Laila a 49 ans, et vit avec sa fille Soukaina, 24 ans, dans une tente rapetassée, à Hay Mohammadi sur le Boulevard Chouhada.
Rejetée par les siens, elle est depuis des années sans domicile fixe. Sa fille autiste n’a d’ailleurs pratiquement connu que cette vie. Malgré le harcèlement, la violence et le danger permanents, ces deux femmes n’ont trouvé d’autre refuge que la rue.
Dans un pays où les normes sociales associent les femmes au foyer, 13,3% de nos concitoyennes sont sans-abri. Ce phénomène résulte généralement de liens familiaux qui se relâchent, d’une extrême précarité, et d’une absence totale de structures adaptées pour les recueillir et les accompagner.
Munies d’un simple couteau à manche pour unique moyen de défense, elles sont des proies faciles dans cette jungle qu’est Casablanca. Laila et Soukaina doivent faire face à toutes les menaces : voyous, drogués, violeurs… et sont à la merci de tous les dangers.
Un quotidien d’errance. Sans travail ni revenu, il est impossible pour ces femmes de trouver un logement, une vie décente ou un minimum de dignité. « Comment puis-je trouver un logement sans revenu ? Je vis de l’aide de quelques bienfaiteurs, mais ce n’est pas suffisant », nous confie Laila.
Aujourd’hui, malgré la peur, l’indécence de leur quotidien, la vulnérabilité, ces femmes, qui semblent presque résignées, demandent de l’aide. Leur « abri » actuel est sur une ligne de tram bientôt opérationnelle. Elles devront donc partir, mais pour aller où ?
Aicha Tazi