La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva, lors du Forum de Doha au Qatar, le 27 mars 2022
La directrice générale du Fonds monétaire international a appelé mardi à moderniser le système de paiement transfrontalier en utilisant les plateformes numériques, arguant que cela réduirait les risques de « fragmentation » de l’économie mondiale.
Lors d’un discours à l’occasion d’une conférence à Zurich, en Suisse, Kristalina Georgieva a souligné que le système de paiement international, qui permet la circulation des capitaux entre les pays, fait face « à des défis majeurs », à commencer par des coûts importants.
La dirigeante a cité l’exemple des envois d’argent des immigrés à leur famille.
« Le coût moyen d’un transfert est de 6,3%. Ce qui signifie que quelque 45 milliards de dollars par an sont détournés au profit d’intermédiaires » au lieu de bénéficier aux destinataires dont « des millions de ménages à faible revenu », a-t-elle déploré.
De plus, l’un des grands risques actuels est la « fragmentation », a-t-elle ajouté, citant l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui « a causé non seulement d’énormes souffrances humaines, mais encore un choc économique mondial et une forte augmentation du risque d’une +nouvelle guerre froide+ ».
La tentation de certains pays est de développer des systèmes de paiement parallèles pour atténuer le risque de sanctions économiques potentielles.
Ces éventuels « blocs de paiement » ne feraient qu’aggraver l’impact de l’apparition de nouveaux « blocs économiques », avec des coûts supplémentaires, observe la dirigeante.
« Il faut moderniser le système de paiement international », a-t-elle appelé, jugeant les plateformes numériques « très prometteuses » pour connecter et réglementer les systèmes de paiement de manière plus sûre et efficace.
« Ma banque à Washington pourrait échanger mes dix dollars contre un jeton numérique, qui serait ensuite transféré via une plateforme à un fournisseur de paiement suisse qui crédite le portefeuille de mon ami à Zurich », a-t-elle expliqué. « Cela équivaut à envoyer une facture de dix dollars par courrier, mais avec une vitesse et une sécurité maximales et à un coût minimal ».
Pour le FMI, de nouvelles plateformes pourraient être une source d’innovation à condition qu’elles soient bien conçues et réglementées. Elles doivent aussi être compatibles avec les objectifs politiques des pays.
Une nouvelle étude de l’institution, publiée mardi, « montre que les crypto-actifs pourraient être utilisés pour contourner les mesures de gestion des flux de capitaux, ce qui compromettrait la stabilité des économies nationales et du système mondial », a toutefois alerté l’institution.
« C’est pourquoi nous appelons à une réglementation mondiale complète et coordonnée dans ce domaine », a poursuivi Mme Georgieva.
L’une des difficultés est de mettre au point des outils permettant de détecter automatiquement les risques et les irrégularités dans les flux de capitaux.
LNT avec Afp