Le Maroc à l’honneur au Forum Europe-Afrique de Marseille
La 4ᵉ édition du Forum Europe-Afrique s’est ouverte ce mardi au Palais du Pharo à Marseille, avec le Maroc comme pays invité d’honneur et autour de la thématique « Innovons ensemble ».
La délégation marocaine est conduite par plusieurs membres du gouvernement, parmi lesquels Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, et Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement. Sont également présents Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France, ainsi que plusieurs responsables d’institutions économiques nationales comme la CGEM, l’AMDIE, Tanger Med et Casablanca Finance City.
Une ouverture placée sous le signe du partenariat euro-africain
La séquence inaugurale a été consacrée à une présentation du Maroc en tant que pays d’honneur. À cette occasion, le ministre Karim Zidane a souligné la dynamique de transformation de l’investissement au Maroc, portée par une réforme structurelle engagée sous l’impulsion du Roi Mohammed VI. Il a rappelé l’entrée en vigueur de la nouvelle Charte de l’investissement en 2023, qui vise à encourager les projets à forte valeur ajoutée, générateurs d’emplois et favorisant un développement territorial équilibré.
M. Zidane a indiqué que 191 projets ont été validés dans le cadre de cette nouvelle gouvernance, représentant plus de 31 milliards d’euros d’engagements et environ 150 000 emplois, dont 85 % sont en cours de réalisation. Le ministre a par ailleurs mis en avant le positionnement du Maroc comme acteur stratégique dans le domaine des énergies renouvelables. Il a évoqué l’« Offre Maroc » pour l’hydrogène vert, publiée en 2023, qui a suscité un fort intérêt de la part du secteur privé international, avec six projets majeurs validés à ce jour pour un montant global de 32 milliards d’euros.
La ministre Leila Benali est revenue sur les fondements de la stratégie énergétique nationale. Elle a rappelé les investissements massifs réalisés au cours des deux dernières décennies dans le domaine des infrastructures énergétiques, qui ont permis au Maroc de produire une électricité renouvelable compétitive, à un coût inférieur d’un tiers par rapport à certaines centrales nucléaires européennes. La ministre a également mis en avant les perspectives liées à la production d’hydrogène vert, de méthanol et d’ammoniac thermique, destinés notamment aux flottes maritimes internationales.
Mme Benali a insisté sur la nécessité d’intégrer les chaînes de valeur des minerais stratégiques dans les politiques de transition énergétique. Le Maroc, selon elle, travaille à la mise en place d’un cadre normatif commun avec ses partenaires africains et internationaux, afin de garantir la durabilité et la traçabilité des matières premières nécessaires à la transition verte.
Une coopération économique fondée sur des réalisations concrètes
Le ministre du Transport, Abdessamad Kayouh, a pour sa part illustré la profondeur des relations franco-marocaines à travers des projets d’infrastructure emblématiques. Il a évoqué le lancement récent de la deuxième ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech, réalisée avec la participation de plusieurs entreprises françaises, dont le groupe Alstom. Ce projet, d’une longueur de 430 kilomètres, s’inscrit dans le prolongement de la première LGV Tanger-Kénitra, déjà opérationnelle.
Le ministre a également rappelé la coopération dans le secteur industriel, citant l’exemple des usines Renault à Tanger et Stellantis à Kénitra, qui ont contribué à structurer un écosystème automobile intégré au sein du tissu industriel marocain. Il a mentionné la récente acquisition par Airbus de l’usine Spirit AeroSystems à Casablanca, intégrée désormais à la plateforme industrielle mondiale de l’avionneur européen.
Sur le plan portuaire et logistique, M. Kayouh a cité le partenariat entre Marsa Maroc et le groupe CMA CGM pour l’exploitation d’un terminal à Nador West Med. Il a également insisté sur la qualité des infrastructures logistiques et la densité des liaisons aériennes et maritimes entre les deux pays, soulignant le rôle du Maroc comme plateforme de distribution au croisement des chaînes de valeur africaines et européennes.
Des perspectives d’intégration économique renforcée
Le directeur général de l’AMDIE, Ali Seddiki, a mis l’accent sur la vision stratégique portée par le Maroc pour renforcer les liens entre l’Europe et l’Afrique. Il a souligné l’importance d’une coopération fondée sur l’exemplarité, le partage de savoir-faire et l’intégration sud-sud. Pour M. Seddiki, le Maroc illustre par sa trajectoire économique la possibilité d’un développement structuré, fondé sur la stabilité, la rigueur budgétaire et l’engagement en faveur d’une croissance durable.
Chakib Alj, président de la CGEM, a rappelé l’intensification des relations économiques franco-marocaines depuis la visite du président Emmanuel Macron à Rabat en 2024. Il a mis en évidence l’interdépendance entre les deux économies, la France étant le premier investisseur étranger au Maroc et l’un de ses principaux partenaires commerciaux. M. Alj a présenté la Coupe du Monde 2030 comme une opportunité catalytique pour renforcer les investissements dans les infrastructures et moderniser les systèmes économiques régionaux.
Samira Sitaïl, ambassadrice du Royaume en France, a insisté sur la nécessité d’instaurer une relation euro-africaine fondée sur des principes d’équité, de confiance mutuelle et de responsabilité partagée. Elle a souligné l’engagement constant du Maroc en faveur de l’Afrique, rappelant que le Souverain a effectué plus de 50 visites officielles sur le continent et que le Royaume a signé plus de 1 500 accords de coopération avec ses partenaires africains.
La diplomate a également mis en avant l’Initiative Atlantique pour les pays du Sahel, lancée par le Maroc, comme illustration concrète de cette volonté d’agir pour une Afrique stable, souveraine et prospère.
Les différentes interventions ont convergé vers une même idée : celle d’un corridor économique structurant entre l’Europe et l’Afrique, avec le Maroc comme point de jonction. Cette perspective est soutenue par la densité des infrastructures marocaines, la compétitivité énergétique, l’environnement des affaires et les accords de libre-échange conclus avec plus de 50 pays.