Atelier de formation de l'AMA sur le thème « Risque Longévité : Les dernières tendances ».
Jeudi 30 novembre, dans un hôtel casablancais, l’Association Marocaine des Actuaires s’est réunie dans le cadre d’un atelier de formation sur le thème « Risque Longévité : Les dernières tendances ». Comme nous l’avions déjà écrit dans nos pages, l’AMA a pour objectif, à terme, d’être la représentante de l’AAI, l’Association Actuarielle Internationale, pour la région du Maghreb. Celle-ci accordant une grande priorité à la formation continue, l’AMA organise régulièrement des séminaires de formation pour ses membres.
L’atelier de cette journée a été mené par M. Julien Trufin, Professeur d’Actuariat à l’Université Libre de Bruxelles et membre de l’Institut des Actuaires de Belgique, en collaboration avec Michel Denuit, universitaire reconnu au sein de la profession.
Longévité et mortalité, un sujet d’une grande importance
La question de la longévité est cruciale dans les secteurs de l’assurance-vie, des pensions de retraites, ainsi que dans toutes les formes de contrat où le décès d’une des parties prenantes est décisif. C’est pourquoi les actuaires étudient en profondeur la question quand ils doivent proposer un taux d’intérêt, estimer un tarif ou mesurer le risque.
M. Trufin a d’abord dressé un tableau de l’évolution de la longévité au fil de l’histoire humain. Si les premiers hommes n’avaient une espérance de vie d’une vingtaine d’années, celle-ci a fortement évolué à travers les âges, pour atteindre 40 ans vers 1850, 60 en 1950, et enfin, dans le cas des pays développés, 77 ans (environ) actuellement.
L’espérance de vie a prodigieusement progressé durant le 20ème siècle, particulièrement grâce aux énormes progrès réalisés au niveau de la mortalité infantile. Les études que M. Trufin a présentées montrent qu’au fur et à mesure du temps, la courbe montrant la proportion de décès pour chaque âge s’est resserrée, et qu’en 2015, 50% de la population (en Belgique) meurt dans une fenêtre de 17 ans.
En recentrant les études autour des personnes de plus de 65 ans, on se rend compte que l’écart se creuse, avec un phénomène de dispersion. Si le monde moderne permet à plus de personnes d’atteindre un âge avancé, la biologie rattrape le progrès au niveau de la forte vieillesse, ce qui explique que les âges maximaux de décès aient peu progressé.
Après les études, les projections
M. Trufin a ensuite détaillé comment un actuaire se sert des données de ces études et s’appuie sur un modèle prévisionnel, comme celui de Lee-Carter par exemple, pour établir des projections de longévité. Dans le cas d’une assurance-vie, d’une pension, ou d’une rente viagère, il importe de pouvoir estimer la longévité de la personne souscrivant au produit, et de calculer le risque encouru par l’institution que le lui vend.
Ce genre de projection est particulièrement pointue et demande des calculs mathématiques poussés, que l’on doit affiner plusieurs fois, mais est vital pour les compagnies d’assurance.
La session de formation s’est poursuivie par de riches échanges entre M. Trufin et les participants.
Rappelons que l’AMA organise en mars, à Casablanca, le 5ème Congrès africain actuariel, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, une première pour le Maroc.
Selim Benabdelkhalek