Le Maroc a franchi une nouvelle étape dans la mise en œuvre de sa stratégie diplomatique en faveur de la reconnaissance de sa souveraineté totale sur le Sahara marocain. Alors que ce « dossier » bénéficie d’une impulsion royale directe, à l’image du Discours du Souverain le mois dernier, et qu’il est activement traité par les services du MAEC et de son ministre Nasser Bourita à l’international, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch est désormais mis à contribution pour faire entendre la voix du Maroc.
En effet, à l’occasion de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, le Maroc, représenté par son Chef de gouvernement, était porteur de nombreux messages à destination de la communauté internationale rassemblée à New-York.
Si les dernières années ont été marquées par le dynamisme diplomatique unilatéral du Maroc dans les chancelleries du monde entier et par des victoires fortes de Washington à Tel Aviv en passant par Madrid et Berlin, l’heure est désormais au multilatéralisme, seule option qui garantirait au Maroc un règlement pérenne du dossier du Sahara.
« Le multilatéralisme n’a jamais été un luxe » a déclaré Aziz Akhannouch lors de son intervention devant l’Assemblée générale, rappelant la mission première de l’ONU et relevant par la même occasion l’effritement des principes de solidarité, de légalité internationale et d’équité sur lesquels a été construit l’institution.
Le Maroc a toujours été très actif auprès des institutions onusiennes et la coopération avec le secrétariat de l’ONU et son envoyé spécial s’est toujours inscrite dans une volonté affichée de trouver une solution réaliste et durable, mais politique à la question du Sahara marocain.
Le Royaume, désormais fort du soutien de grandes capitales mais aussi de celui du Conseil de sécurité et de plus de 90 pays de l’Assemblée onusienne, appelle au retour à la table des négociations, Aziz Akhannouch n’hésitant pas à rappeler la responsabilité directe de l’Algérie dans la conflictualité du dossier et sa nécessaire participation « avec sérieux et bonne foi » au processus des tables rondes pour parvenir à un règlement de ce conflit. D’ailleurs, le Chef du gouvernement n’a pas hésité à évoquer la situation humanitaire dans les camps de Tindouf et a réitéré les appels successifs du Conseil de sécurité à l’Algérie depuis 2011, pour le recensement et l’enregistrement des populations peuplant ces camps.
Une nouvelle fois, le Maroc montre patte blanche, bien qu’en réalité, il joue une partition très complexe où cohabitent des efforts musclés pour augmenter le momentum en faveur de notre cause nationale auprès de Nations appelées à se positionner clairement, comme le Kenya récemment, et la nécessité de passer par les organes qui régissent la communauté internationale dans son ensemble pour arriver à un compromis avec l’Algérie.
Mais, le Maroc a aussi d’autres cartes à jouer et les thématiques abordées par le Chef du gouvernement pendant son discours à l’ONU révèlent certains de ses atouts. En effet, hormis les crises politiques et économiques du moment, de la pandémie à la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique et ses effets directs sur la sécurité alimentaire inquiète la communauté internationale dans son ensemble, sans exception aucune. En tant que premier producteur mondial de phosphates et de dérivés, le Maroc prend une place grandissante dans le concert des Nations de ce fait. Mieux encore, si les causes territoriales du Maroc peuvent passer au-dessus de la tête des dirigeants de certains pays, la sécurité alimentaire leur fera tendre l’oreille avec bien plus d’attention. De plus, par sa position géographique africaine et les liens économiques et politiques denses qui le lient au continent africain « qui dispose de près de la moitié des terres arables dans le monde qui ne sont pas encore exploitées », c’est bien plus que le Sahara marocain dont il est question vis-à-vis de la communauté internationale. L’appel du Maroc à la reprise et la consolidation du multilatéralisme s’inscrit dans ce contexte global où la cause nationale à comme pendant le rôle pivot du pays sur la question de la sécurité alimentaire. Donnant-donnant !
Zouhair Yata