Comme d’habitude à cette période de l’année, La Nouvelle Tribune et www.lnt.ma, se proposent de dédier un dossier spécial à l’évolution de la transformation digitale au Maroc.
A la différence près que cette année, la pandémie mondiale, inédite, et aux conséquences économiques et sociales aussi prégnantes que son impact sanitaire, a servi d’accélérateur et de catalyseur unique à la digitalisation des acteurs économiques et des Marocains de manière plus globale. Du télétravail, méconnu au début de la crise et qui est devenu une tendance de fond, à l’explosion de la vente en ligne sous toutes ses formes, en passant par la mobilisation des entreprises publiques et privées pour la continuité de leurs activités, le digital a pris une ampleur structurelle depuis le début de la crise de la Covid-19 au Maroc.
Alors qu’est-ce qui a changé concrètement ? Ce que la pandémie de la Covid a eu comme principal effet, c’est d’abord la nécessaire prise de conscience auprès des décideurs dans les entreprises, petites, moyennes et grandes ou les administrations, que le digital est devenu un canal privilégié pour atteindre leurs objectifs, leurs clients et pallier les contraintes que la crise a provoqué.
Pourtant, en amont de la crise, tous les éléments de la digitalisation étaient en place, les Marocains étaient déjà très actifs sur les plateformes sociales, les moyens de paiement existaient déjà, le Cloud est une tendance mondiale depuis déjà quelques années.
C’est donc la capacité des décideurs à « entendre » la nécessité de la digitalisation qui a fondamentalement changé, entrainant de fait, un bond en avant structurel pour tout le secteur du digital au Maroc dans la mesure où ces nouveaux acquis ne seront plus remis en cause à l’avenir. Le télétravail est un exemple probant de l’impact sur le digital de la crise. Tout d’abord sur l’aspect managérial, dans la mesure où les
entreprises et les employés ont dû adapter leur travail à une nouvelle méthode de collaboration, décentralisée, où la responsabilité individuelle et la productivité des collaborateurs ont pris plus de place.
Cela ne manquera pas de changer durablement les rapports professionnels lorsque la pandémie sera derrière nous, les uns arguant de leur capacité à réaliser tout ou partie de leur travail à distance, les autres exigeant une productivité opérationnelle différente.
Mais, c’est surtout l’impact sur la digitalisation des entreprises et de leurs employés qui semble le plus structurel. En effet, même avec toute la bonne volonté du monde, il aurait été impensable de réussir à convertir autant d’entreprises et d’employés aux outils de communication digitale qui sont désormais banalisés dans notre quotidien professionnel depuis plus d’un an. Et, force est de constater que cette digitalisation a impacté toutes les fonctions de l’entreprise et tous les âges. Ces modifications de fond dans le comportement des Marocains au travail, n’ont pas manqué de les impacter également dans leurs usages quotidiens et un cercle vertueux s’est mis en place. Ainsi, au fur et à mesure que, confinement oblige, les entreprises ont déployé des nouveaux servi-
ces digitalisés à destination de leurs clients, ceux-ci ont commencé à changer leur comportement : plus de plateformes de ventes en ligne a généré plus de consommation en ligne, qui a généré à son tour plus de transactions en ligne.
Or, ce bond de consommation digitale répond à une problématique fondamentale pour le développement du digital, la confiance des différentes parties prenantes les unes par rapport aux autres.
C’est cette confiance des acteurs, associée à une nouvelle prise de conscience des enjeux liés au digital, qui permettent de projeter le Maroc dans une nouvelle tendance de fond, où le digital sera exploité de plus en plus pour sa capacité à fluidifier les canaux de vente, à faciliter le travail collaboratif ou pour répondre aux besoins des citoyens avec la digitalisation des services publics. Ce sera certainement, un des rares points positifs à retirer de cette pandémie !
Zouhair Yata