La question des changes au Maroc est un sujet particulièrement important depuis que Bank Al-Maghrib a entamé son programme de flexibilisation du dirham, dont la première étape avait consisté à l’élargissement de sa bande de fluctuation à +/- 5%. Nous nous rappelons tous de la vague de panique chez les opérateurs, essentiellement par méconnaissance des conséquences de cet élargissement, qui avait été provoqué à l’époque. Depuis, BAM, ainsi que l’ensemble des opérateurs financiers du Royaume, ont décidé de grandement renforcer leurs programmes de communication et de sensibilisation autour de la question.
Un jalon très important de cette dynamique a été posé ce mardi 25 mai 2021, car l’Association Marocaine des Salles de Marchés (AMSM) a annoncé le lancement de « INFITAH », un vaste programme de communication et de sensibilisation autours des enjeux de la flexibilisation du dirham, en faveur de la communauté entrepreneuriale marocaine : importateurs et exportateurs de toute taille pour la familiariser avec l’évolution du régime de change et la gestion des opérations de change.
Il faut également noter que malgré les prémices de la relance, les incertitudes économiques restent fortes, ce qui mène à de fortes volatilités sur les marchés mondiaux, notamment celui des changes, exposant les opérateurs à ce type de risque.
Vaste campagne de communication
M. Abdelmalek Benabdeljalil, Président de l’AMSM et Vice-Président du Directoire Pôle Markets & Services chez BMCE Capital, a expliqué à l’occasion que le but de cette campagne est d’ « offrir un arrimage encore plus important de l’économie sur les marchés internationaux, et de donner les meilleures chances aux opérateurs ». Ceci « fait directement partie du rôle d’accompagnement de l’AMSM », a-t-il ajouté, mentionnant la « volonté de rassurer sur le fait que cette évolution implique certes un risque de change transactionnel, mais qui peut être maîtriser. Les entreprises veulent protéger leurs marges, qui peuvent être entamées par un risque non intégré ».
Ainsi, explique l’AMSM, « INFITAH », à travers une campagne de communication à 360°, s’appuie sur plusieurs canaux, dont une tournée régionale qui favorise la proximité et l’échange avec les entreprises membres de fédérations régionales professionnelles, d’associations entrepreneuriales/professionnelles et chambres de commerce. La campagne médiatique sera déclinée en plusieurs formats : des capsules didactiques de vulgarisation des notions de change, en darija et français, et des modules de formation animés par des professionnels du marché de change, qui traiteront des notions indispensables à la compréhension du mécanisme du marché de change. Par ailleurs, l’AMSM publiera régulièrement sur son site du contenu explicatif. L’opération va également inclure l’organisation d’un cycle de webinaires d’échanges/conseils avec des intervenants reconnus dans leur domaine de compétence, ainsi que des tournées régionales. « Nous avons voulu favoriser la proximité et l’échange », a expliqué le vice-président de l’AMSM, M. Mekki Berrada Réda (Banque Centrale Populaire), « c’est indispensable dès lors que les échanges internationaux concernent toutes les villes et régions du Royaume ».
Des formations en ligne
Au sujet des formations, M. Benabdeljalil note que son association s’est inspirée des formations certifiantes pour les professionnels des marchés des changes « pour mettre en place des formations en ligne publiée chez l’AMSM destinées au grand public. On y reprend les éléments, outils et mécanismes disponibles au Maroc. Ces formations sont dispensées par des professionnels du marché qui exercent au quotidien dans différentes banques ».
Mounir Razki, responsable de la Direction opérations monétaires et de change à Bank Al-Maghrib, a expliqué pour sa part que « la préoccupation auprès de BAM est de s’assurer que les acteurs des marchés et les banques puissent maîtriser convenablement les risques. Cette formation a pour but de s’assurer que les acteurs maîtrisent bien ces problématiques ». Il a rappelé qu’à plus long terme, l’ambition est que « la flexibilisation renforce la solidité du dirham, dynamise l’économie, etc. ». Et de relever que le dirham a réussi le « stress test » de la crise sanitaire, et qu’il s’est révélé « négatif à la Covid ». Il a également noté que ce programme fait partie de la stratégie de BAM d’adresser à terme « tous les compartiments de marché ».
Enfin, les intervenants ont insisté sur le fait que dorénavant, les salles des marchés marocaines peuvent traiter tous types de volumes, avec un coût « nettement inférieur aux retombées positives que peut avoir une couverture », appelant les décideurs à faire jouer la concurrence.
Selim Benabdelkhalek
A propos de l’Association Marocaine des Salles des Marchés
Créée en 2018, l’Association Marocaine des Salles des Marchés (Association à but non lucratif et indépendante) a pour vocation de regrouper les professionnels des marchés des capitaux au Maroc, mais aussi de promouvoir et de contribuer au développement des activités des marchés des capitaux au Maroc. Composée de 13 membres et de près de 180 opérateurs de marchés qui interviennent sur tous les métiers de la finance de marchés (trading, vente et structuration), l’association contribue à l’essor du marché des capitaux marocain, ainsi qu’à la promotion et à l’accompagnement des enjeux majeurs de l’évolution des métiers des salles des marchés au Maroc. Elle aspire également à encourager la formation professionnelle, à épauler les interactions entre les acteurs du marché au Maroc comme à l’étranger et à sauvegarder les intérêts professionnels de ses membres.