Une nouvelle fois, les estimations, très positives, de la récolte céréalière de la campagne agricole 2016-2017, envisageant une production supérieure à 102 millions de quintaux, confirment avec éclat la pertinence du célèbre constat du maréchal Lyautey, « Au Maroc, gouverner c’est pleuvoir » !
Et ce n’est pas M. Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts qui le démentira, alors que ces estimations ont été annoncées par lui lors de l’ouverture des 9è Assises de l’Agriculture à Meknès le 17 avril dernier.
Mais qu’on ne se méprenne pas sur le sens de ce constat.
En effet, enregistrer une croissance, (estimée pour l’instant), de la production céréalière de 203 % pour 2017 par rapport à celle de 2016 nous indique, par delà des actions effectives et émérites du Ministère de tutelle, de ses plans (Maroc Vert), de ses institutions satellites, (ADA), de ses partenaires, (Crédit Agricole du Maroc, MAMDA, système bancaire, MEDZ, etc.), que la pluviométrie joue encore et depuis toujours un rôle essentiel dans la réalisation du PIB agricole.
L’effet Akhannouch
Mais cette évidence se doit quand même d’être relativisée alors que le 12è SIAM vient d’ouvrir ses portes sur une superficie de 17 hectares pour accueillir 1230 exposants nationaux et étrangers, 66 nations représentées, plus d’un million de visiteurs et des dizaines de ministres et hôtes d’Afrique subsaharienne, avec, en guest star, le président en exercice de l’UA, M. Alpha Condé, par ailleurs Chef de l’Etat de Guinée et comme invité d’honneur, l’Italie.
Ces quelques données de base sur le SIAM, édition 2017, expriment en effet l’importance nodale de l’agriculture dans la composition et la croissance du Produit intérieur Brut national, mais aussi la reconnaissance que depuis plusieurs années, cette agriculture s’est considérablement détachée de la relation de dépendance qui s’était instaurée entre la hauteur des récoltes céréalières et le PIB agricole total.
Et cette distanciation bénéfique n’est rien d’autre que le fruit et le résultat du travail patient, approfondi, minutieux et fortement anticipateur mené par le ministère de tutelle sous la férule de M. Akhannouch depuis 2007.
Qu’on en juge :
Entre 2008, année du lancement du PMV et 2015, (dernières statistiques disponibles), l’Etat marocain a consacré plus de 56 milliards de dirhams au développement agricole sous ses diverses déclinaisons.
31 MMDH ont également été investis par le secteur privé dans la même période, tandis que le budget du ministère de l’Agriculture passait de 3,8 MMDH annuels en 2008 à 8,8 milliards en 2015.
Ces investissements et budgets ont permis sur la période citée et jusqu’à aujourd’hui encore plus, de mettre en place les bases d’une réelle industrialisation de l’agriculture, de sa diversification, de son développement vers de nouvelles productions et filières, permettant de réduire de façon progressive et qui sera de plus en plus significative la dépendance envers les aléas climatiques.
Aujourd’hui, ce sont les produits agricoles, ceux de la pêche et de l’agro-industrie qui représentent le 3è poste de nos exportations avec plus de 4O milliards de dirhams, tout juste derrière les phosphates et le secteur automobile.
Alors que le PIB agricole enregistrait une croissance annuelle de 0,4% entre 2004 et 2008, celle-ci s’est établie en moyenne à 7,7% annuellement entre 2008 et 2015.
De plus, sur 8,7 millions d’hectares de SAU (surface agricole utile), 5,2 millions ha sont dédiés à la céréaliculture (60%), 1,4 million à l’arboriculture (17%), et le reliquat aux cultures sucrière, fourragère, maraichère, etc.
Ces quelques données, extraites du bilan à mi-parcours du Plan Maroc Vert attestent amplement des avancées réalisées au cours des dix dernières années et montrent que le secteur agricole est en passe de devenir un véritable moteur du développement économique.
Le saut qualitatif
Certes, la route sera encore longue pour que cette composante essentielle du PIB (21 % du total en moyenne), accède au statut de contributeur pérenne dans la création des richesses pour la collectivité nationale, mais le « trend » est résolument imprimé, comme le soulignent à la fois les chiffres présentés plus haut et la tenue du SIAM dont les éditions successives sont chaque année plus importantes, mieux réussies, plus visitées et plus profitables à tous les exposants et acteurs du secteur.
Et si ce Salon de l’Agriculture se tient sous le mot d’ordre « Agrobusiness et chaînes de valeur agricole durable, c’est bien parce que ce secteur d’activités a effectivement connu au cours de la décennie un saut qualitatif, marquant des mutations profondes notamment en termes de cultures, d’organisation, de rationalisation des process, d’équipements, de projets alternatifs et innovants…
Cette évolution, qui a été initiée par les pouvoirs publics et ses divers outils institutionnels, devrait permettre, comme l’a exprimé le ministre Aziz Akhannouch lors de l’ouverture du 12è SIAM, une réelle et positive contribution du secteur au développement économique national, la recherche d’une sécurité alimentaire irréversible, mais aussi la durabilité des systèmes agricoles, alors que la grande majorité des exploitations se caractérise encore par la petite propriété, ce qui nuit à leur modernisation et leur inclusion dans une chaîne de valeur efficiente.
Et si aujourd’hui, les indicateurs du secteurs sont quasiment tous au vert, tout comme nos campagnes en ce beau printemps, c’est dans l’objectif de la préservation des acquis et de leur extension en termes de valeur ajoutée pour les acteurs du secteur, grand et petits, que s’inscrit la démarche de l’Etat, portée avec le succès que l’on sait par M. Akhannouch et tous ceux, nombreux, qui participent avec lui à ces avancées incontestables.
Fahd YATA