Les besoins et les conditions nécessaires pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires ont été au cœur des discussions, jeudi soir à Casablanca, lors d’une conférence-débat tenue en présence du ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki.
Intervenant à cette rencontre, initiée par Aujourd’hui Le Maroc, M. Sadiki a souligné que la souveraineté alimentaire requiert que des politiques adéquates soient mises en œuvre et déclinées de manière responsable, participative et inclusive.
Parallèlement, le ministre a insisté sur l’importance de prendre en compte la conjoncture économique internationale dans l’atteinte de la souveraineté et sécurité alimentaires, notant que la succession des crises, la sécheresse, la baisse des ressources hydriques, le conflit Russie-Ukraine ont révélé la nécessité d’une transformation du système alimentaire du Royaume et d’investir davantage dans la résilience.
M. Sadiki a également précisé que la souveraineté alimentaire, qui est le droit d’un pays de définir ses propres systèmes alimentaire et agricole, ajoutant la sécurité alimentaire repose sur la disponibilité (capacité à produire sa propre alimentation), l’organisation des marché, la qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments, ainsi que sa stabilité dans le temps.
« Grâce aux efforts déployés dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), dont l’adoption des contrats-programmes de développement des filières agricoles, les productivités agricoles affichent des résultats satisfaisants, ce qui a permis d’atteindre des taux de couverture des besoins alimentaires parmi les plus élevés dans la région MENA (Middle East and North Africa – Moyen-Orient et Afrique du Nord) », a-t-il affirmé.
Et de poursuivre que plusieurs leviers de transformation du système alimentaire du Royaume ont été actionnés. Il s’agit d’une levée de fonds de plus de 40 milliards de dirhams (MMDH) auprès des bailleurs de fonds, de 4.500 textes juridiques produits, de 4 nouvelles agences créées, de 12 plans agricoles régionaux déclinés et de 19 contrats-programmes signés avec les interprofessions.
De son côté, le président du directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM), Mohamed Fikrat, a mis l’accent sur l’importance du financement dans la construction et la consolidation de la sécurité et la résilience alimentaire.
Selon lui, le financement du monde agricole et l’écosystème agro-business représente entre 3% et 4% du produit intérieur brut (PIB), dont 85% de cette quote-part est financée par le CAM.
« Après le succès du PMV 2008-2020, le Maroc a enchainé avec la stratégie ‘Génération Green’, sur Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI. Ces stratégies contribuent à construire une industrie agro-alimentaire résiliente, qui a été mise à l’épreuve, compte tenu des différentes crises qui se sont succédé », a fait savoir M. Fikrat. S’agissant des défis à relever pour atteindre la souveraineté et sécurité alimentaire, le président du directoire du CAM a évoqué le stress hydrique, consécutif au changement climatique et à la sécheresse, en plus de la problématique des chaines de distribution et du foncier.
Par ailleurs, M. Fikrat a salué les efforts déployés par l’Exécutif dans l’élaboration du nouveau programme de soutien aux agriculteurs, qui témoigne de l’attention particulière accordée au monde agricole.
Doté d’une enveloppe de 10 MMDH, ce programme concerne l’appui à l’élevage, avec un montant de 5 MMDH alloué au fourrage en quantité suffisante et avec une nouvelle manière de distribution pour remédier aux problèmes d’approvisionnement et 4 MMDH alloué à la production végétale, a-t-il précisé, ajoutant qu’un montant de 1 MMDH a été affecté au renforcement du capital social du CAM, afin d’aider la banque agricole à octroyer plus de crédits et à bien accompagner les agriculteurs.
Pour sa part, le président de la Confédération marocaine de l’Agriculture et du Développement rural (COMADER), Rachid Benali, a affirmé que le Maroc assure la sécurité alimentaire, contrairement à d’autres pays développés.
S’agissant des contraintes liées à la production, M. Benali a évoqué les ressources hydriques, notant que 4,6 milliards de mètres cubes d’eau sont nécessaires pour la production annuelle et que cette année, le secteur agricole s’est contenté de moins de 700 millions de mètres cubes.
Afin de pallier à la fragilité du secteur agricole, causé principalement par trois années de sécheresse, le président de la COMADER a préconisé de traiter la question de la rentabilité des agriculteurs dans le but de les préserver.
LNT avec Map