4 et 6 milliards de dollars, soit plus de 80 milliards de dirhams. Ces investissements concernent l’implantation d’équipements radio compatibles, la modernisation des cœurs de réseau et la densification des interconnexions par fibre optique. Les opérateurs ont, par ailleurs, pris des engagements en matière d’extension de la couverture au-delà des métropoles, y compris dans les zones rurales et montagneuses, afin de réduire les écarts d’accès. Sur le plan des politiques publiques, le gouvernement met en avant l’intérêt du projet pour l’attractivité économique et l’accompagnement d’événements majeurs, dont la Coupe d’Afrique des Nations 2025, en matière de capacités de connectivité et de services numériques.

Sur le plan technique, la 5G vise des débits théoriques pouvant atteindre 10 gigabits par seconde et une latence inférieure à la milliseconde, avec une gestion accrue des connexions simultanées. Ces caractéristiques répondent aux besoins d’usages émergents tels que les systèmes urbains connectés, certaines applications industrielles, la conduite assistée ou autonome, la télémédecine et les environnements immersifs. Leur mise en œuvre dépendra toutefois des choix technologiques des opérateurs, de la disponibilité des terminaux compatibles, des conditions de spectre et de l’adaptation des modèles économiques des services.

Sur le plan macroéconomique, les projections avancent un effet positif potentiel sur l’activité, avec une contribution estimée à environ 1,5 % de PIB par an, sous réserve du rythme d’adoption, des gains de productivité dans les entreprises utilisatrices et du développement d’un écosystème d’applications et de contenus. Les perspectives d’emploi concernent notamment les métiers des réseaux, du traitement des données, de l’intelligence artificielle appliquée et de la cybersécurité. La concrétisation de ces effets dépendra de la coordination entre opérateurs, régulateur, collectivités et secteurs utilisateurs, ainsi que de la disponibilité de compétences.

Le lancement est accompagné de campagnes de communication menées par les opérateurs, associant des sportifs de premier plan. Cette dimension promotionnelle vise à familiariser le grand public avec la nouvelle technologie et à encourager l’adoption des offres compatibles. À ce stade, la structure des forfaits, les modalités de migration et les performances observées sur le terrain varieront en fonction des zones, des équipements et des conditions de charge du réseau.

LNT