
Intervenant à l’occasion d’une table ronde organisée, mardi 7 novembre, par l’Université Mundiapolis, sous le thème « Jeunesse africaine et Culture », le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid a souligné que l’Afrique est en pleine transition démographique en raison de phénomènes tels que l’urbanisation, l’éducation, et la mobilité des facteurs de développement qui gagnent en vitesse avec l’émergence des nouvelles générations.
Il a mis en avant la perspective d’une révolution industrielle à venir qui aura une dimension culturelle, notant que face aux défis posés par l’intelligence artificielle et la robotisation dans tous les secteur, c’est la culture qui devrait être le dernier secteur à générer des emplois.
Dans ce contexte, la créativité, l’improvisation, la singularité, et même les « erreurs » humaines prendront une importance cruciale, explique le ministre. Il a également a souligné le rôle essentiel de l’artisanat, des arts vivants, du spectacle, du gaming et du tourisme, mettant en avant l’importance stratégique des industries culturelles et créatives (ICC).
Le ministre a abordé la question du gaming comme une industrie clé au niveau mondial et a évoqué les objectifs du Maroc pour le développement de cette industrie.
M. Bensaid a fait savoir qu’il s’agit d’un marché mondial de 295 milliards de dollars, soulignant qu’au Maroc, ce domaine a engendré 47 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2022, avec une projection à 80 millions en 2027, soit une croissance de 10%.
D’ici 2030, l’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars au Maroc, ce qui pourrait potentiellement créer au moins 6 000 emplois, en fonction des scénarios. Il a souligné l’importance de former la jeunesse marocaine pour répondre aux besoins de cette industrie et a exprimé sa confiance dans le potentiel des jeunes talents marocains pour émerger en tant que champions dans ce domaine, notamment à travers des start-ups et des PME.
De plus, le ministère de l’Éducation a sollicité une collaboration pour développer des jeux vidéo éducatifs en darija, afin de favoriser l’apprentissage par le jeu pour les jeunes Marocains. Cette initiative contribuerait à créer une nouvelle industrie, générer des emplois et enrichir la culture et l’économie du Maroc.
Dans son intervention, le ministre a abordé le patrimoine matériel et immatériel du Maroc, soulignant l’importance de le faire connaître au niveau international , notamment dans des jeux vidéos par exemple, pour le protéger.
Il a aussi fait référence à la signature en novembre 2022 d’un accord de coopération entre l’Unesco et le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. Cet accord vise à préserver et à promouvoir le patrimoine culturel en Afrique en mettant en œuvre diverses initiatives visant à renforcer les compétences liées à la préservation du patrimoine culturel immatériel.
En ce qui concerne le cinéma, le ministre a reconnu que malgré l’arrivée de plateformes comme Netflix, le cinéma au Maroc ne fonctionne pas aussi bien qu’ailleurs. Il a évoqué la nécessité de revoir la politique des prix des billets de cinéma pour le rendre plus abordable, ainsi que l’ouverture de nouvelles salles de cinéma à des prix abordables dans les villes de taille moyenne.
Pour le ministre, l’industrie cinématographique, qui s’inscrit dans le concept de « soft power » (festivals, des tournages…), contribue à la création de divers métiers, au développement de compétences, et à la promotion de la coopération internationale. Et de préciser que le ministère a lancé la création de 150 nouvelles salles de cinéma dans différentes régions du pays, dans le but de réconcilier les Marocains avec les salles de cinémas et de raviver une économie locale (500 emplois directs et 1000 emplois indirects prévus dès la première année).
Le ministre a également souligné l’importance de développer l’industrie du cinéma au Maroc, y compris la création de films historiques et pour enfants, afin de promouvoir la culture et l’histoire marocaines. Il a exprimé le désir d’exporter davantage de films marocains à l’étranger.
Le ministre a conclu en affirmant que l’émergence économique passe par la souveraineté culturelle et la production d’un contenu culturel africain, soulignant que « l’Afrique a toutes les cartes en main pour une équation gagnante : Jeunesse + Culture ».
A. Loudni