Aujourd’hui, la transformation digitale ne se limite plus aux entreprises ni aux institutions, mais tous les secteurs sont concernés par les défis qu’impose la digitalisation, au risque d’être dépassé.
Le confinement imposé par la crise sanitaire a été un accélérateur dans la digitalisation du secteur éducatif. Le recours à l’enseignement à distance après la fermeture des établissements scolaires était nécessaire pour maintenir les services d’éducation. C’est ainsi que plusieurs pratiques ont été déployées pour faire face à la crise et éviter la déperdition scolaire.
Durant ces deux dernières années, l’environnement global d’apprentissage a été transformé. La majorité des établissements d’enseignement aussi bien élémentaire que supérieur s’est tournée vers le digital. Des technologies, logiciels de communication et autres outils comme Zoom, Google Meet, Microsoft Teams, etc., sont venus transformer les méthodes d’apprentissage et s’imposer ainsi aussi bien aux apprenants qu’aux professeurs.
Nouvelle organisation, nouvelle méthode de communication, la transformation digitale dans le secteur de l’éducation s’impose aujourd’hui comme une opportunité de repenser les méthodes éducatives, et de se réinventer.
En effet, la digitalisation du secteur éducatif présente plusieurs avantages pour le domaine, qui fait face à d’énormes lacunes. Grâce à la digitalisation, un enseignement supérieur peut être aujourd’hui accessible au plus grand nombre, sans barrières sociales, géographiques ou professionnelles. Cela peut également résoudre le problème du nombre croissant d’étudiants dans les amphithéâtres, le décrochage universitaire, etc.
Un besoin de modernisation
Aujourd’hui, l’attractivité de l’enseignement supérieur marocain passe par la modernisation du contenu de la formation qui devrait correspondre aux aspirations professionnelles des jeunes marocains.
C’est dans ce sens que le département de l’enseignement supérieur a initié le «Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation» (Pacte ESRI 2030).
La transformation digitale est au cœur de la réflexion du Ministère et du PACTE ESRI 2030. En effet, le nouveau plan envisage de digitaliser l’administration universitaire, avoir des services en ligne dédiés aux étudiants, aux enseignants-chercheurs et à la gestion des ressources humaines ainsi que des plateformes d’enseignement en ligne.
D’après Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, la nouvelle réforme vise à inculquer la culture du numérique auprès des jeunes.
Ainsi, pour obtenir leur diplôme, les étudiants devront se familiariser avec les logiciels de bureautique, le codage, le marketing digital et la cybersécurité.
Le ministre a également annoncé la création prochainement d’écoles de codage. Celles-ci seront accessibles aux étudiants de toutes les filières et prendront comme modèle l’école 1337 lancée par l’OCP.
Sous le nom « Code 212 », ces écoles seront implantées dans chaque université marocaine. D’ailleurs, une convention de partenariat et de coopération pour la création et la gestion d’une école spécialisée dans la programmation et le codage informatique « YouCode » au niveau de la région de l’Oriental a été signée à Oujda récemment.
Former les compétences digitales
Si le numérique et les nouvelles technologies occupent une place de choix dans la nouvelle réforme de l’enseignement supérieur, c’est parce qu’elle s’inspire du nouveau modèle de développement qui fait du numérique un véritable outil de changement et de développement.
En effet la formation des compétences dans le numérique et en nombre suffisant fait part intégrante du NMD. « Ces compétences sont aujourd’hui formées en nombre nettement insuffisant, autant pour les besoins du secteur privé que pour les besoins de l’administration. Il est important de renforcer les effectifs formés dans le numérique, sur l’ensemble des niveaux de qualification, du technicien au doctorant. La formation massive de jeunes en compétences numériques permettrait également de favoriser leur inclusion et leur accès à l’emploi dans le contexte économique post Covid-19 », précise le rapport général du NMD.
Il est aujourd’hui important pour le développement de l’enseignent que les étudiants et les professeurs s’ouvrent sur l’utilisation de la technologie et s’adaptent aux transformations digitales aussi bien dans les processus d’enseignement que d’apprentissage, un enjeu majeur pour l’évolution du secteur de l’éducation.
L’un des objectifs majeurs de l’éducation est de former aux métiers d’avenir. Aujourd’hui, ces métiers connaissent de profondes évolutions liées au digital, d’où l’importance d’intégrer les outils digitaux dans les enseignements.
Selon une étude de McKinsey publiée récemment, d’ici 2030, 800 millions d’emplois vont disparaître dans le monde au profit des innovations technologiques.
Selon un rapport de Dell et « l’Institut pour le Futur » (think tank californien) sorti en 2017, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. En effet, il n’y a pas si loin de cela, plusieurs métiers n’existaient pas : influenceurs, créateurs de contenu youtube, UX designers, Community managers, pour ne citer que ces nouveaux métiers.
Il est indispensable aujourd’hui d’associer le digital à l’enseignement afin d’être en adéquation avec les besoins en formation des nouvelles générations d’étudiants qui doivent avoir les bonnes compétences pour réussir dans un monde connecté.
Asmaa Loudni