Le président turc Recep Tayyip Erdogan, à Hambourg en Allemagne, le 8 juillet 2017 © AFP/Archives Tobias SCHWARZ
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vendredi, en pleine brouille avec l’Allemagne, que son pays ne serait pas effrayé par ses « menaces », et défendu l’indépendance de la justice turque face aux critiques de Berlin.
« Ils ne peuvent pas nous faire peur avec ces menaces », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Istanbul, ajoutant que la « justice turque est plus indépendante » que celle de l’Allemagne.
Berlin, excédée par l’interpellation à Istanbul de défenseurs des droits de l’homme, dont un Allemand, a annoncé jeudi une « réorientation » de sa politique vis-à-vis de la Turquie avec des mesures qui risquent de pénaliser économiquement son partenaire historique.
La première est une mise en garde du ministère des Affaires étrangères pour les voyages en Turquie, destination traditionnellement très prisée des vacanciers allemands. Au-delà, les mesures envisagées à Berlin incluent un réexamen des garanties, prêts ou aides qu’apportent le gouvernement allemand ou l’UE aux exportations ou aux investissements dans le pays.
Le chef de la diplomatie Sigmar Gabriel a accusé Ankara de violations systématiques de l’Etat de droit, affirmant qu’elle ne peuvent « pas rester sans conséquences ». Une position qualifiée aussi de « nécessaire et indispensable » par la chancelière Angela Merkel.
Commentant la mise en garde allemande pour les voyages en Turquie, M. Erdogan l’a qualifiée de » malicieuse et sans fondement ».
Il a aussi rejeté des informations de la presse allemande, confirmées par M. Gabriel, selon lesquelles Ankara avait remis à Berlin une liste de 68 groupes allemands ou cadres dirigeants d’entreprises, parmi lesquelles Daimler et BASF, qu’elle accuse de soutien au « terrorisme ».
« Vous ne pourrez pas ternir l’image de la Turquie », a-t-il dit, en dénonçant ces informations comme « une sinistre propagande ».
Les mesures décidées par Berlin interviennent en réaction à la mise en détention d’un défenseur allemand des droits de l’homme avec cinq autres militants, dont la directrice d’Amnesty International en Turquie.
Au total, neuf Allemands, dont quatre ayant également la nationalité turque, sont actuellement détenus en Turquie.
LNT avec Afp