
A Rabat, l’Association Marocaine de la Légion d’Honneur vient de remettre sur le débat public une thématique d’une importance cruciale pour le ‘‘vivre-ensemble’’, à savoir la tolérance. En effet et dans sa note introductive, l’AMLH tient à préciser que le monde d’aujourd’hui est un monde pluriel et de plus en plus complexe.
Il l’a toujours été du reste, même si, dans le temps, cette pluralité et cette complexité n’étaient pas très perceptibles en temps réel. Et de poursuivre que de nos jours, la globalisation et les moyens de communication ont raccourci l’espace et le temps, donnant un sentiment de proximité, pouvant être bénéfique mais, parfois, dérangeant et perturbant : ‘‘La mobilité, les réseaux sociaux et le pouvoir des médias et de l’information, pour ne citer que ces aspects, ont eu pour effet de rendre visibles nos différences et de les exposer au grand jour. En effet, ces différences sont plus apparentes du fait de la culture de partage qui nous a envahis. Ces différences peuvent être religieuses, idéologiques, politiques, ethniques, culturelles, ou simplement linguistiques… peuvent être une source de richesse au lieu d’être le terreau de tous les extrémismes. Et le risque à éviter est d’en arriver à se définir uniquement par opposition à quelqu’un, à quelque chose ou à une idée quelconque’’.
Pour l’AMLH, la tolérance mutuelle semble être le seul rempart contre ces extrémismes et la valeur première à promouvoir pour garantir un avenir meilleur pour l’humanité. Et d’affirmer que : ‘‘Ne pas stigmatiser l’autre en raison de ses différences, l’accepter comme il est, accepter l’idée que l’on puisse être différents, Et, en termes dynamiques, en termes d’évolution, accorder à l’autre le droit et le temps de progresser à un rythme raisonnable et accepter les erreurs qu’il pourrait commettre et les considérer comme un moyen d’apprentissage. C’est là le véritable sens que l’on doit donner à la tolérance mutuelle et en même temps le défi que nous devons relever tous ensemble’’.
Dans son intervention, M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi, a indiqué que « parler du vivre-ensemble au Maroc en octobre 2021 ne peut plus se faire et se dire avec les mots d’hier », mettant en perspective « l’impressionnante rapidité avec laquelle les générations montantes se réapproprient désormais ce Maroc ouvert à toutes les sensibilités, à toutes les spiritualités, alors que tout autour de nous continuent à fleurir les archaïsmes et les régressions du repli identitaire et de la fracture ».
Et d’ajouter qu’au-delà de la rhétorique ou d’une posture de bon-aloi, la société marocaine incarne aujourd’hui en Méditerranée l’exemple le plus achevé d’un pays qui a mis la richesse de toutes ses diversités au cœur de sa modernité.
Pour sa part, le Trésorier Général du Royaume, M. Noureddine Bensouda, a expliqué que le monde actuel, marqué par les effets combinés de la globalisation et du numérique, est devenu « ultra-connecté » et « foncièrement extraverti ». Cette évolution numérique offre, certes, d’énormes opportunités, mais présente également des contraintes impactant les valeurs qui structurent les sociétés, et plus particulièrement la capacité à vivre ensemble, a-t-il soutenu. De son côté, le professeur à l’Université de Paris-Est Créteil, M. Ali Benmakhlouf, a expliqué devant l’assistance que le mot tolérance engage un double sens : le premier est « minimaliste » qui consiste à s’abstenir d’interdire, alors que le second est celui d’admettre une manière d’agir et de penser différente de celle adoptée par soi-même, à savoir une « reconnaissance » et « entre-connaissance ».
La tolérance consacre la dualité de l’Homme et se fonde, par ailleurs, sur le principe de la capacité humaine à associer librement les pensées. « C’est ainsi qu’une éducation judicieuse permettrait d’éviter l’uniformité des idées », a-t-il estimé.
Durant cette soirée-débat, tous ont été unanimes sur l’importance de la tolérance pour le ‘‘vivre ensemble’’. Le seul remède, comme disait Voltaire il y a déjà plus de trois siècles.
H.Z